OCD Love création de Sharon Eyal et Gai Behar
OCD Love création de Sharon Eyal et Gai Behar
Pour cette première fois à Paris, L-E-V Dance Company israélienne a très bien réussi son entrée, saluée à la fin par une ovation debout. Sharon Eyal, autrefois danseuse à la Batsheva Dance Company, évoque sa méthode de travail :«Au début, je danse tous les rôles pour eux. J’improvise avec mon propre corps et on filme. Plus tard les danseurs étudient leur partie en regardant les vidéos et puis je change, je coupe. Je continue de changer avant, et après, la première. Ce n’est jamais fini». (…) « Je vois tout très sombre dans cette pièce, sombre et dans l’ombre. Toi et ton ombre qui danse. Le travail est très largement inspiré d’un texte, OCD de Neil Hilborn. particulièrement fort pour moi. Pour moi, c’était déjà de la chorégraphie, en tout cas, un moule dans lequel couler son inspiration, se couler soi-même. Et pour la première fois, l’essence de la pièce s’était formée dans mon esprit, et de manière très figurative, avant même d’avoir commencé à travailler. »
Cette mise en danger se ressent dès le tableau initial, quand une danseuse déploie toutes les parties de son corps, en silence, libérant peu à peu la peau, les muscles, les articulations et les membres… D’emblée, chaque mouvement exprime une animalité qui échappe à toute domestication, et qu’on retrouve chez tous les interprètes, déclinée en cinquante-cinq minutes. A six, trois, deux ou en solo, ils vont se fondre dans des variations musicales rythmées par Ori Lichtik; ici, la danse naît vraiment de la musique.
Les regards se croisent, et les corps sont traversés de violentes impulsions, toujours très contrôlées… Grâce aussi au dispositif bi-frontal qui permet au public d’apprécier ces variations corporelles, parfois saccadées, et parfois aussi, d’une belle douceur. Avec un engagement physique total, pour un moment unique, intense et beau. Une meute d’humains s’est libérée le soir de cette première, pour notre plus grand plaisir. Allez les rejoindre…
Jean Couturier
Théâtre National de Chaillot, 1 Place du Trocadéro, Paris XVIème, jusqu’au 29 avril.
theatre-chaillot.fr