L’Opéra, un documentaire de Jean-Stéphane Bron
L’Opéra, un documentaire de Jean-Stéphane Bron
On se souviendra longtemps de la joie du jeune chanteur russe Mikhail Timoshenko que l’on voit à son entrée à l’Académie de l’Opéra, et de ses premières vocalises comme baryton-bassedans l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille. Un parcours qui est l’un des fils rouges de ce documentaire sans concession, au sein de cette institution nationale, et qui se fait l’écho des circonstances du tournage, et qui ont bouleversé le personnel d’une maison régie par des codes bien spécifiques. En effet, après une surprenante démission, Benjamin Millepied transforma sa conférence de presse, en barnum médiatique (voir Le Théâtre du Blog).
On y voit aussi la remarquable intervention de Stéphane Lissner entouré des artistes, à l’Opéra-Bastille, le lendemain des attentats du 13 novembre 2015, juste avant que ne commence La Bayadère. ce qui frappe aussi: la grande dignité du personnel, dans la petite pièce du service Sécurité, pendant la minute de silence qui suivit cet hommage…
Stéphane Lissner semble aussi avoir oublié la présence de la caméra, lors de certains entretiens privés, quand ont lieu certains événements délicats qui jalonnent la vie d’un directeur de théâtre.
Ce documentaire nous fait partager la vie des coulisses, avec, entre autres, le travail d’une extrême précision du chœur de l’Opéra, l’enthousiasme et les incertitudes du docteur Jean-Michel Klein qui a la redoutable tâche de gérer le taureau nommé Easy Rider, acteur emblématique de la pièce Moses und Aron d’Arnold Schoenberg, mise en scène par Roméo Castelluci (2015), ou encore les doutes et les rêves des jeunes apprentis-musiciens du programme Dix mois d’Ecole et d’Opéra.
Ce film témoigne enfin des conflits sociaux, ou du problème des prix excessifs des places, malgré les importantes subventions que reçoit cette grande maison aux coûts de fonctionnement exorbitants. Et les productions chorégraphiques, moins présentes que les productions lyriques, mais filmées au plus près des danseurs, mettent en évidence les épreuves et souffrances physiques qu’ils endurent. Presque tous les corps de métiers participant aux créations, sont évoqués ici avec tendresse et émotion. Seul le public, partenaire essentiel des spectacles, semble avoir été oublié …
Ce documentaire d’une heure cinquante, qui traverse une saison, dans les coulisses de l’Opéra Garnier et de l’Opéra-Bastille, amènera le public, ancien ou nouveau, à découvrir ces lieux emblématiques des arts lyrique et chorégraphique en France et dans le monde.
Jean Couturier
Film en salle depuis le 5 avril.