Hamlet de William Shakespeare, mise en scène de Thierry Debroux
Hamlet de William Shakespeare, mise en scène de Thierry Debroux
Nous connaissons tous la pièce et le personnage d’Hamlet; cette mise en scène, beau résultat d’un travail de plus de six semaines nous plonge dans la constellation des personnages, avec une intelligente découpe du texte et surtout un brillant travail de groupe. Thierry Debroux a bien dirigé Itsik Elbaz qui crée un Hamlet attachant, aimable, drôle, torturé mais qu ne se noie pas dans la tristesse. Il joue avec jubilation toutes les subtilités du texte et habite chacune de ses répliques.
« Il y a, dit le metteur en scène, quelque chose d’infiniment mystérieux chez lui et outre son talent immense et la fragilité qu’il dégage sur le plateau, il y a aussi cette inquiétude et ce tourment qui semblent l’habiter, et qu’il n’est donc plus nécessaire de « jouer. La dimension intuitive est essentielle dans notre métier, plus que la dramaturgie. A chaque fois que j’ai songé à Hamlet, je l’ai imaginé au cœur de la Russie du XIXème siècle, au cœur de cet empire où la question de «l’homme fort» capable d’administrer d’une main ferme un immense territoire, semble essentielle, encore aujourd’hui. »
Les autres personnages sont tout aussi bien interprétés: le frère régicide, a quelque chose de séduisant avec parfois des accents d’Henri II, et nous devient aimable, la reine veuve puis remariée, est digne et complexe, Ophélie tombe par accident dans la folie, et il y a surtout un merveilleux Polonius. Le metteur en scène reconnait, avoir pour faire plus court, «tué quelques personnages et quelques répliques» mais toute son équipe est fortement impliquée, et joue avec cœur.
La scène finale des combats, orchestrée par Jacques Cappelle est à l’image de ce spectacle : dynamique et rythmée. Malgré quelques placements de mains ou de pieds un peu flous… mais bon, on ne chipotera pas. Et la scénographie de Vincent Bresmal est au service du texte : efficace et limpide. Le plateau est coupé en son milieu par quelques marches menant jusqu’au fond de scène. De grands châssis verticaux, parallèles au public, coulissent en fonction des scènes et délimitent les niveaux intérieurs ou extérieurs du palais. En fond de scène, apparait en vidéo le spectre du Roi. Comme les costumes d’Anne Guilleray très réussis, il y a ici tous les atouts réunis pour une belle réussite, surtout avec un texte aussi difficile qu’Hamlet…
Sylvie Suzor
Théâtre Royal du Parc, Bruxelles, jusqu’au 21 octobre.