Les Habitants du bois par La Revue Eclair

 

Les Habitants du bois, Chroniques fantasques d’une exploration du bois de Vincennes par La Revue Eclair

 

IMG_669De décembre 2014 à aujourd’hui,  ont arpenté le Bois de Vincennes : Johnny Lebigot, artiste, en hiver, le compositeur Jean-Christophe Marti, en été, la danseuse et chorégraphe Corine Miret, en automne, l’écrivain Stéphane Olry, au printemps. Au fil du projet, ils y ont rencontré ses habitants: des promeneurs, rôdeurs et habitués qui y travaillent et/ou y résident.

 Aussi  imagine-t-on ces quatre explorateurs appelés par l’esprit du théâtre, s’enfonçant dans les clairières boisées, telles des ombres marchant dans le froid de l’hiver, ou dans la chaleur de l’été, sur les sentiers, chemins, talus montueux et trous scabreux sous les arbres tutélaires. A côté des forestiers, les cyclistes et la Garde Républicaine, les futurs champions olympiques de l’INSEP, les amoureux, et les prostitué€s travestis, échangistes et dames légendaires du joli bois, des touristes et des clandestins, des SDF, des êtres paumés, marginaux et migrants, réels ou inventés. Un monde hétéroclite aux campements divers. Et un patchwork de  témoignages de vies désordonnées. Les images de Cécile Saint-Paul donnent à voir cette géographie des corps et des âmes. Sur l’écran, un peloton de cyclistes pédale sans fin sur l’anneau cyclable et une voix explique l’esprit de l’authentique pédaleur.

 Ces chercheurs d’art et d’or existentiel ont ainsi visité le Jardin d’Agronomie Tropicale, le boulodrome de la Reine Blanche, la caserne Carnot, le Zoo ; ils ont aussi cherché les traces de l’Exposition Coloniale, de la Fac de Vincennes, accumulant les kilomètres dans cet espace parisien « sauvage ». Avec une gourmandise de mots évocateurs et savoureux ils énumèrent des noms de lieux et diffusent avec délicatesse la prose poétique de Stéphane Olry. Entre trouées de clarté solaire, pluie, douche de lumière et ombres lunaires.

Dans le hall du théâtre de l’Aquarium,  un magnifique lustre de racines et de plumes, accessoire protecteur, otem, mobile céleste sacré, trésor enchanteur accueille le public. Sous les frondaisons, un bestiaire fantasmagorique photographié se déploie sur les murs : rois, oiseaux de malheur et êtres animés dont on distingue l’œil qui pleure. On découvre ensuite dans la salle, une maquette végétale du Bois de Vincennes, conçue et fabriquée par Johnny Lebigot, après que les spectateurs aient dansé une ronde.

 Un merveilleux cadeau d’enfance, une échappée dans l’espace boisé du géomètre. Avec une maquette en herbe, os et champignons du bois de Vincennes où on distingue le château et son donjon, les quatre lacs, le Rocher du zoo, la Foire du Trône. Soit sept chroniques autonomes, qui seront reprises lors d’une journée rétrospective, pour raconter la vie et la Grande révolte du Bois de Vincennes en 2017. Une histoire loufoque et ludique où Raymond Domenech, habitant historique de l’INSEP, ministre du Tourisme, du Sport et de la Culture, aspire à l’investiture présidentielle prochaine. Le candidat a un projet cocasse : fondre la Cartoucherie et l’INSEP dans un pôle dit «d’excellence et de loisirs ». D’où une révolte des habitants du bois de Vincennes, transformé en ZAD (zone à défendre), comme une forêt de Sherwood mais sans Robin des Bois.
Un lieu de mémoire et d’utopie, peuplé, habité, hanté par ces  «Habitants du bois» qui vont  donc s’emparer de la Caserne Carnot, de l’Hippodrome, de l’Ecole de Police et  de l’INSEP dont la cuisinière va soutenir la  cause de la Cartoucherie. Cette révolte est présentée dans une installation végétale et organique, un lieu de rêve floral  avec orties et herbes dont les matériaux sont surtout des graminées, os, arêtes et peaux qu’il tresse, tanne, sèche et dispose pour une création fantasmagorique.

 Ces promenades composent un parcours onirique apaisant, au milieu de la colère même, un monde de silence où seuls, résonnent les chants des oiseaux. Structures en bois et herbes séchées avec anneaux emmêlés, cubes de lianes herbeuses, et épis tressés avec une multitude de plumes : la magie formelle de l’objet ainsi fabriqué, opère et éblouit le regard. Des sculptures miniatures en bois, images d’êtres animés, oiseaux ou petits mammifères, fixent à jamais la vie passée d’un élément végétal, minéral ou animal. Et les coiffes inventives et aériennes en végétaux et plumes, des interprètes  font rêver.

 Une performance, une fantaisie poétique au service de la Déesse Nature où se côtoient sorcières et bandits, mais aussi fées et jeunes princes, créée par la meneuse de ronde Marie Blaise, le danseur-étoile Jean Guizerix et le percussionniste Raphaël Simon… Le public est ravi par cette étoffe onirique… à portée de main.

Véronique Hotte

Théâtre de l’Aquarium, Cartoucherie de Vincennes, jusqu’au 29 avril, et rétrospective des sept chroniques,  ce dimanche 30 avril, de 12h à 22h. T : 01 43 74 99 61

 

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