Est-ce que vous pouvez laisser la porte ouverte en sortant ?
Est-ce que vous pouvez laisser la porte ouverte en sortant? d’Antoine Lemaire, mise en scène de Sophie Rousseau
Dans la maladie d’Alzheimer, la dégénérescence neuronale nous empêche le patient de programmer des actions, et entraîne assez vite une altération des facultés cognitives : mémoire, langage, raisonnement …
Les lésions cérébrales causent des troubles qui réduisent progressivement l’autonomie de la personne avec une disparition progressive des capacités d’orientation dans le temps et l’espace, et de la reconnaissance des objets comme des proches … Antoine Lemaire met en scène un couple d’un certain âge dont l’épouse est atteinte de la maladie d’Alzheimer ; le public assiste, en une vingtaine de tableaux, à sa progression irréversible. Mais son époux, très vite épuisé par l’aide permanente qu’il doit fournir, va être aussi dans l’ impossibilité d’agir.
Sont ici privilégiées des scènes quotidiennes de la vie quotidienne : lui, a préparé un repas improvisé pour elle qui revient dans la nuit. Mais il refuse la réalité et la pathologie qui accable sa femme. Elle, de son côté, ne supporte pas la trop grande douceur de son mari qui lui montre un amour qu’il veut inaltérable.
La mise en scène de Sophie Rousseau, d’une délicatesse extrême, expose avec des images précises, les situations éprouvées par ce couple. A mesure que la maladie se développe et avance vers l’inéluctable, plus oppressant est le rythme scénique.Comment affronter le mal de façon légère et raisonnée ? Il fallait la grâce, l’humour et l’allant de Murielle Colvez, une des meilleures comédiennes (Anton Tchekhov, Maxime Gorki…) d’Eric Lacascade, pour imposer un personnage aussi vivant et aussi épanoui, touché par un mal qui la dépasse. Le plateau de théâtre est sa maison, et la belle actrice, mène la danse, quand bien même, tout son être est fragilisé.
L’auteur joue lui, ce mari un peu fébrile, à la parole saccadée et heurtée, et mis à mal dépassé par l’état de sa femme.La mise en scène est solidement construite, orientée sur la douleur, et sur le malheur final que l’on voit arriver. Un très beau travail.
Véronique Hotte
La Manufacture, jusqu’au 26 juillet (relâche les 12 et 19 juillet).