De si tendres Liens, de Loleh Bellon, mise en scène Laurence Renn-Penel

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Festival d’Avignon

 

De si tendres Liens, de Loleh Bellon, mise en scène Laurence Renn-Penel

Vient le jour où, sans qu’on l’ait senti, la fille devient la mère de sa mère. Elle la protège, la soigne, la rabroue, la console, s’agace, et ça finit dans de grandes étreintes émues. Dans les bras l’une de l’autre, montent les souvenirs. L’enfant, la fille, s’est sentie seule, abandonnée, la mère, jeune divorcée, s’est sentie elle, entravée par les exigences de la petite fille, elles ne se pardonnent rien et s’aiment l‘une et l’autre par-dessus tout. Et les hommes ? Pas besoin d’eux ici. Le père, le mari parti, et l’amant un peu de côté n’ont pas leur place ici, sinon comme arme, et encore…

 Elles ont un nom, Charlotte, la mère, et Jeanne, la fille. Loleh Bellon a écrit les rôles à la perfection : au croisement exact du singulier et de l’universel. Elle pointe les grandes frustrations et les petites rancunes, et ce que Marcel Proust appelait «les intermittences du cœur ». La mémoire va parfois « cap au pire » (pardon, Monsieur Beckett), et il faut la tendresse du moment présent pour qu’émergent les tendresses de l’enfance. Finalement, c’est évident, la mémoire, c’est notre vie présente.  «Nous comme faits de la matière des rêves» disait le grand William.

Qu’on nous pardonne ces associations avec ces immenses auteurs : dans sa modestie,  la pièce  les provoque. Plus simplement,  nous touche et nous fait sourire ou rire, le rire de la rencontre avec le vrai: elle pointe des étapes de la vie, sans jugement. L’égoïsme puissant de l’enfant ou de la  femme très âgée, la peur de l’abandon et de la mort, ont sans doute la seule et même force du désir: l’adolescente oublie sa mère pour sa première conquête, et devient femme à son tour. Toute la vie, au féminin.

 Pour Laurence Renn-Penel, la pièce ne pouvait se monter sans Christiane Cohendy et Clotilde Mollet: parfaites.  Dans une scénographie pas très facile, elles savent jouer les âges  de la vie, les situations rituelles au passage des générations. Mieux, les âges les traversent. Sans en faire trop, sans effets, elles illuminent ou éteignent leur visage, et  jouent de leur voix avec parfois à peine un peu de sur-jeu, particulièrement savoureux. Voilà : on ne va pas évoquer toute la carrière de ces deux grandes, assez vaste et variée, mais toujours ancrée sur une véritable «probité artistique». Terme un peu lourd sans doute pour un jeu exigeant, intelligent, pétillant, mais grave quand il faut, et généreux, toujours. A ne pas manquer, vous l’aurez compris.

 Christine Friedel

 Petit Louvre, 21h30, jusqu’au 30 juillet T.0432760279

 

 

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