Fucky happy end texte et mise en scène de Sarah Fuentes

 © Frédérique Toulet

© Frédérique Toulet

Fucky happy end texte et mise en scène de Sarah Fuentes

Pourquoi d’abord ce titre en anglais ? Cela devient un snobisme ridicule et inutile, qui sévit beaucoup actuellement à Paris surtout, et qu’il faut dénoncer. La langue française existe encore mais Sarah Fuentes semble l’ignorer. Bon, une fois ce coup de gueule passé, voyons ce qu’il en est de ce spectacle…

«Je refuse les étiquettes, dit-elle, le cloisonnement des genres. Théâtre public. Privé. Boulevard. Tragédie. Absurde. Grand guignol. Comédie. Cabaret. Ici, on passe de l’un à l’autre. On s’amuse, à jouer, avec les genres théâtraux, les codes du conte de fées, les registres de jeux, les mots, les clichés, les apparences, les émotions. On y joue même à se faire peur…Le fond est sombre, la forme souvent hilare. » (…) Comme un acte de résistance, je me suis appropriée le conte de Peau d’âne pour donner vie à une comédie. Une comédie loufoque et déjantée mais qui ne renie jamais sa part de tragédie. J’en ai fait une version contemporaine pour la confronter aux interrogations de mon époque. J’ai choisi d’en transposer la trame dans un étrange cabaret d’Insurgés. »
Au delà de cette note d’intention assez prétentieuse, on a droit à une version détournée et contemporaine de ce célèbre conte populaire qu’a fait surtout connaître Charles Perrault (1694) et  qu’a repris Jacques Demy, dans son fameux film musical en 1970.

Sarah Fuentes voudrait, si on a bien compris, créer une sorte de cabaret sur le thème du «genre», qui serait à la fois grotesque et absurde. Et cela fonctionne? Non, pas très bien. Pourtant, au tout début, il y a une belle image surréaliste avec une jeune femme en robe de mariée avec un masque d’âne, et un jeune homme en slip blanc et veste noire, avec un masque de cochon. Mais cela ne dure pas : la metteuse en scène ratisse large, mais a bien du mal à essayer de marier le thème de l’inceste traité par Charles Perraut, et celui du «genre», avec de petites promenades parmi les contes et légendes de notre enfance. Non sans une certaine satisfaction personnelle : «Le travail sur les archétypes décortique allégrement ces figures iconiques de contes pour mieux les fondre dans les nouveaux archétypes de notre époque. Et questionner ainsi le formatage perpétuel de nos sociétés sclérosées.» On veut bien, mais on est loin du conte… et du compte!

Les comédiens, dont Sarah Fuentes elle-même en virago déjantée, font le boulot. Mais côté dramaturgie, le spectacle rame et part dans tous les sens; la metteuse en scène a bien du mal à éviter les longueurs; les petites scènes sans intérêt se succèdent, distillant pour la plupart un bel ennui. Et elle a recours, en croyant assez naïvement à leur quelconque nouveauté, aux pires stéréotypes du théâtre contemporain, comme l’élimination du quatrième mur ou ces insupportables incursions d’acteurs dans la salle…

Désolé, mais quelques intentions féministes et le thème de l’émancipation de la jeune fille ne suffisent pas et le texte, faiblard, a de sacrés tunnels! Même si, on le concèdera à Sarah Fuentes,  il y a dans ce spectacle, quelques belles images. Bref, nous sommes ressortis de là, très déçus.

Philippe du Vignal

Le spectacle s’est joué du 6 au 29 avril au Théâtre des Déchargeurs, rue des Déchargeurs Paris 1er


 

 

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