Le quatrième Mur d’après Sorj Chalandon, mise en scène de Julien Bouffier
Le quatrième Mur d’après Sorj Chalandon, mise en scène de Julien Bouffier, création vidéo de Laurent Rojol,
Dernière création du festival Spot où ont été présentés huit spectacles singuliers au Paris-Villette depuis le 15 septembre. L’auteur fut correspondant de guerre et dans son roman, il raconte l’histoire de Georges, son double littéraire, metteur en scène mais surtout éternel étudiant à la Sorbonne et depuis longtemps militant à l’extrême gauche, notamment pour la défense des Palestiniens.
Il part pour le Liban en guerre pour tenir une promesse faite à un ami, Samuel Akounis, un pacifiste juif Grec de Salonique, dont la famille a été exterminée au camp de Birkenau! Samuel metteur en scène de théâtre, est malade et hospitalisé; il va donc confier à Georges le soin de monter l’Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Un projet qui va rassembler tous les acteurs de cette guerre, d’horizons politiques et religieux différents, juste pour témoigner d’un travail en commun, malgré les circonstances tragiques.
Oui, mais voilà le théâtre est détruit, les comédiens dispersés, et on sort des massacres de Sabra et Chatila… Georges devra donc faire l’impossible pour trouver une distribution et un endroit pour jouer au moins une fois. Le projet réunira donc une Antigone palestinienne, un Hémon, Druze, et un Créon, roi de Thèbes et père d’Hémon, un Maronite… Le livre est aussi et surtout une réflexion sur la pulsion qui pousse les individus et les pays à entrer en guerre et montre ensuite les désastres psychologiques que les conflits armés entraînent chez les individus. Ce « quatrième mur » désignant celui invisible que se construit l’acteur et qui le protège. Et il casse l’illusion quand il s’adresse au public.
Cette plongée onirique dans Beyrouth et cette la tentative désespérée pour y monter Antigone en septembre 1982, pendant la guerre syro-libanaise est bouleversante. Nous sommes emportés par un flot d’images vidéo: le théâtre ne parvient pas à surmonter la réalité. Diamand Abou, Nina Bouffier, Alex Jacob, Vanessa Liautey nous font franchir ce quatrième mur quand ils nous décrivent les victimes et qu’une petite fille émouvante chante au milieu de l’horreur. Un spectacle émouvant et d’une grande force.
Edith Rappoport
Spectacle vu au Théâtre Paris-Villette le 30 septembre.
Théâtre National Wallonie Bruxelles, les 20 et 21 octobre.
Quinconces-L’Espal Scène nationale du Mans le 8 février.