Claire, Anton et eux mise en scène de François Cervantes
Festival d’Avignon
Claire, Anton et eux, mise en scène de François Cervantes
Sur le plateau nu, quelques chaises, et, en fond de scène, un portant chargé de costumes annonce des changements à vue. Les quatorze comédiens de la dernière promotion du Conservatoire national supérieur d’art dramatique se présentent, chacun interrogé par ses camarades pour informations supplémentaires : nom prénom, âge… «Je m’appelle Milena, j’adore le silence (…) Je m’appelle Lucie Grunstein. Je n’ai jamais su comment ça se prononçait», etc.
Toujours sur le même principe de questions/réponses, ce qui implique le groupe dans son ensemble, ils évoquent ensuite des souvenirs d’enfance joyeux ou douloureux, qui, la mort d’un animal qui, celle d’une grand-mère. Des jeux avec les cousins, les premiers baisers… Ils sont Français, Espagnols, Marocains, Algériens, Syriens, Suisses… Leurs histoires familiales se croisent devant nous.
Des apparitions sporadiques de personnages viennent interrompre les présentations. Le grand-père de l’un, la grand-mère d’une autre… ou des ancêtres plus éloignés, interprétés par leur descendant. Bientôt, ces apparitions se multiplient, puis on voyage dans le futur, les jeunes artistes se projetant dans leur propre vieillesse…
«J’avais envie de partir des acteurs, de leur présent, dit François Cervantes.(…) Pour ensuite convoquer des personnes importantes à leurs yeux (…) Le travail de l’acteur est d’offrir l’hospitalité toujours. » De cet atelier-théâtre, le metteur en scène, auteur associé au Conservatoire, a tiré un spectacle collectif, sympathique, constitué d’une mosaïque de personnages, et d’allers et retours dans le temps. Mais cette multiplication des « je» et leur transformation en «eux», suffît-elle à donner du grain à moudre aux élèves, même si, de temps en temps, ils composent des personnages fictifs ?
Le Festival d’Avignon fait cette année la part belle aux travaux du Cons, ouvrant ainsi ses portes aux futures générations. En ce sens, Claire, Anton et eux nous permet d’assister à un travail d’atelier collectif, et de découvrir la personnalité de ces jeunes acteurs, qui apprennent à être à l’écoute de l’autre, sur un plateau…
Mais cela reste un peu court pour apprécier leur savoir-faire face à une pièce de théâtre qui ne serait pas forgée sur mesure. Chacun a généreusement fourni une belle matière à jouer, et il faut les citer tous : Gabriel Acremant, Théo Chédeville, Louise Chevillotte, Milena Csergo, Salomé Dienis Meulien, Lucie Grunstein, Roman Jean-Elie, Jean Joude, Kenza Lagnaoui, Sipan Mouradian, Solal Perret-Forte, Maroussia Pourpoint, Léa Tissier, et Sélim Zahrani.
Mireille Davidovici
Gymnase du lycée Saint-Joseph, jusqu’au 19 juillet à 18h.