L’Age libre, mise en scène de Maya Ernest
L’Age libre, mise en scène de Maya Ernest
La compagnie Avant l’aube a eu sa première heure de gloire l’an passé, avec plusieurs prix de théâtre universitaire, et avait charmé une partie de la presse au festival off d’Avignon avec .. Avant l’aube-autrement dit Maya Ernest, Agathe Charnet, Inès Coville, Lucie Leclerc et Lillah Vial- et elle n’ont pas l’intention d’en rester là.
Elles ont voulu prendre à bras le corps la question de l’amour, grande question en effet, et ce collectif féminin se propose d’interroger les rapports masculin-féminin. Beau démarrage. Ramenons toutefois l’événement à ses justes proportions: il y a une vingtaine de spectateurs, ce qui n’est déjà pas mal à la Reine blanche, pour à peine une heure de spectacle, parfois un peu plus.
Bon point : les filles sont en culottes et brassières noires, mais, dans le genre sportif, sans la moindre dentelle ni découpe suggestive. Ce qui se montre de fesse, ne l’est ni plus ni moins qu’en maillot de bain. D’où une vraie liberté des corps, jolis de leur jeunesse, sans plus, délurés sans être provocants.
Mauvais point : le spectacle est inspiré (mais peu) des Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. « N’est-ce donc rien pour vous, disait-il, que d’être la fête de quelqu’un ? Oui, mais voilà…plus grande partie du texte est de leur crû, et plus banal que… cru. De Roland Barthes, restent à peine quelques paillettes, prétexte à des anecdotes d’adolescentes, et quelques têtes de chapitres. Si contentes de jouer, elles ne tiennent ni leur scénographie: un ring de boxe (mais aussitôt oublié et ne restent que de justes lumières de cabaret), ni leur « chorégraphie » (une seule sait vraiment danser) et il y a une bonne violoncelliste.
Quelques petites provocations qui font rire les spectateurs qui regardent et gênent ceux qui sont visés: rien de vraiment audacieux. Bref, un spectacle jeune pour les jeunes, pour les copains étudiants, avec les qualités et les défauts du genre, mais qui n’a rien de prétentieux… contrairement à la note d’intention qu’il vaut donc mieux oublier.
Elles avaient fait un succès avec ce spectacle à Avignon en 2016, en parodiant, avec une joyeuse efficacité, une publicité pour les culottes DIM. Malentendu : ce ne sont pas elles qui ont fait ce succès, mais encore et toujours les petites culottes… La pub a disparu; quant aux filles, elles ont encore du travail devant elles…
Christine Friedel
Théâtre de la Reine Blanche 2bis Passage Ruelle, Paris XVIIIème, jusqu’au 10 juin. T.: 01 40 05 06 96.
Théâtre des Barriques 8 rue Ledru Rollin, Avignon, du 6 au 26 juillet.