De Pékin à Lampedusa, l’histoire de Saamiya Yusuf de Gilbert Ponté

 

De Pékin à Lampedusa, l’histoire de Saamiya Yusuf, texte et mise en scène de Gilbert Ponté

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Des milliers et des milliers d’hommes et de femmes anonymes ont fait-et continuent à faire-ce chemin tragique, du fond de l’Afrique à Lampedusa, de désert en désert, de passeurs brutaux en passeurs brutaux, jusqu’aux radeaux gonflables bondés et au naufrage. Mais Saamiya Yuzuf Omar, morte à vingt-et-un ans au moment où elle touchait au but, a gagné à la course (200 m) sa qualification pour les Jeux Olympiques de Pékin. Sans véritable entraîneur, avec des baskets trop grandes, prêtées par la fédération d’athlétisme d’une Somalie mourante, et où l’on n’aime pas voir courir les femmes, elle est arrivée loin derrière ses idoles.

Mais elle l’a fait, illuminée par cette apothéose. Après, c’est l’impasse, faute des redoutables papiers nécessaires pour s’entraîner en Ethiopie, avec une seule porte dont on ne sait pas si elle s’ouvrira, vers l’Europe. Le « grand voyage » peut être un piège mortel, elle le sait, mais c’est plus fort qu’elle, le démon du départ la ronge. Et elle se sent prête, elle a un but : les J.O. de Londres.

Gilbert Ponté, conteur, acteur et metteur en scène, a-t-il adapté le récit de la journaliste italo-somalienne Igalaba Scego, pour Malyka R.Johany ? En tout cas, la jeune chanteuse et comédienne est une interprète idéale. Elle n’entre pas « dans la peau du personnage », mais elle lui donne sa peau, ses muscles, sa voix, sa force et son élan, avec toute la modestie et l’obstination de la jeune athlète somalienne. Avec aussi un humour doux et combatif, et une bonne foi presque naïve, elle ne nous lâche pas un instant.  Sincère, généreuse, elle y va, même si son expérience de la scène est un peu fragile… Il ne manque à cette jeune comédienne encore une peu bonne élève, que de s’affirmer à peine davantage, dans son adresse au public. De Pékin à Lampedusa, malgré quelques “gentillesses“, nous emmène loin des bons sentiments,  et possède la force d’un récit vécu et jamais trahi.

Christine Friedel

Théâtre Essaïon, 6 rue Pierre au lard, Paris IVème, les lundis et mardis à 19h45, jusqu’au 9 janvier. T. : 01 42 78 46 42

 

 

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