Micro cr€dit, voyage initiatique en terre économique
Micro cr€dit, voyage initiatique en terre économique, texte et mise en scène de Pauline Jambet, musique sur scène de Stéphan Faerber
C’est une sorte de fausse conférence devant un micro non de crédit mais de studio ! En une petite heure, Maxime Le Gall, va nous conter avec la complicité de Stefan Faerber, ce voyage en terre économique..
Cela commence avec un histoire de mammouth que l’on peut échanger avec un micro à condition bien sûr d’en avoir besoin, alors qu’un morceau de mammouth à manger, c’est du vrai et du quotidien : dans toutes les formes de civilisation, on a toujours eu besoin de manger.
Soit sans doute au départ, la faim comme moteur des échanges entre les hommes. Quelle est la valeur de tel ou tel objet, celui généralement qu’on lui accorde, même si et surtout parfois il ne vaut rien, on est alors dans le domaine du magique comme le rappelle subtilement Pauline Jambet, en citant Georges Bataille : l’homme et la femme ont besoin de dépenser, que ce soit pour des guerres, des fêtes, etc.
Il lui faut au départ et encore maintenant, troquer, ou payer avec une monnaie locale qui reste encore une monnaie même si Bercy veille au grain ! Ou on achète à très bas-prix dans les vide-grenier !). Mais donne-t-on vraiment sans raison personnelle, anonymement oui parfois ? Bref, le don a toujours un intérêt : valorisation du donneur, avec à la clé, une petite ou une monstrueuse main-mise sur le receveur..
Pauline Jambet a raison de rappeler une chose désormais bien connue : tout un étonnant système bancaire avec prêts etc. était apparu en Mésopotamie, avant même la monnaie. Et dès que la lettre de change est arrivée, au Moyen-Age, le chèque n’était pas loin derrière, et le capitalisme avec cette possibilité inouïe de faire de l’argent avec de l’argent… mais aussi avec ses dangers : la dette, les risque de pertes qui sont ligotées au profit et à la consommation et quand la confiance n’est plus là, tout le système financier d’un pays voire de plusieurs, peut en prendre un sacré coup comme il y a dix ans aux Etats-Unis puis en Europe. On a beau être anticapitaliste, et absolument anarchiste, se révolter contre les pratiques douteuses de nombreuses banques, nous n’avons le choix et en sommes dépendants.
Même quand il s’agit d’établissement financiers «sociaux» comme en France, La Caisse d’Epargne qui reçoit très facilement nos économies mais fait tout, à coups de sordides petites manœuvres, pour qu’on qu’on ne les retire pas. On vous expliquera cela un des jours, Pauline Jambet, et vous irez le tester! « Mais monsieur, nous sommes une banque et donc nous n’avons aucun intérêt à ce que vous le retiriez, c’est bien clair », nous rappelait cyniquement, il y a peu une charmante conseillère de cette structure… Bref, on se demande même si, parfois si notre argent est encore bien à nous…
Le début et la fin ne sont pas très bien mis en scène mais le reste est souvent délicieux. Maxime Le Gall, diction et gestuelle impeccable, fait ici la démonstration de notre incompétence, face à des gens qui savent eux très bien tous les mécanismes bancaires. Grâce à Stephan Ferber qui modifie sa voix à la console, il a plusieurs interlocuteurs. Le propos est très rigoureux, mais exempt de tout ennui et souvent comique. Il y a eu récemment plusieurs solos de théâtre sur la banque et l’argent mais celui-ci vaut le coup.
Dans un second temps, on aimerait que Pauline Jambet nous éclaircisse un peu mieux sur les relations aussi étroites que bizarres entre les politiques et ces gens qui sont courtiers gestionnaires d’actifs, opérateurs de marché, etc. On connaît la petite phrase de François Hollande quand il était encore candidat, il y a juste cinq ans: « Mon véritable adversaire, c’est le monde la finance. Alors qu’on le sait et depuis longtemps ami personnel du milliardiaire Marc Ladreit de Lacharrière, oui, vous avez celui qui est aussi président de La revue des Deux Mondes et « »" employa »" » Pénélope Fillion…
Allez Pauline Jambet, au boulot pour un autre spectacle, il y a encore du pain sur la planche.
Philippe du Vignal
Spectacle créé à la Comédie de Béthune , Artéphile, rue du Bourg Neuf , Avignon à 21h35