Le Bruit des arbres qui tombent de Nathalie Béasse

 

Le Bruit des arbres qui tombent de Nathalie Béasse

 © Nathalie B

© Nathalie Béasse

 

Le Théâtre de la Bastille, fidèle au travail de l’artiste angevine, accueille sa dernière création. Sa compagnie a présenté cet été à la Biennale de Venise quatre spectacles dont celui-ci créé en février dernier à Nantes.

Une bâche occupe la quasi-totalité du grand plateau. Les comédiens entrent et, postés aux quatre coins se saisissent d’une guinde : la bâche s’élève, vole, plane, retombe, selon une chorégraphie précise. Elle monte vers le grill, jusqu’à occulter les lumières et plonger la salle dans l’obscurité. Elle s’élance vers le public, frôle les têtes du premier rang, s’échoue, telle une baleine, puis elle se tend à l’horizontale, à l’avant-scène, masquant le plateau.

Première scène spectaculaire, simple et poétique, où les reflets des eaux marines, sur la toile, simulent un océan agité. Tout au long de la représentation, les corps se fondent dans différents matériaux : terre, eau, bois, tissu, arbre. On y retrouve des éléments des précédents spectacles, comme le jeu avec les vêtements (habillages et déshabillages) , et surtout l’engagement physique des comédiens. Les scènes se succèdent, toujours surprenantes, certaines graves, d’autres drôles. Citons celle où Clément Goupille, ivre ou malade, titube sur le plateau ;  Estelle Delcambre essaye de l’habiller, enfilant tantôt une jambe de pantalon, tantôt une manche de pull, au bord du déséquilibre.

Pas de texte de départ, comme pour Roses en 2015, adaptation très libre de Richard III (voir Le Théâtre du Blog). Ce spectacle passionne ou exaspère : certains spectateurs quittent la salle. Les autres assistent à une représentation unique, qui fait appel aux sensations éprouvées devant ces tableaux théâtraux et chorégraphiés, qui s’enchaînent sans logique apparente. Il ne faut pas chercher à tout comprendre, et se laisser porter par le courant, en toute liberté…

Cette impression de légèreté repose sur un travail très précis des interprètes, qui, avec leur spontanéité instinctive, jouent de leurs physiques contrastés et complémentaires :  Estelle Delcambre, jeune et belle brune contraste avec Karim Fatihi, au teint mat et au ventre proéminent, Clément Goupille, filiforme, et Erik Gerken, à la peau d’une rare blancheur. L’esthétique de Nathalie Béasse s’est affirmée et la beauté des scènes n’empêche pas leur drôlerie. On quitte la salle après une heure trente d’émotion mêlée de rire. On a humé l’odeur de la terre, entendu couler l’eau et tomber le bois, et senti le vent souffler. Un grand désordre règne sur le plateau et les acteurs finissent sales et exténués. Nathalie Béasse signe une œuvre originale élégante et exigeante, qui peut bousculer les spectateurs mais qui leur fait aussi vivre une réelle expérience.

Julien Barsan

Théâtre de la Bastille jusqu’au 14 octobre à 21h T.: 01 43 57 42 14

les 16 et 17 janvier, Le Théâtre, scène nationale - Saint Nazaire

24 et 25 janvier, La Paillette - Rennes

le 1er février 2018 - Le Canal, théâtre du pays de Redon / scène conventionnée pour le théâtre – Redon

les 15 et 16 février, Le Quai, CDN – Angers

les 21 et 22 février, Le Théâtre de Lorient, CDN – Lorient

 

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