L’Hôtel du Libre-Echange de Georges Feydeau

 

L’Hôtel du Libre-Echange de Georges Feydeau, mise en scène d’Isabelle Nanty

©Brigitte Enguérand, coll.Comédie-Française

©Brigitte Enguérand, coll.Comédie-Française

 La pièce (1894) entre au répertoire de la Comédie-Française dans une mise en scène facétieuse qui met en valeur cette mécanique comique vivante mais dévastatrice et redoutable, Et un certain esprit d’enfance chez ces personnages médiocres:  bourgeois, aventurières, employées de maison, tous infidèles et tous  cupides.

Mais dans une fantaisie et un tempo haché, cet hôtel  le lieu idéal pour  des chassés-croisés amoureux entre différentes classes sociales. Retrouvailles, quiproquos, situations absurdes et/ou farcesques, les personnages sont tous empêtrés dans un vaudeville amer, comme ce mari, agacé par la froideur de sa femme, ou  cette épouse lassée par l’indifférence de son mari et… future maîtresse du premier cité, entrepreneur et associé d’un architecte et par ailleurs mari de la dame en question; il y a enfin le neveu de ce dernier qui s‘acoquine avec la soubrette de la maison. Ces personnages font leur ronde à l’Hôtel du Libre-Echange, «recommandé aux gens mariés … ensemble ou séparément ! »

 Poésie, délicatesse et candeur, ce petit monde, en apparence si léger ou désinvolte s’aime, s’est aimé, ou rêve encore d’être aimé, sous le regard d’Isabelle Nanty: leur élan vital les pousse encore aux rencontres et promesses attendues de l’existence… Avec entrées, sorties et incidents  en pagaïe mais la mélancolie ne fait pas long feu chez ces personnages,  pris d’ anxiété à l’idée d’être découverts. Une fièvre enfantine les saisit alors  et ils jouent leur va-tout avant que ne meurt l’amour. En somme, des victimes assez canailles, égoïstes, mais naïves qui s’agrippent à un instant de folie, avant que ne tombent leurs illusions.

Christian Lacroix a imaginé une scénographie avec manège de foire,  salles de jeu et le bleu nocturne d’un Paris ludique et goguenard. L’hôtel du Libre-Echange possède un escalier en colimaçon qui commence au rez-de-chaussée  à la hauteur du plateau, l’entrée louche se tient au-dessous, et la sortie au-dessus sur la terrasse… Les femmes ont des robes colorées et généreuses, mais dans ce lieu borgne et confiné, les chambres sont très proches les unes des autres.

Le cabinet de l’entrepreneur donne, lui, sur une grande fenêtre qui s’échappe  sur la verdure du jardin, une Nature salvatrice mais négligée… Malgré l’ivresse, l’irrespect, la transgression, mais aussi la révolte et l’émotivité, les personnages arrivent quand même à vivre, écartelés entre leur désir brut et une réalité hérissée d’obstacles. Leur petitesse et leurs arrangements soulignent à la fois le vide qui les habite et l’errance existentielle à laquelle les condamne un destin mortifère.

Un peu imbéciles et grotesques, ils ont heureusement des instants de génie qu’il faut savoir attendre. Ainsi le tenancier de l’hôtel du Libre-Echange, incarné avec une hargne ténébreuse par Laurent Lafitte, chante à merveille le cabaret et les temps présents désenchantés. Christian Hecq, lui, est un serviteur, clown radieux aux petits sauts, postures imprévues et gestuelle savante, qui sert le thé, le bras  dans le dos, applaudi par le public. Anne Kessler est, elle,  une épouse acariâtre et douloureuse, Bruno Raffaelli, un locataire grincheux et aussi un commissaire ventripotent, Florence Viala, une femme légère mais encore coincée, Jérôme Pouly, un cocu porté sur la boisson, Michel Vuillermoz, un époux déçu à la voix tonitruante et un amant conquérant, et Bakary Sangaré, l’homme à tout faire du tenancier marron. Une solide mise en scène, avec des acteurs de grand talent.

Véronique Hotte

Comédie-Française, salle Richelieu, 1 Place Colette, Paris 1er jusqu’au 25 juillet. T : 01 44 58 15 15.

 

 

 

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Archive pour 23 mai, 2017

26èmes Rencontres d’ici et d’ailleurs à Garges-lès-Gonesse

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26èmes Rencontres d’ici et d’ailleurs à  Garges-lès-Gonesse 

Ces Vingt-sixièmes Rencontres d’Ici et d’Ailleurs, créées par Jean-Raymond Jacob et sa Compagnie Oposito, autrefois à Noisy-le-Sec sont accueillies à Garges-lès Gonesse,près de Roissy, dans une coulée verte, de grandes rues et de petites places où l’on peut trouver de beaux terrains de jeu.
Pour cette première journée, une belle diversité avec de vieux routiers du théâtre de rue mais aussi de jeunes pousses prometteuses.

 

 Label Z Montreuil,  mise en scène de Patrick Dordoigne
 
«La question de la solitude nous paraît traverser notre société et la question du couple aussi. Nous voulons, dit Babeth Joinet, traiter ces sujets avec le public par l’humour et la légèreté». Un couple  nous souhaite la bienvenue et nous distribue des fiches aux questions stupides, susceptibles de nous faire rencontrer l’âme-sœur. « Si vous êtes ici avec nous, c’est que vous ne vous êtes pas suicidés ! Avec la R.A.Z., remise à zéro, tout le monde doit pouvoir rencontrer tout le monde ! Il faut échapper au P.E.N.D.A.: le perdant avant même d’arriver !»
Babeth Joinet et Tayeb Hassini forment des couples différents et de plus en plus improbables Mais, malgré l’engagement des acteurs aux perruques ridicules qui se donnent à fond , nous sommes restés sur notre faim..

 
Les Tondues par les Arts Oseurs, mise en scène de Périne Faivre, scénographie et musique de Renaud Grémillon

«L’Europe goûte à l’extrême les politiques nauséabondes, l’histoire c’est aujourd’hui ! (…) Je n’ai pas le dernier mot  du spectacle! » déplore Périne Faivre. Nous la suivons, ainsi que Maril Van der Broek, Mathieu Maisonneuve, Muriel Holtz et Renaud Grémillon, menés par un piano sur roulettes dans les rues du vieux Garges-lès-Gonesse où l’on évoque ces femmes coupables d’avoir  été les amoureuses de soldats allemands pendant la dernière guerre. On nous distribue des enveloppes de couleurs différentes, où, à l’intérieur, il y a, par exemple, le testament de la grand-mère de Marie. On suit la petite fille qui part voir Lili, un amie d’enfance de sa grand mère. Elle sonne à la porte, la grand-mère est morte, et sa petite fille n’est plus là.
 
Nous suivons le piano, il y a treize femmes sur la place, et Gaston le coiffeur du village, tondeur pour l’occasion: «On se regardait, on se regardait, j’étais là et je n’ai rien dit ! » Après plusieurs  arrêts à travers la ville, on sent monter l’émotion. On danse sur la musique du piano, l’homme se frappe et tombe à terre. «1945, vous accédez à la citoyenneté. Vous étiez 20.000, y-en aurait une qui aurait pu penser à se révolter ? On va vous oublier, mais ça va peut-être recommencer… » Un parcours impressionnant dans un passé pas si lointain, suivi par un nombreux public. Mais ces Tondues sans doute un spectacle majeur  est  encore un peu en devenir.
 
www.lesartsoseurs.org
 
Fleur, État d’urgence de respirer l’odeur des fleurs et de se piquer de Fred Tousch

Trois personnages en grands costumes baroques entrent en scène mais avec un demi-heure de retard! L’inénarrable Fred Tousch clame: «Je suis soleil, le centre de l’univers» et présente ses compagnons :  » Tu es mimosa, tu es le gland, quand à vous, vous êtes cinq gouttes de rosée, est-il vrai que derrière les montagnes, se cachent des animaux en liberté, partageons ! ».Malheureusement, il faut partir pour aller voir Trafic, le dernier spectacle qui va commencer.
 
Trafic, à partir du monologue Trafiquée d’Emma Haché, mise en scène de Guillermina Celedon
 
Un spectacle courageux sur la prostitution! Nous sommes assis sur des matelas face à Camille Duquesne, Clément Chebli, Pierre Gandard, Clara Marchina et Clarisse Sellier, assis eux, sur des chaises; dans une petite caravane, un musicien rythme la représentation avec des musiques cristallines. « Trafic, dit Guillermina Celedon, veut rompre le silence autour de la traite des êtres humains et du marché du sexe. Selon l’ONU, 79 % des cas identifiés de cette traite impliquent une exploitation sexuelle et la majorité des victimes sont des femmes et des enfants,  soit près de dix millions de personnes dans le monde. »

« Sans moralisation, notre spectacle tente de donner la parole à ces personnes, et de témoigner de leur histoire, de leurs conditions au quotidien, et de cet esclavage moderne, symbole des dérives de notre société capitaliste. Ces êtres sont-ils de simples objets de consommation ? » « Parce que c’est plus fort que vous, que votre femme est incapable de jouir, parce que votre fils vient d’avoir quatorze ans, que c’est votre trente-cinquième anniversaire, parce que vous avez toujours rêvé de baiser une pute…». On entend un bruit de sirène, les acteurs s’enfuient avec leurs chaises. « Vous voulez quoi ? La salope, l’initiation, la femme battue, violée ?»

Après une course éperdue, une femme se dénude. On voit quatre victimes sur des chaises: « Vous pouvez poser vos mains partout, y-a des trous, ça j’adore (…) Ici, c’est satisfaction garantie, ou argent remis ! » Une fille se met nue dans le camion: « Il veut me pisser dessus, juste ça ! ». Il sont dix à faire la queue et il y en a encore dix autres derrière. Beaucoup de candidats à la prostitution, pas seulement des femmes mais peu d’élus à l’endurance alors qu’il y a d’innombrables queues pressées de décharger. On peut devenir fou à force du même geste qui ne peut que se répéter. «Ici pas de droit, quand tu n’as pas de papier. »
 
Ce terrifiant Trafic, terrifiant, interprété avec audace par de jeunes acteurs qui se mettent à nu à tous les sens du terme, est mis en scène par une jeune femme, fille de Mauricio Celedon, cet ancien acteur et mime chilien du Théâtre du Soleil qui a fondé le Teatro del Silencio…

Edith Rappoport

Spectacles vus le 20 mai. T. : 01 48 02 80 96.
www.lesrencontresdicietdailleurs-garges.fr

 

Le Tartuffe de Molière

 

Le Tartuffe de Molière, adaptation et mise en scène d’Antonio Diaz-Florian

visuel-tartuffe.jpgNous sommes accueillis et servis au bar par des comédiens déjà costumés, et maquillés de blanc   pour jouer les personnages de cette reprise de Tartuffe créé l’an passé, à l’exception d’Elmire.  Dans la feuille-programme: un extrait du Discours au Roi de Nicolas Boileau : «Le mal est qu’en rimant, ma muse un peu légère/Nomme tout par son nom et ne saurait rien taire/C’est là ce qui fait peur aux esprits de ce temps,/Qui tout blancs au dehors, sont tout noirs au dedans. »

Au village, la charrette itinérante des comédiens est arrivée et devient castelet avec des personnages, statuettes vivantes prêtes à jouer l’histoire de Tartuffe… Sur des tréteaux de bois, se dresse un confessionnal, porte d’entrée de tous les personnages. Une fois refermées, les jalousies peuvent dissimuler ceux qui peuvent épier la scène sans être vus. L’ensemble est monté dans une grande boîte en bois où Orgon va devoir se dissimuler, pour apprendre la trahison de Tartuffe qui veut séduire Elmire, tout en épousant sa fille Marianne.

« Nous  voulons, dit le metteur en scène que l’acteur éprouve, dans l’espace scénique, la douleur de dire et la difficulté d’agir. Avec ce travail, nous tentons de refléter de la condition tragique de l’homme du XVIIème siècle déchiré entre l’idée d’un dieu caché et la réalité d’un monde désenchanté par la science. Nous pensons que c’est ici, dans cette faille entre la foi de l’être possible et le désespoir de l’être réel, vécue et exprimée par les artistes de l’époque baroque, que les personnages de Molière prennent la source de leur puissance tragique. »

Nous avons vu Tartuffe vu tant de fois dans des mises en scène parfois remarquables-celle de Roger Planchon notamment- et ici, même sur d’inconfortables sièges de bois sans dossier, nous n’avons pas décroché une minute. Les alexandrins sont très clairement dits et l’incarnation du personnage de Tartuffe par Antonio Diaz-Florian est d’une vérité terrifiante. « 
Dissimulé sous une grande cape noire, il a un discours emphatique quand il s’adresse à Orgon, Mais il va vite se dévoiler sa fourberie quand on le verra essayer de séduire Marianne et Elmire. Un beau spectacle que ce Tartuffe. Mais  dommage pour les lycéens, il ne se joue que le lundi !
Edith Rappoport

Théâtre de l’Épée de Bois, Cartoucherie de Vincennes.T: 01 48 08 18 75, les lundi 29 mai, 5 et 12 juin.

http://www.epeedebois.com

 

Edith Rappoport

PrinTemps de Paroles

 

PrinTemps de Paroles au Parc culturel de Rentilly Michel Chartier

 

Dans le Parc culturel de Rentilly (Seine-et-Marne), à trente kilomètres de Paris, le château avait fait l’objet, pour sa réhabilitation, d’un concours en 2011;  et avaient été retenus le projet de l’équipe Bona Lemercier, maîtrise d’ouvrage,architecture/Xavier Veilhan, œuvre artistique/Alexis Bertrand, scénographe, qui a proposé une immersion paysagère du château dans le parc avec la mise en place d’un habillage en inox qui reflète les lumières, le ciel et ses nuages. A l’intérieur,  la salle des trophées et les bains turcs  accueillent des expositions d’œuvres d’art contemporain, un espace des arts vivants pour les spectacles et rencontres diverses, et un centre de ressources documentaires. Et il y a, autour, un magnifique parc d’une cinquantaine d’hectares avec bassins, jardin à la française et grandes prairies plantées d’arbres rares.

Depuis quatorze ans, dans cet écrin de verdure, a lieu le festival PrinTemps de Paroles, organisé par la Communauté d’agglomération de seize communes de la Marne et Gondoire. Durant une semaine, ses communes programment des spectacles, avec une fin en apothéose le week-end, au parc de Rentilly. Avec au total,trente-cinq spectacles ou performances gratuits… En majorité de rue et du cirque, mais aussi quelques-uns de théâtre et de danse pour un public surtout familial de la région.

La Peau d’Élisa de Carole Fréchette par la compagnie La Fugue

Un banc et quelques chaises, sous un arbre. Judith Thiébaut, seule en scène y déroule avec énergie cette pièce d’une étrange poésie avec des récits d’amour où la peau et le corps changent et se flétrissent. Cette écriture d’une grande force repose sur des témoignages recueillis par Carole Fréchette dans des quartiers populaires de villes belges. Pour actualiser son propos, Judith Thiébaut cite des noms de rues situées  aux environs de Rentilly. Elle cherche à différencier les deux femmes de la pièce en jouant avec un élastique à cheveux et inspecte sa peau avec un miroir de poche. Dans cette grande proximité avec le public, et en l’absence de véritable mise en scène, la comédienne a du mal à donner toutes les nuances du texte. On retrouve bien l’engagement propre au théâtre de rue mais peut-être moins la finesse de jeu d’un théâtre en salle…

 Liberté par la Muchmuche company

 Deux personnages surgissent de derrière un grand tableau : un grand échalas en marinière et une petite bonne femme en imperméable. Elle équilibriste, lui jongleur, incarnent avec humour et poésie un roi à la couronne démesurément haute, un général en képi, une élève affublée de son cartable…

Les situations s’enchaînent dans une savante chorégraphie, et souvent en musique. Le jongleur empile des massues en équilibre, un pistolet oscille sur son front. Des fils sortent de partout, fixés ça et là. Ils écrivent sur le tableau à l’endroit, à l’envers, de face ou de dos. A la fin, les mots forment les vers d’un poème. Rafraîchissant, même si parfois on a du mal à suivre ces artistes .

Le 27 mai aux Préamballes à Bonson (42); les 3 et 4 juin à la fête du cirque de Saint Romain de Colbosc (76); du 6 au 10 juin avec Cultures Communes (62); les 24 et 26 juin à Jour de danse  à Besançon puis du 30 juin au 2 juillet au festival Vivacité à Sotteville-lès-Rouen. Et du 23 au 26 août, au festival Éclat d’Aurillac.

 

©Remy Sabran

©Remy Sabran

 preMIX chorégraphie d’Herman Diephuis

 Le public assis  au sol voit arriver Dalila Khatir, petite, mais imposante dans sa tunique noire et Marvin Clech, en short, débardeur et baskets. Deux corps, deux costumes que tout oppose… Rompant le silence, Dalila Khatir chante puis lance au jeune une bordée d’insultes racistes, antireligieuses ou homophobes. Le danseur, répond en la menaçant de ses poings, mais arrête ses coups au dernier moment, tandis que résonne Personal Jesus dans les versions de Depeche Mode et de  Johnny Cash.
Enfin, Dalila Khatir vomit littéralement un discours d’extrême droite. Un duo de trente minutes construit comme une “battle“, opposant le langage des mots à celui du corps qui laissera le public KO.

 Le 22 juin au Maïf Social Club, 37 Rue de Turenne, 75003 Paris. T. : 01 44 92 50 90

 Landscape(s)#1 par  la compagnie La Migration

 Ce spectacle d’acrobatie, en hommage aux sculptures mobiles de Jean Tinguely, se déroule sur un axe central rotatif, prolongé par deux cordes parallèles très tendues. On ne soulignera jamais assez le talent des concepteurs de ces structures de spectacle ! Celle-ci répond à la moindre sollicitation des  artistes  qui, d’une simple pression du pied,  la font tourner avec beaucoup de  facilité.

Quentin Claude et Gaël Manipoud utilisent ce dispositif, d’abord comme une simple balançoire, puis en explorent toutes les possibilités, avec des acrobaties de plus en plus impressionnantes. L’un, tout en haut, fait office de balancier pour garantir la stabilité de l’autre, fil-de-fériste. Les percussions de Jean-Christophe Feldhandler accompagnent cette féérie. Un spectacle virtuose, défiant les lois de la physique, et qui propose aussi une belle dramaturgie de la dualité artistique.

Les 3 et 4 juin au festival du Chapiteau Bleu à Tremblay-en-France (93) ; les 9 et 10 juin à Annezin (62) ; le 24 juin au Festival Les Petits Pois à Clamart (92) ; les 29 et 30 juin, au festival Solstice à Antony (92); le 1er juillet, au festival Musiques et Cirques au Parc à Rosny-sous-Bois (93) ; le 2 juillet, au festival Les Traverses de Méréville (91); le 16 juillet, au festival Vertical’été de Mont-Dauphin (05)  et  le 12 août au festival FARSe à Strasbourg.
https://vimeo.com/191490819

Julien Barsan

Spectacles vus le 21 mai, au Parc culturel de Rentilly. T : 01 64 02 15 15 www.parcculturelrentilly.fr

 

 

 

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The Comedy Magic Show de Mac King

 

The Comic Magic Show de Mac King

60cb61ed7eaaaea7d721a1623e7f7e09Ce magicien comique s’est fait connaître aux Etats-Unis à la fin des années 80, en participant à des émissions télé avec des numéros comme An Evening at the Improv et Comic Strip Live. Ensuite conseiller créatif pour David Copperfield, et Penn and Teller, il sera ici une des têtes d’affiche de The World Greatest Magic shows, avec

Arrivé en 1997 à Las Vegas, Mac King était apparu dans des spectacles comme Spellbound au Harrah’s, puis The Great Radio City Music Hall Spectacular au Flamingo Hilton, et Splash! au Riviera.  Créé en 2000, Comedy magic show fait un peu figure de dinosaure parmi la centaine de spectacles qu’on peut voir chaque jour à Las Vegas. Une longévité exceptionnelle dépassant même les mythiques Siegfried and Roy !

Familial, intemporel, un classique de la comédie à ne pas rater  si vous allez un jour  là-bas…  Avec du mardi au samedi avec des  séances à 13h et à 15h, au théâtre Clint Holmes, dans une ambiance glaciale, à cause d’une climatisation excessive, comme très souvent à Las Vegas! Celui que le magazine Magic a qualifié de « meilleur magicien comique du monde », va amuser son public, durant une bonne heure, avec des numéros bourrés de subtilités, qu’il maîtrise à la perfection.

Ainsi dans The Houdini’s naked challenge, une spectatrice est invitée sur scène à tenir une corde et le magicien lui propose de le ligoter tout nu façon Houdini. Il change ensuite d’avis et lui propose un tour de cartes. Elle en choisit une, qu’elle signe au recto, puis au verso; Mac King  la remet alors dans le jeu. Il la retrouve… dans sa braguette de pantalon, et cela par deux fois de suite, puis la fera disparaître à nouveau dans le jeu.

Aidé par la spectatrice, il va ensuite se lier les deux pouces grâce à du fil de fer: une chaise se retrouve alors coincée entre ses mains, puis il emprisonne la spectatrice dans un effet impossible. Le magicien demande alors à la spectatrice de voir si, dans sa poche, sa carte a voyagé. Carte retrouvée dans une mini-boîte de céréales!

Puis dans Camping, Mac King  sort, toujours de la braguette de son pantalon, un ver de terre nommé Billy et il le fait disparaître dans une petite boîte après avoir soufflé dedans puis l’ l’avalant, une scène hilarante… Une série de situations rocambolesques avec le simple effet de carte perdue et retrouvée, montre à merveille, l’importance de la mise en scène.

Au son des criquets, un enfant choisi dans le public assiste le magicien pour planter une tente et en examiner l’intérieur avec une lampe-torche. Il vérifie qu’il n’y a pas de trappe et que la tente est bien fermée de partout… Mac King produit alors des ombres avec ses mains : un chien, un lapin avec une figure en carton, puis un bel ours… (un assistant) sort de la tente  et effraye l’enfant et le public ! Une belle mise en situation appréciée par les spectateurs américains qui fréquentent beaucoup les camps de vacances…

Dans Rope trick, sur la musique entraînante de Clap your hands… from Kentucky, Mac King arrive sur scène en costume écossais très britannique. En racontant l’histoire de son grand-père, il  coupe une corde par deux fois, qu’il va aussitôt reconstituer. Une fois, cette corde coupée en deux, ses bouts voyagent et disparaissent pour former un cercle fermé. Un nœud saute alors de la corde  qu’il recoupe en seize petits morceaux qui sautent sur le public, pour laisser apparaître ensuite une corde reconstituée !
 
 Une suite du camp de vacances avec la pêche avec Poisson : Mac King sert deux grands verres de vodka, et l’enfant est invité à tenir le pied d’un des verres. «Quand j’étais petit, mon père m’a appris à attraper les poissons », dit le magicien qui fabrique alors une canne à pêche en assemblant plusieurs bouts, et place un appât: un morceau de cookie qu’il fait voler au-dessus du public, et pêche un vrai poisson rouge qui apparaît alors dans le verre! Il le prend et le mange. Mais il réapparait dans le verre…
Mac King épluche alors une carotte qu’il sculpte ensuite en poisson et qu’il met dans sa bouche,  et qui se transforme en un vrai poisson… qu’il recrache dans le verre d’eau. Il raccompagne l’enfant, après lui avoir offert Mac King’s Campfire Magic, un livre qui rassemble les expériences qu’il a vécu. On retrouve ce numéro devenu incontournable et symbolique, sur toutes les publicités de cet artiste.

Dans Le Cochon d’Inde, Mac King place une valise sur un tabouret et propose de refaire son entrée comme la première fois avec les applaudissements du public. Il montre alors  une boîte vide de  gâteaux qu’il pose sur la valise, et met ensuite dans la poche de sa veste, un foulard roulé en boule… qui réapparaît sous la boîte.
 Avec ce foulard, il couvre ensuite un verre et place dessus une balle recouverte par la boîte. La balle se retrouve dans le verre et le mouchoir dans la braguette de son  pantalon. Dans la boîte à nouveau soulevée, apparaît alors un petit cochon d’Inde! Mac King le met dans sa bouche et l’avale juste après avoir bu un verre d’eau ! (superbe effet) et le fait réapparaître dans sa braguette,  avant de le remettre dans sa cage. Un incroyable final, tout à fait surréaliste, avec ce cochon d’Inde et l’utilisation subtile de cette cage comme boîte à disparition « cachée », inspiré de Harry Anderson.

Mac King continue avec un numéro de Cartes voyageuses que deux spectateurs sont invités  à expérimenter. Le premier choisit dix cartes qu’il garde en poche, et  Mac King en donne dix autres au deuxième spectateur qu’il doit mettre aussi dans sa poche. Puis, le magicien s’en va en coulisses et revient sur scène avec sa cape d’invisibilité: un simple ciré jaune avec capuche… Plus invisible, il n’y a pas ! Il mime alors, au ralenti, le passage de trois cartes d’un spectateur à l’autre.
 
Les paquets de cartes sont alors sortis et comptés. Elles ont bien voyagé : sept pour l’un et treize pour l’autre. Tour qui appartient maintenant au répertoire que de très nombreux magiciens affectionnent et qui leur permet de  faire participer le public et de soigner leur mise en scène, grâce à une technique très simple à mettre en place.
L’ancêtre de ce tour? «La multiplication des cartes dans la main d’une personne», expliquée  au tome I de Nouvelle magie blanche dévoilée, physique occulte et cours complet de prestidigitation (1853) de Jean-Nicolas Ponsin. Mais la version utilisée par la plupart des magiciens est celle décrite par Jean Hugard et Frederick Braue dans Royal Road to Card Magic (1948). Réaliser  ce numéro sous une forme basique n’apporte donc rien de nouveau aux habitués des spectacles de magie: ils les voient en effet trop souvent. Il faut donc se démarquer avec une présentation originale pour faire vivre au public une véritable expérience de téléportation de cartes, comme le fait ici admirablement Mac King.
 
Dans Tête écrasée, Mac King place un sac de papier kraft sur la tête, se retourne dos au public et s’écrase la tête d’un coup, puis la remet en place: une excellente illusion parfaitement réalisée. Avec Dollar trick, le magicien demande à un spectateur de lui confier un billet de 100$. Il le déchire en deux puis le reconstitue immédiatement! Le magicien demande au spectateur de  le signer et plie en deux le billet placé dans une des quatre enveloppes que le magicien mélange et numérote de un à cinq (gag connu du numéro quatre manquant). Le spectateur choisit alors  le numéro d’une enveloppe et la place dans sa poche. Le magicien brûle ensuite les trois autres et propose un tour de cartes, pour le faire patienter et jouer avec ses nerfs.
 
Le spectateur choisit une carte et le magicien va soi-disant s’auto-hypnotiser pour la retrouver. Il entre alors en transe de façon comique, en prenant une voix de prophète, et en se trompant constamment de prédiction. Il l’invite alors à ouvrir l’enveloppe qu’il a dans sa poche; il y retrouve… la carte qu’il avait choisie. Puis Mac King prend sa valise et part en douce, habillé de sa cape d’invisibilité… jaune. Il  va vers le spectateur contrarié par la perte de son billet et lui offre en échange un T-shirt (d’une valeur, lui dit-il, de cent dollars!).

Le magicien sort alors un gros caillou de sa chaussure, puis sous l’action d’une baguette magique, fait apparaître Billy le ver de terre. C’est ensuite au tour d’un combiné téléphonique, sans son cadran, de sortir de la chaussure. La partie circulaire du microphone est ouverte et y apparaît alors le billet signé du spectateur !

Avec Elvis and Liberace, Mac King  « coupe » la salle en deux parties et leur demande de crier à tour de rôle, ses nom et prénom pour chauffer le public.  Il place alors un grand carton sur une plate-forme à roulettes sur le devant de la scène. Mac King enfile une cape dorée avec, d’un côté le portrait d’Elvis et de l’autre celui de Liberace.  Commence alors une discussion imaginaire entre les deux icônes de Las Vegas qu’il imite, avant de s’enfermer dans le carton. Il se recouvre d’un drap, compte jusqu’à trois, et se transforme en un tigre blanc en peluche…
 
Mac King réapparaît au fond de la salle, habillé d’une cape écossaise, doublée en doré, en frappant des cymbales. Il  montre alors un objet demandé par un spectateur qui a participé à l’un des numéros précédents, en l’occurrence une bouteille de Bud et en profite pour lui rendre sa montre !

Mac King est une personnalité incontournable de la magie comique; avec un sens inné de la présentation, il sait tout de suite se mettre le public dans la poche. Ses tours de magie, très classiques, sont en fait un prétexte pour déployer un potentiel comique dévastateur. Marque de fabrique : «la révélation à la braguette», une situation irrésistible qui, ici, ne tombe jamais dans la vulgarité, grâce au personnage « bien élevé » qu’interprète Mac King…

Sébastien Bazou

Spectacle vu en avril à Las Vegas.

Progetto Handel, chorégraphie de Mauro Bigonzetti

 

Progetto Haendel - ph Brescia e Amisano Teatro alla Scala   686_K61A9507 xxProgetto Handel, chorégraphie de Mauro Bigonzetti

«Mettre à nu la musique»: l’annonce de Mauro Bigonzetti était alléchante et son projet ne manquait pas d’ambition, avec ce nouveau ballet entièrement consacré au compositeur Georg Friedrich Haendel, en deux parties : la reprise d’une pièce ancienne, suivie d’une création. Il s’ouvre sur une longue corde formée par les seize interprètes, un peu comme  dans Les Vainqueurs de Maurice Béjart.
Chaque danseuse se détache ensuite de l’ensemble, s’avance vers l’avant-scène et, dans une sorte de présentation de soi, entame un minuscule solo. Mais, tandis que le pianiste joue une des délicieuses Sarabandes du compositeur, on s’étonne de voir les danseuses l’une après l’autre tendre les seins, ouvrir les jambes en V, frétiller des fesses qu’un demi-tutu laisse presque nues, comme s’il s’agissait de séduire un public de cabaret !

Leurs corps ridiculement cambrés et leurs gestes presque obscènes font craindre le pire, et on commence à regarder sa montre. Heureusement, les choses s’arrangent un peu quand entre un groupe de garçons dont l’énergie et la précision technique viennent balayer la banale vulgarité de la première scène. Un solo de Roberto Bollé, la grande étoile du moment, torse nu, jambes moulées dans un simple pantalon noir, muscles visibles, provoque un engouement presque hystérique du public quand, léger comme l’air, il entame une série de sauts suivis de pirouettes impeccables.

 D’autres solos et duos composent cette première partie qui continue quand même à nous laisser songeur devant de belles séquences inventives (par exemple des portés qui transforment la femme en une espèce de mitraillette brandie par l’homme) mais régulièrement déchirées par des gestes incongrus, saccadés, brisant toute l’harmonie. Semblable au style d’un texte littéraire dont soudain un mot hors de propos vient détruire l’unité. Et on se demande quel besoin  a Mauro Bigonzetti, de disloquer les corps à ce point…

La deuxième partie se fait plus intéressante, sans doute par la grâce des interprètes de la Scala pour qui il l’a créée. Et aussi, bien sûr, par l’extraordinaire présence de Svetlana Zakharova chez qui chaque mouvement est une œuvre d’art. Le premier duo qu’elle y interprète avec Roberto Bollé reste le point d’acmé du ballet : elle s’y laisse tomber «belle d’abandon » dans les bras de son partenaire, et semble l’incarnation d’un poème de Charles Baudelaire. Gestes ou attitudes qui chez d’autres, seraient simplement ridicules, deviennent, avec elle, enchanteurs, tant la ligne de son corps est parfaite, et totale, la maîtrise qu’elle en a.

Mais dommage ! Le chorégraphe n’a pas su exploiter davantage de tels talents ! Et pourquoi une compréhension certaine de la musique de Haendel (que Bigonzetti prouve à plusieurs reprise), doit-elle s’accompagner ici d’un tel déni de l’esthétique, quand il la traduit en mouvements? Car il s’agit ici d’un ballet abstrait, et si l’entreprise consistait à déconstruire le ballet classique, alors, il faudrait posséder le génie d’un William Forsythe. Ce qui n’est pas le cas. Entre danse et gymnastique, acrobaties et commedia dell’arte,  ce Progetto Handel n’est vraiment sauvé que par la qualité des  interprètes entraînés par le couple vedette Zakharova/Bollé.

Sonia Schoonejans

Teatro alla Scala de Milan, jusqu’au 1er juin.

 

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