Nederlands Dans Theater 1, chorégraphies de Sol Leon, Paul Lightfoot et Crystal Pite
Nederlands Dans Theater 1, chorégraphies de Sol Leon, Paul Lightfoot et Crystal Pite
Le NDT 1 créée en 1959 et l’une des compagnies internationales de danse contemporaine les plus connues au monde compte vingt-huit danseurs, répartis en un NDT 2 réservé aux jeunes talents et NDT 1, composé d’artistes plus expérimentés. Jiri Kylian a marqué la troupe de son empreinte pendant les années 80 et 90 , et Sol Leon et Paul Lightfoot depuis 2011.
Les trois pièces présentées ici sont d’une remarquable qualité technique, avec des danseurs que tout chorégraphe rêverait d’avoir : justesse et précision gestuelle, intensité et rigueur des postures. Dans Safe as Houses (trente trois minutes) les onze interprètes tournent sur une musique de Jean-Sébastien Bach, dans le sens des aiguilles d’une montre, autour d’un mur blanc où leur sont ménagées des entrées et sorties régulières.
Paul Lightfoot et Sol Leon travaillent en toute complicité : «Bien souvent, dit Paul Lightfoot, nous sommes seuls au studio, chacun dans une salle, et, à la fin de la journée, nous nous retrouvons pour montrer ce qu’on a fait (…). Je pense que la beauté du travail des artistes du NDT c’est qu’ils peuvent intégrer cela, pour en produire un matériau commun avec lequel on peut tous travailler.»
Avec In the Event, une pièce de vingt-trois minutes, Crystal Pite développe un vocabulaire aisément reconnaissable. Chorégraphe associée au NDT, elle vient de recevoir en France le prix de la personnalité chorégraphique 2017 de l’Association de la critique (voir le Théâtre du Blog). Huit danseurs en noir, se déplacent par vagues reliées les unes aux autres. Les mains se touchent, les corps se chevauchent, et les silhouettes se déforment quand elles passent en ombres chinoises derrière un rideau de scène en papier kraft.
Contrastant avec cette fluidité parfaite, le tonnerre gronde sur la musique d’Owen Belton, et des éclairs fusent au fond du plateau. Des couples essayent de se former, immédiatement séparés par cette déferlante humaine, pareille à un tsunami, et un corps parfois reste au sol… Ces mouvements rappellent ceux de The Seasons’Canon, présenté à l’Opéra de Paris, à l’automne dernier.
Enfin Stop-Motion nous offre trente-quatre minutes d’émotion sur des extraits d’une musique de Max Richter. La passion-on s’aime mais on se déchire-anime ces duos à l’intense beauté. Les costumes d’une grande fluidité de Joke Visser et Hermien Hollander, qui seront peu à peu maculés par la farine répandue au sol, nous transportent au temps de Casanova. Dans la pénombre, les danseurs, qui ont tous une belle présence, ne forment plus qu’un ensemble mouvant, et nous avons beaucoup de peine à nous en séparer : un moment artistique très fort…
Jean Couturier
Théâtre National de la Danse de Chaillot, place du Trocadéro Paris XVI ème jusqu’au 30 juin.
www.theatre-chaillot.fr