Michel Vinaver, officier de la Légion d’Honneur
Michel Vinaver, officier de la Légion d’Honneur
Ce lundi 18 septembre, Robert Abirached a remis cette médaille, à l’auteur dramatique vivant de langue française le plus important, avec Valère Novarina. Ce fut, aussi et surtout, l’occasion d’entendre une brillante et intelligente leçon d’histoire de théâtre contemporain. Il a d’abord rappelé que Michel Vinaver avait d’abord écrit-à vingt-trois ans-un roman vite édité chez Gallimard grâce à Albert Camus qui l’avait repéré. Avant de devenir l’auteur dramatique que l’on sait…
Engagé par la société Gillette, avant de devenir son Président Directeur Général, Michel Vinaver avait débuté à Annecy où il avait, au cours d’un stage de théâtre, rencontré Gabriel Monnet, metteur en scène et personnage important de ce que l’on a appelé la décentralisation théâtrale… Il écrivit sa première pièce Les Coréens en 56 qui fut mise en scène par Roger Planchon à Villeurbanne à la fureur des politiciens de droite et sans recevoir pour autant l’approbation des brechtiens qui faisaient un peu la loi dans le théâtre public des années cinquante.
L’œuvre, nous dit Robert Abirached, fut aussi montée peu de temps après, par Jean-Marie Serreau peu de temps après. Ce qui serait inespéré aujourd’hui! Ensuite vint une de ses pièces majeures, Par-dessus bord, en quatre versions et où, fait rare à l’époque, le jeune auteur avait adopté une toute nouvelle dramaturgie (“Tout y est banal et compliqué” disait-il, et des dialogues sans ponctuation! Puis Iphigénie Hôtel que monta Antoine Vitez.
Robert Abirached souligna avec l’humour qu’on lui connaît, le formidable écho quand La Saga Bettencourt fut créée il y a quelques années au Théâtre de la Colline par Christian Schiarretti. Il rappella que Michel Vinaver auteur, s’impliqua aussi dans la pédagogie des universités Paris III et Paris VIII et que ses séminaires, publiés avec succès en 1993, sous le titre Exercices de théâtre, étaient devenus un classique du genre.
Michel Vinaver, très à l’aise, remercia pour son aide avec beaucoup de sincérité Robert Abirached qui fut un temps, directeur des spectacles sous le règne de Jack Lang au Ministère de la Culture, mais aussi Audrey Azoulay, l’ex-ministre de la Culture qui lui offrit ce nouveau grade dans l’ordre de la Légion d’honneur, et enfin l’actuelle ministre Françoise Nyssen alors à la tête des éditions Actes Sud et les éditions de l’Arche qui, dit-il, eurent l’élégance de s’associer pour faire paraître son Théâtre complet.
Il tint aussi à remercier les nombreux metteurs en scène qui choisirent de monter ses pièces: en particulier Jacques Lassalle, Alain Françon, Christian Schiaretti mais aussi entre autres, Charles Jorris, fondateur du Théâtre Populaire Romand, Anne Marie-Lazzarini, Catherine Anne, René Loyon, Jean-Pierre Vincent, et Oriza Irata au Japon. Miche Vinaver enfin évoqua avec beaucoup d’émotion les ombres qui l’aidèrent à se construire dont son père Léon, mais aussi Hubert Nyssen, Roland Barthes qui l’aida alors qu’il était encore inconnu et qui défendit Les Coréens, et La Fête du Cordonnier. Il évoqua aussi la figure de Boris Schloezer, traducteur de Nicolas Gogol qui s’intéressa beaucoup à son théâtre.
Michel Vinaver, avec beaucoup de panache, dit en conclusion qu’il allait bientôt rejoindre ces ombres qu’il trouvait avoir été bienveillantes avec lui, en espérant qu’on aurait aussi la même estime à son égard.
Bref, un beau moment pour un bel auteur contemporain! Michel Vinaver méritait bien une telle fête.
Philippe du Vignal
Cette cérémonie a eu lieu à la SACD le 18 septembre rue Ballu, Paris VIIIème.
Merci bien pour ces rectificatifs.
cordialement
Philippe du Vignal