Nous n’irons pas à Avignon
Nous n’irons pas à Avignon :
Depuis plus d’une dizaine d’années, Mustapha Aourar, «maraîcher ferroviaire», comme il dit, de la gare de Vitry, organise pendant le festival d’Avignon, des représentations de spectacles singuliers qu’il sait dénicher avec efficacité. Cette année, vingt-et-un, et des plus originaux, sont présentés du 9 au 23 juillet.
Crois-moi par la compagnie Wendimni, danse et chorégraphie de Jérôme Kaboré, musique de Fanny Lasfargues
Un spectacle à la fois soutenu par la mairie de Cachan et le centre de développement chorégraphique La Termitière de Ouagadougou, (Burkina Faso).
Une quinzaine de calebasses éparses sur le plateau, un homme allongé sur un cube, et une guitariste jouant des congas pour rythmer ses mouvements. Il se renverse, se tortille lascivement puis se lance parmi les calebasses,et les brise en sautant dessus.
Il roule, il vole, agile et désespéré. Les mouvements du corps et les sons s’entremêlent puis la musique s’éteint peu à peu. Le danseur et la musicienne s’enfuient.
Solo burlesque et gestuel de Maria Cadenas, compagnie Troisième Génération.
Une pâtissière roule sa pâte, se trémousse sur l’établi. Elle renverse un bocal qui se casse, elle ramasse les morceaux, recherche le poisson pour le remettre dans les débris. Elle balaye vaguement et prépare des patates, les met au four qui se met à fumer dangereusement. Il y a un orage, il pleut, elle déploie un parapluie qu’elle pose par terre, retourné. C’est insolite et plutôt joyeux.
www.mariacadenas.com
Un Steack, d’après Jack London, conception et interprétation de Gabriel de Richaud, voix et jeu de Guillaume Hincky.
Étrange ce cinéma pour l’oreille ! Nous sommes assis dans des transatlantiques, et on nous distribue des écouteurs pour écouter le redoutable match qu’un vieux champion de boxe, affamé, doit livrer contre un jeune adversaire, pour nourrir sa famille. Il n’a mangé que du pain mais sa femme et son enfant, eux rien du tout ; et il faire à pied les deux miles pour se rendre au match. Nous suivons les échanges de coups, il va triompher, mais rate le coup final, et son jeune partenaire l’abat. Les yeux fermés, on peut rêver à ce terrible match, en se remémorant les lectures de notre jeunesse de Jack London.
Djeudjoah Qu’est-ce que tu Fela? de Koffi Kwahule, mise en scène de Malik Rumeau et Léonce-Henri Nlend
Inspiré par la vie de Fela, ce spectacle avec Charlotte Wassy, Georges-Olivier Sosso Mondo et Léonce Henri Nlend, évoque la répétition d’un concert où l’on voit une fille chanter son lieu de naissance dans une petite ville des Etats-Unis. Mais disent-ils : « On ne sera jamais prêt » !
Et voilà que les flics débarquent, arrêtent le musicien qui vient d’avaler sa drogue pour éviter les perquisitions. Peine perdue, ils vont faire ce qu’il faut, pour pouvoir retrouver des traces de drogue dans ses selles ! «`Je n’aspire à rien du tout, juste à chanter ! »
Les trois compères s’en donnent à cœur joie, dans l’évocation des tribulations professionnelles, amicales et amoureuses de Fela et de ses démêlés avec la police.
http://www.labandedeniaismans.worpress.com
Edith Rappoport
Spectacles vus le 12 juillet à Gare au Théâtre, 13 rue Pierre Semard, Vitry-sur-Seine. T: 01 55 53 22 22.