Schweinehund d’Andy Gaukel 
et Myriame Larose, mise en scène d’Andy Gaukel

 

Biennale des arts de la marionnette (suite) :

Schweinehund d’Andy Gaukel 
et Myriame Larose, mise en scène d’Andy Gaukel 


 Issu d’une idée d’Andy Gaukel  (du Kentucky) et Myriame Larose  (de Montréal), cette pièce sans paroles avec projections vidéo d’animation et interprétée par et quelques marionnettes d’une cinquantaine de cms..  Dans la pénombre, un seul et grand praticable, elles sont animées par Myriame Larose et Andy Gaukel, tout en noir et donc presque invisibles, du moins quand on est vraiment face au plateau. Sauf la main du second, énorme, à cause du manque d’accommodation de notre pauvre œil humain à l’obscurité. Vraiment impressionnante cette belle illusion d’optique.

Leur spectacle a trait à l’histoire atroce mais vraie d’un Français, Pierre Seel (1923-3005), un  des quelques survivants des camps de concentration nazis. L’un des rares  aussi à avoir témoigné comme Aimé Spitz (1909-1980) de sa déportation pour homosexualité. En allemand, schweinehund : salopard, est le premier mot qu’adresse à un jeune homosexuel l’officier SS  qui va l’envoyer, comme tant d’autres,  vers l’horreur absolue.

Schweinehund essaye donc de transmettre sans aucune parole l’histoire de Pierre Seel, dont un premier amour fut, après dénonciation, la cause de sa condamnation à l’enfer…Affublés à partir de 1938, d’un triangle rose sur leurs tenues rayées, les homosexuels servaient souvent en effet aux nazis de cobayes pour des expériences pseudo-scientifiques. Mais il y avait aussi bien d’autres triangles stigmatisants: rouge, noir, vert, jaune, ou mixtes pour détenus politiques allemands, français, tsziganes, apatrides, etc. et la trop fameuse étoile jaune pour les juifs, etc.  Et pour la France uniquement, plus de 76.000 personnes de confession juive et 250.000 tsiganes moururent dans les camps !

Myriame Larose et Andy Gaukel,vont faire revivre, disent-ils, «les fragments d’un passé brutal aux souvenirs rassurants d’une autre époque. Il s’agit d’une histoire émouvante qui porte sur l’amour, la perte et la résilience de l’être humain ». Dans une grande pénombre, on voit donc un pauvre homme très maigre à qui on enlèvera son pantalon et à qui on fera subir brimades et humiliations, jusqu’à lui priver de ses jambes. Le marionnettiste faisant ici figure de bourreau. C’est sublimement fait, à tel point que les personnages semblent vite acquérir une vie propre : on retient son souffle.

Mais malgré cette indéniable virtuosité et une évidente sensibilité des auteurs et interprètes, on est un peu perdu dans un scénario pas toujours clair qui nous a semblé partir un peu dans tous les sens. Et c’est dommage, vu la grande qualité des images produites, où la vidéo, notamment avec des vols de colombes est de façon magistrale liée au jeu de la marionnette.

Philippe du Vignal

Mouffetard Théâtre, 73 Rue Mouffetard, 75005 Paris T : 01 84 79 44 44 jusqu’au 29 mai.

Pierre Seel, Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel, avec Jean Le Bitoux. Éditions Calmann-Lévy.

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