Petite sélection pour le festival off d’Avignon

Petite sélection pour le festival off d’Avignon

 

indexDe nombreux lecteurs nous demandent ce qu’il faut voir dans ce festival parallèle au in, qui, depuis quelques années, a grimpé en flèche et accueille des spectacles, plus ou moins importants en nombre d’acteurs, mais souvent d’un très bon niveau. Des régions comme,entre autres, les extra-marines à la Chapelle du Verbe Incarné, ou des pays comme la Belgique au Théâtre des Doms. Elle ont maintenant leur site à Avignon, comme entre autres, la Caserne des Pompiers, qu’investit la région Champagne-Ardennes depuis presque vingt ans  qui loue aussi  sept autres lieux pour accueillir les compagnies qu’elles subventionnent… Le off, avec un épais catalogue remarquablement précis, est devenue une grosse machine… qui fait aussi le bonheur financier de nombreux propriétaires de petites salles…

Des théâtres privés se sont aussi offert une sorte de succursale d’été comme le Théâtre de Belleville au Gilgamesh en plein centre d’Avignon. Et un Théâtre comme le Golovine fonctionne maintenant toute l’année. Bref, le paysage du off a beaucoup changé depuis vingt ans, et n’a plus rien à voir avec celui des années 70, où il y avait seulement quelques spectacles, notamment au Théâtre du Chêne noir dirigé déjà par Gérard Gelas ou celui de la place des Carmes avec à sa tête, le bon poète qu’était André Benedetto.

Et il y a aura, cette année comme les précédentes, plus de 1.300  spectacles! (avec beaucoup de solos et de duos) de théâtre, marionnettes mais aussi de danse, magie, cirque, etc. Ce que l’on pourrait appeler le in du off, attire donc à de prix très abordables dans des théâtres bien équipés et climatisés, un très grand nombre de spectateurs, souvent assez jeunes, et loin de tout élitisme, ce que n’a pas toujours réussi à faire le in où les places restent d’un prix élevé… comme l’âge du public.

Voici donc des spectacles du off que les neuf critiques du Théâtre du blog qui assureront une permanence au Festival du début jusqu’à la fin, peuvent vous recommander (voir Le Théâtre du Blog ) mais nous publierons  aussi chaque jour, dans cette même rubrique, à mesure que nous les verrons, une sélection du off, de façon à ce que vous n’attendiez pas que l’article sorte.

 

 -Histoire d’une femme de Pierre Notte avec Muriel Gaudin, au Théâtre des Trois Soleils.

-Maintenant que je sais, texte et mise en scène d’Olivier Letellier, à la Maison du Théâtre pour enfants.

-Flammes, texte et mise en scène d’Ahmed Madani, au Théâtre des Halles.

-La Vie trépidante de Laura Wilson de Jean-Marie Piemme, mise en scène de Jean Boillot au 11 Belleville, Gilgamesh Théâtre.

 -Oncle Vania d’Anton Tchekhov, mise en scène de Philippe Nicaud, au Théâtre de Corps-Saints.

-Le Roman  de Monsieur Molière  d’après Mikaïl Boulgakov, Molière et Lully, mise en scène de Ronan Rivière, Petit Louvre.

-La Baie des Anges de Serge Valetti, au 11 Belleville, Gilgamesh Théâtre.

-Micro-crédit, texte et mise en scène de Pauline Jambet, Arthéphile rue du Bourg-Neuf.

-Séisme de Duncan Macmillan, mise en scène d’Arnaud Anckaert, Arthéphile, rue du Bourg-Neuf.

-Candide. Qu’allons-nous devenir par le Théâtre à Cru. La Manufacture 2a rue des Ecoles. -De si tendres Liens, de Loleh Bellon, mise en scène Laurence Renn-Penel, Petit Louvre.

-Une aventure théâtrale, trente ans de décentralisation, un film documentaire de Daniel Cling. Cinéma Utopia, Avignon ATTENTION : seulement le mardi 18 juillet à 11h.

-Le voyage de Dranreb Cholb, texte et mise en scène de Bernard Bloch, Théâtre du Cabestan, 04 94 86 11 74.

-Néant, une performance-solo de Dave Saint-Pierre, Théâtre de l’Oulle 19 place Crillon, Avignon.

-Plus léger que l’air de Frederico Jeammaire, Le Petit Louvre, 23 rue Saint-Agricol, Avignon.

-Le Cercle des Utopistes anonymes d’Eugène Durif, mise en scène de Jean-Louis Hourdin, Maison de la Poésie

 

Philippe du Vignal et l’équipe du Théâtre du Blog

 

 


Archive pour 30 juin, 2017

Le vieux Locataire d’après Le Nouveau locataire d’Eugène Ionesco

Le vieux Locataire d’après Le nouveau Locataire d’Eugène Ionesco, adaptation et mise en scène de Cesare Lievi

 

©Anna Bausch

©Anna Bausch

Le spectacle est celui de la troisième année de l’Accademia Teatro Dimitri, conservatoire supérieur professionnel, située près de Locarno en Suisse italophone. Avec un cursus spécialisé et très reconnu dans le théâtre du corps.
Cesar Lievi a mis en scène une adaptation d’une pièce peu connue (1952) qui fait partie de la première période d’Eugène Ionesco (1909-1994):  celle de La Cantatrice chauve, de La Leçon, des Chaises, de Victimes du devoir mais aussi d’Amédée  et de Jacques ou la Soumission. Sur un thème proche de ces pièces, celui de la vieillesse et de la solitude : un locataire, assez âgé, habite un petit appartement, complètement isolé, incapable de s’adapter. « Inspiré, dit Cesare Lievi,  de l’univers métaphorique d’Eugène Ionesco et de ses pièces satiriques, philosophiques et clownesques, le spectacle évoque la culture européenne vieillissante, son incapacité à nouer le dialogue avec les nouvelles générations et à jouer son rôle de guide et d’inspiration qu’elle avait par le passé. »

Cesare Lievi, metteur en scène italien a fondé avec son frère Daniele le Teatro dell’Acqua dans les années 1980. Il est surtout connu pour avoir créé de grands opéras à Vienne, Hambourg, Berlin, Bâle… De 1996 à 2010, il a dirigé le Teatro Stabile di Brescia. Puis a été directeur général et artistique du Teatro Nuovo Giovanni à Udine (Italie). Et il a dirigé le travail final des élèves de troisième année de cette Accademia, avec une grande précision et un rare sens du pictural. Pas loin de François Marthaler avec un même sens de la dérision…
Imaginez-scénographie de Christoph Siegenthaler, Ricki Maggi et Carmelo Mulé-une pièce avec, sur chaque côté, une porte et au fond, une fenêtre sans vitres donnant sur un beau ciel bleu aux cumulus blancs. Il y ainsi une référence évidente à la peinture de René magritte mais aussi à la performance (le metteur en scène en avait créé à la Biennale de Venise autrefois) une jeune femme passe l’aspirateur à plusieurs reprises, même quand il n’est pas branché… Le spectacle tout entier est drôle, souvent plein d’espiègleries, avec une impeccable direction d’acteurs qui font un travail gestuel d’une rare élégance. Quelle beauté scénique !

 Le personnage principal n’est pas un vieux locataire mais un grand jeune homme en complet et chapeau melon noirs qui sait vite s’imposer. Mais avec tous ses camarades qui sont aussi très bien, ils réussissent tous (Mariyam Al-Baghdadi, Héloïse Dell’Ava, Vincent Gisi, Hannes Langanky, Alvise Lindenberger, Clarissa Matter, Faustine Moret, Michele Rezzonico, Olivia Ronzani, Leonti Usolzew) à imposer non un travail d’atelier mais un vrai et beau spectacle.

Malheureusement, nous n’avons pas pu savourer le texte inspiré de celui d’Eugène Ionesco mais en italien sans surtitrage avec quelques rares passages en français et en allemand ! Dommage ! On ne sait pas ce que deviendront ces jeunes gens mais ils auront en tout cas prouvé qu’ils avaient tous un professionnalisme évident.

 Philippe du Vignal

Spectacle vu au Théâtre de l’Aquarium le 29 juin, Cartoucherie de Vincennes.
Et ce vendredi 30 juin à 19h samedi 1er juillet à 20h, et dimanche 2 juillet à 16h.

 

Femme sans nom, d’après Des Couteaux dans les poules

Femme sans nom, d’après Des Couteaux dans les poules de David Harower, traduction de Jérôme Hankins, mise en scène de Netty Radvanyi

© Milan Szypura

© Milan Szypura

 On avait pu voir cette pièce au Théâtre des Amandiers, à Nanterre en 2000, mise en scène par Claude Régy : magie du conte à l’état pur, c’est-à-dire lesté par des acteurs comme Yann Boudaud, Jean-Quentin Châtelain, Valérie Dréville, de tout son poids de réel. David Harower, dramaturge anglais né en 1966, a écrit une pièce devenue un classique et jouée dans toute l’Europe, et à contre-courant des modes.
Trois personnages et un cheval suffisent pour poser la question : nous sommes des êtres de langage, pouvons-nous donc vivre sans nommer les choses ? Donc, il était une fois la jeune femme d’un laboureur dit Petit-Cheval William, et  un meunier. Un jour, parce qu’il a mieux à faire, parce que la jument va accoucher, le mari envoie sa femme chez le meunier. Un homme dangereux, mal famé, peut-être sorcier : elle a peur de lui. Et puis, de moins en moins : il n’a pas les mains dans la terre, et lui apprend les mots, les livres et plus tard, la ville. C’est tout simple : elle apprend avec lui bien autre chose que l’adultère : elle trouve son autonomie dans un monde qui s’agrandit.

Netty Radvanyi n’a pas une autre place que celle qu’elle se donne : acrobate, comédienne, mais aussi réalisatrice diplômée du Fresnois, à Tourcoing, elle a pratiqué la marionnette et les arts du cirque. Avec le collectif Z machine, elle intègre au spectacle la vidéo, la BD, la musique, mais a un souci assez puritain de leur pertinence : de toutes ces contributions au spectacle, elle ôte ce qui pourrait être décoratif ou légèrement pathétique.

Une belle gravité qui s’impose au travail de tous. Et pour cause, en jouant sur les mots : la pièce, elle même réduite “à l’os », est ici jouée par des acrobates, avec gravité. C’est aussi la posture du cheval Arto, dans son silence ; il n’en pense pas moins, à voir son regard et sa démarche contrôlée. Tout cela n’exclut pas l’humour, par moments, dans la joyeuse découverte des choses.

L’acrobatie crée un langage puissant, de la convulsion de ce qui cherche à naître, à la sidération sous le poids des choses qui n’ont pas encore de mots. Équilibre et déséquilibre, la rigueur du travail des corps donne à Sylvain Décure, Arthur Sidoroff et Julie Barès, une concentration rare, sans fioritures, en accord parfait avec la pièce. D’une maison-minimale-à l’autre, de l’écurie à la balance du meunier, le cheminement de la jeune femme entraîne librement le public. On se sent chez soi dans ce monde taiseux, intense, et d’une belle probité.

Christine Friedel

L’Échangeur à Bagnolet jusqu’au 3 juillet. T. : 01 43 62 71 20
Festival Éclats du Rue à Caen,  Eglise Saint-Nicolas, les 27 et 28 juillet à 22h.

 

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