Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad

 

Crédit photo : Michel Cavalca

Crédit photo : Michel Cavalca

 Festival d’Avignon

Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad, adaptation de Joël Jouanneau, mise en scène de Michel Raskine

 Charlie Marlow, fonctionnaire missionné et narrateur d’Au Cœur des ténèbres de Joseph Conrad, donne un rythme énergique au récit, comme à la vitesse du bateau qu’il dirige. Une expérience existentielle et une aventure marine singulière qui transforment son narrateur sensible et inquiet, quant au sens absolu à donner à  sa présence  au monde. Récit de voyages et d’aventures, tel est ce conte métaphysique à travers lequel le personnage apprend à se connaître, en s’accomplissant dans une traversée des ténèbres, des mondes inconnus et ensauvagés que nient les conventions.

Le narrateur, anonyme, est remplacé par le fameux Charlie Marlow, qui raconte son voyage sur le fleuve africain, à la recherche d’un mystérieux marchand d’ivoire, Kurtz, qui se révèle un aventurier à l’aura poétique mystérieuse, au charme viril, dont le premier entend les récits envoûtants et sulfureux du second, avant qu’il ne meure. Joseph Conrad, le narrateur, ou Marlow ou Kurtz, a navigué en réalité au Congo de 1874 à 1894 sur les mers, comme matelot, officier puis capitaine.

Michel Raskine ajoute à la trilogie conradienne Le Bateau ivre (1871) du poète Arthur Rimbaud, que le lumineux Thomas Rortais scande et déclame avec panache ; il révélateur  la teneur sacrée dont témoignent toutes les aventures inouïes  dont un jeune homme à l’aube de sa vie, peut rêver : » Comme je descendais des fleuves impassibles/ Je ne me sentis plus guidé par les hauteurs / Des peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles/Les ayant cloués aux poteaux de couleurs/J’étais insoucieux de tous les équipages/ Porteur de blés flamands ou de cotons anglais… Les fleuves m’ont laissé descendre où je voulais … » L’acteur virevolte de cour à jardin, puis escalade trois praticables superposés qui figurent la structure altière ou la carcasse d’un bateau avec pont, étages et coursives. Le diseur à la tête juvénile apparaît ici ou là, et maître à bord, contemple la mer à l’infini et le public, menant la danse, sûr de ses mouvements.

Il tire un drap, drapeau de navire et citation rimbaldienne, et surgit une figure conradienne,  dans une pose méditative, en costume et bonnet noirs, chemise blanche.  Marief Guittier incarne alors cet homme des mers que le mystère enveloppe.

Diction rythmée et rapide pour une parole poétique assumée, la conteuse invite le spectateur à la suivre – lui, l’homme des grands espaces océaniques inexplorés :« Quand j’étais petit garçon, j’avais une passion pour les cartes. Je passais des heures à regarder l’Amérique du Sud ou l’Afrique, ou l’Australie, et je me perdais dans toute la gloire de l’exploration… » Le narrateur enfant se souvient des espaces blancs inconnus qui l’attirent, et l’un plus particulièrement qui deviendra un espace de ténèbres qu’il explorera à fond…A la fin, résonnent les paroles de This is the end par Jim Morrisson des Doors.

Un joli moment de théâtre qui fait la part belle à la poésie de l’existence rude.

Véronique Hotte

Jusqu’au 30 juillet à 18h, relâches les 11, 18 et 25 juillet. Le Petit Louvre, Avignon.

 

 

 

 

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