Les Intrépides

 

Les Intrépides textes de Céline Delbecq, Emma la Clown, Penda Diouf, Julie Gilbert, Camille Laurens et Sandie Masson, mise en espace de Catherine Schaub

AFFICHE 40x60 Six femmes ont répondu à la commande d’écriture, passée pour cette troisième édition des Intrépides. Une initiative de la S.A.C.D. pour mettre en avant la disparité criante entre hommes et femmes dans le domaine de la culture. Du côté du spectacle vivant, le bilan laisse en effet encore à désirer, à en croire la brochure Où sont le femmes ? tout juste parue.

Alors que les étudiantes dans ce domaine représentent 52% des effectifs, les femmes ne sont encore que 12% à la tête des Théâtres nationaux, 18% à celle de  Centres chorégraphiques nationaux et, petit progrès, 28% aux commandes des Scènes Nationales. Pour la réalisation, il y a 27 % de metteuses en scène, 37% de chorégraphes, 21 % d’autrices à se partager le  terrain avec les hommes. Pire, dans le domaine de la musique, on compte seulement 1% de compositrices, 4% de cheffes d’orchestre et 5% de librettistes…

 Pourtant, le talent ne leur manque pas, et on a pu le constater lors de cette soirée placée sous le signe du courage, thème de la commande. Tour à tour, chaque autrice lit sa pièce, soutenue par Emma la clown qui assure les transitions entre les textes, certains très réussis, allant de l’intime au politique, du quotidien au voyage initiatique … 

 J’aurais préféré avoir un flingue, ou comment «la numéro un de la sécurité alimentaire », devenue une lanceuse d’alerte contre les dérives de son entreprise, se retrouve au placard, puis au bord du suicide. Julie Gilbert, dans une lecture très frontale, fait sonner avec rage le «tu» que s’adresse son héroïne à elle-même et aux autres, pour dire comment, d’abord happée par un système, elle a eu le courage de résister… Avec  l’humour en prime.

 Céline Delbecq signe Phare, récit sensible d’une femme victime de violences conjugales, dans l’ambiance maritime d’un phare battu par les vents. Il lui faudra plus de courage pour partir, que pour encaisser les mauvais traitements. Une narration simple, avec une écriture fluide et tourmentée, comme les déferlantes alentour du phare…

 Penda Diouf, elle, entreprend avec Pistes, un voyage en Namibie. Elle opère, dans ce récit, un retour aux sources, une exploration du continent de ses ancêtres, à la découverte des grands espaces du désert. Elle revient aussi sur un génocide oublié, le premier du XX ème siècle: le massacre des Héréros et des Namas, perpétré par l’armée allemande à partir de 1904.

 Pour détendre l’atmosphère, Emma la clown passe au crible la notion de courage : version musclée et guerrière côté homme, version solidarité et générosité envers autrui, côté femme. Tout en se moquant, elle déploie, dans Le Courage, une dialectique malicieuse et diabolique. Les clowns disent souvent la vérité.

 Cette passagère du RER a le «courage de vivre en ayant toujours peur», tel est le lot quotidien des femmes, selon Camille Laurens dans La Scène. Avec une logique imparable, cette pièce impertinente met en scène une voyageuse qui assiste à une dispute sur le quai. Pourquoi n’est-elle pas intervenue ? Par lâcheté ? Mais la violence, on s’y habitue, dit-elle «Nous les femmes on n’est plus à ça près.  (…) Une femme menacée, mais c’est un pléonasme, Monsieur le sociologue»…

Cette soirée, où régnait la bonne humeur, a été suivie d’un débat. Constat : il reste encore beaucoup à faire et, dans le domaine culturel, la parité est loin d’être atteinte. Sauf dans l’audiovisuel, grâce à des mesures volontaristes et contraignantes. Mais elle ne signifie pas pour autant égalité entre hommes et femmes, a souligné la directrice de France-Culture, Sandrine Treiner. 

 

© agence DRC.

© agence DRC.

Quant à l’émergence des talents de la diversité… Il faudra encore déployer beaucoup de courage. Mais, pour paraphraser l’autrice féministe québécoise Anne Dandurand : le courage est un muscle qui se renforce, quand on s’en sert. 

 Mireille Davidovici

Spectacle vu au Théâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg, Paris Xème, le 26 juin.
Conservatoire d’Avignon le 17 juillet et Théâtre de Poche de Genève, le 17 novembre.

www.ousontlesfemmes.org

www.sacd.fr

Les six pièces sont publiées par L’Avant-Scène Théâtre

 


Archive pour 28 juin, 2017

Les Intrépides

 

Les Intrépides textes de Céline Delbecq, Emma la Clown, Penda Diouf, Julie Gilbert, Camille Laurens et Sandie Masson, mise en espace de Catherine Schaub

AFFICHE 40x60 Six femmes ont répondu à la commande d’écriture, passée pour cette troisième édition des Intrépides. Une initiative de la S.A.C.D. pour mettre en avant la disparité criante entre hommes et femmes dans le domaine de la culture. Du côté du spectacle vivant, le bilan laisse en effet encore à désirer, à en croire la brochure Où sont le femmes ? tout juste parue.

Alors que les étudiantes dans ce domaine représentent 52% des effectifs, les femmes ne sont encore que 12% à la tête des Théâtres nationaux, 18% à celle de  Centres chorégraphiques nationaux et, petit progrès, 28% aux commandes des Scènes Nationales. Pour la réalisation, il y a 27 % de metteuses en scène, 37% de chorégraphes, 21 % d’autrices à se partager le  terrain avec les hommes. Pire, dans le domaine de la musique, on compte seulement 1% de compositrices, 4% de cheffes d’orchestre et 5% de librettistes…

 Pourtant, le talent ne leur manque pas, et on a pu le constater lors de cette soirée placée sous le signe du courage, thème de la commande. Tour à tour, chaque autrice lit sa pièce, soutenue par Emma la clown qui assure les transitions entre les textes, certains très réussis, allant de l’intime au politique, du quotidien au voyage initiatique … 

 J’aurais préféré avoir un flingue, ou comment «la numéro un de la sécurité alimentaire », devenue une lanceuse d’alerte contre les dérives de son entreprise, se retrouve au placard, puis au bord du suicide. Julie Gilbert, dans une lecture très frontale, fait sonner avec rage le «tu» que s’adresse son héroïne à elle-même et aux autres, pour dire comment, d’abord happée par un système, elle a eu le courage de résister… Avec  l’humour en prime.

 Céline Delbecq signe Phare, récit sensible d’une femme victime de violences conjugales, dans l’ambiance maritime d’un phare battu par les vents. Il lui faudra plus de courage pour partir, que pour encaisser les mauvais traitements. Une narration simple, avec une écriture fluide et tourmentée, comme les déferlantes alentour du phare…

 Penda Diouf, elle, entreprend avec Pistes, un voyage en Namibie. Elle opère, dans ce récit, un retour aux sources, une exploration du continent de ses ancêtres, à la découverte des grands espaces du désert. Elle revient aussi sur un génocide oublié, le premier du XX ème siècle: le massacre des Héréros et des Namas, perpétré par l’armée allemande à partir de 1904.

 Pour détendre l’atmosphère, Emma la clown passe au crible la notion de courage : version musclée et guerrière côté homme, version solidarité et générosité envers autrui, côté femme. Tout en se moquant, elle déploie, dans Le Courage, une dialectique malicieuse et diabolique. Les clowns disent souvent la vérité.

 Cette passagère du RER a le «courage de vivre en ayant toujours peur», tel est le lot quotidien des femmes, selon Camille Laurens dans La Scène. Avec une logique imparable, cette pièce impertinente met en scène une voyageuse qui assiste à une dispute sur le quai. Pourquoi n’est-elle pas intervenue ? Par lâcheté ? Mais la violence, on s’y habitue, dit-elle «Nous les femmes on n’est plus à ça près.  (…) Une femme menacée, mais c’est un pléonasme, Monsieur le sociologue»…

Cette soirée, où régnait la bonne humeur, a été suivie d’un débat. Constat : il reste encore beaucoup à faire et, dans le domaine culturel, la parité est loin d’être atteinte. Sauf dans l’audiovisuel, grâce à des mesures volontaristes et contraignantes. Mais elle ne signifie pas pour autant égalité entre hommes et femmes, a souligné la directrice de France-Culture, Sandrine Treiner. 

 

© agence DRC.

© agence DRC.

Quant à l’émergence des talents de la diversité… Il faudra encore déployer beaucoup de courage. Mais, pour paraphraser l’autrice féministe québécoise Anne Dandurand : le courage est un muscle qui se renforce, quand on s’en sert. 

 Mireille Davidovici

Spectacle vu au Théâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg, Paris Xème, le 26 juin.
Conservatoire d’Avignon le 17 juillet et Théâtre de Poche de Genève, le 17 novembre.

www.ousontlesfemmes.org

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Les six pièces sont publiées par L’Avant-Scène Théâtre

 

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