Traits d’Union de et avec Michèle d’Angelo, Laurent Barboux, Pauline Barboux et Jeanne Ragu
Traits d’Union par L’Envolée Cirque, de et avec Michèle d’Angelo, Laurent Barboux, Pauline Barboux et Jeanne Ragu, musique d’Arnaud Sacase et Mauro Basilio (à partir de six ans)
Cela se passe à la périphérie d’Antony, une commune de plus de 60.000 habitants dans les Hauts-de-Seine, sous le chapiteau rouge de l’Espace Cirque, tout près d’un stade, un endroit un peu perdu mais chaleureux et très apprécié par la population locale.
Ce haut lieu culturel, une Scène Nationale où les cirques actuels s’installent régulièrement, a fêté ses dix ans en 2013. Et le Théâtre Firmin Gémier d’Antony a été associé en 2007 au théâtre La Piscine de Châtenay-Malabry. Heureux habitants d’Antony!
On ne voit d’abord rien sur la piste assez sombre mais on finit par découvrir tout en haut du chapiteau, une plateforme souple en tissu synthétique et ronde inventée par eux qu’ils ont appelé le quadrisse où on discerne quelques acrobates qui vont la faire descendre, tout en y restant grâce à une panoplie compliquée de filins noirs dont seuls, ils connaissent l’architecture et le mécanisme … Il y a là, Laurent Barboux et Michèle d’Angelo, la bonne cinquantaine, impressionnants de force et d’efficacité, et deux jeunes femmes, Pauline Barboux et Jeanne Ragu. Avec, à y regarder de près, une certaine ressemblance, surtout entre circassiennes.
Puis aucun doute : c’est bien une famille qui, en quelque soixante-dix minutes et en étroite complicité avec un clarinettiste (Arnaud Sacase) et d’un violoncelliste (Mauro Basilio) vont jouer d’abord avec le déséquilibre permanent de cette plate-forme montée sur un axe. Puis on verra ces artistes dans des numéros où les corps virevoltent en suspension sur ces filins noirs, qu’ils vont faire évoluer grâce à tout un système de contrepoids fournis par les seuls corps de ceux qui sont sur la piste. Oui, ce n’est peut-être pas très clair mais comment bien dire les choses ?
Il y a aussi entre autres, et proche du surréalisme, et très impressionnante, une imbrication des corps au sol surtout à deux mais aussi parfois à quatre qui donne l’impression d’une seule entité. Un très beau moment aussi, simple mais plus que poétique, où le père et la mère sans avoir l‘air d’y toucher, montent et marchent sur une corde molle. Avec une grâce extraordinaire et un sacré métier qui rend le public admiratif. Et à la fin, un très rare duo où les jeunes sœurs descendent puis remontent, en cessant de jouer ensemble sur un filin suspendu. Dans un déséquilibre permanent entre l’horizontal et le vertical, avec une complicité indispensable à chaque instant. Plus que sublime. Et d’autant plus bouleversant, quand on a appris ensuite que ce sont ici plus que deux vies en mouvement et en déséquilibre/équilibre permanent… Chapeau!
Certes le spectacle dont c’est la création, doit encore se roder; il manque souvent de rythme, a quelques longueurs et mériterait d’être dirigé par un véritable metteur en scène. Mais quelle poésie, quelle harmonie entre la gestuelle, l’acrobatie et la musique! L’Envolée Cirque nous offre quelque chose d’exceptionnel, à la fois dans son humilité et dans le lien qu’on perçoit entre ces deux générations autour d’un projet commun. Le public d’Antony, ébloui, leur a fait avec juste raison une longue ovation…
Philippe du Vignal
Espace Cirque d’Antony (Hauts-de Seine) T: 01 41 87 20 84 jusqu’au 15 octobre. Spectacle à recommander en particulier à M. Laurent Wauquiez, ex-énarque et président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui n’aime pas trop les écoles de cirque…
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