Ex Anima, une création du Théâtre équestre Zingaro

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Ex Anima, une création du Théâtre équestre Zingaro, conception, mise en scène et scénographie de Bartabas, musique originale de François Marillier, Véronique Piron, Jean-Luc Thomas, Wang Li

Nous l’avions découvert à la fin des années 70, quand  Bartabas emmenait ses spectacles sous un petit chapiteau au off d’Avignon près du Rhône. Avec pour nom le cirque Aligre déjà très novateur à l’époque car il renouvelait les codes du  rapport des hommes aux chevaux.  Puis il créa en 1985, le Théâtre Zingaro (du nom du plus célèbre cheval de la troupe et  « tsigane » en italien, un cheval frison noir emblématique de la troupe, mort en 1998 lors d’une tournée… Bartabas se fit vite connaître en inventant  cette nouvelle forme de spectacle qu’il appela Cabaret équestre I-II-II (1984-1990)  bercé par des musiques d’inspiration tzigane.

Puis en 1989, toute la troupe d’artistes, cavaliers danseurs et musiciens s’intalle au fort d’Aubervillers en banlieue parisienne. Et en trente ans, la petite compagnie d’autrefois est devenue une  des plus importantes d’Europe et une institution mondialement reconnue où les chevaux sont bien les collaborateurs à part entière de la troupe. «Ils vivent et travaillent à nos côtés, inspirateurs de nos créations, notre moteur de désirs, dit Bartabas. À leur contact, nous avons appris à nous ensauvager pour recevoir les leçons qu’ils ont bien voulu nous enseigner et comprendre qu’ils sont une ‘‘partie mémorielle de nous-mêmes’’. Comme un souffle de l’âme. “Un cheval hennit quelque part, jusqu’à la fin du monde », pour reprendre les mots de Joseph Delteil. Pour cette ultime création, je souhaiterais les célébrer comme les acteurs véritables de ce ‘‘théâtre équestre’’ si original… Montrer un rituel sans mémoire, une cérémonie où le spectateur se surprendra à voir l’animal comme le miroir de l’humanité. Pour cela, nous devons apprendre à nous dépouiller de notre ego, de notre corps individuel au profit d’un corps partagé, anonyme… N’être plus qu’une présence en retrait et devenir des «montreurs de chevaux’’ et avec eux, défricher des terres nouvelles… »

Dans la pénombre de ce grand cirque en bois, le silence est quasi-absolu, très impressionnant: il y  là pourtant quelque mille spectateurs à qui on a demandé bien sûr d’éteindre complètement leur portables au préalable de ne pas applaudir les numéros.Cette fois, Bartabas a mis complètement en vedette ses chevaux aux noms de toréadors (curieux ?) : El Cordobés, Belmonte, Dominguín, Manolete, de danseurs : Noureev . mais aussi de malheurs et de souffrances comme Guerre, Famine, Conquête, Misère. Ou encore de grands peintres comme Van Gogh, Le Caravage, Le Tintoret, Zurbarán, Soutine, ou se nomment tout simplement : la  mule,  l’âne…

On ne vous dévoilera pas, bien sûr, les numéros exceptionnels qui jouent le plus souvent avec la surprise. Les doubles portes s’ouvrent, et discrètement dirigés à petits et très légers coups de sifflet par les collaborateurs habituels de Bartabas, en habit noir à la façon des marionnettistes de bunraku, arrivent sur la piste,  d’abord quelque neuf chevaux noirs, qui vivent ensemble, puis chevaux d’un blanc très pur qui se mettent à courir tout seul en rond, puis encore deux loups… Et une oie dans un numéro étonnant. Tout cela sublime, de beauté, de douceur, d’intelligence du travail avec les chevaux, et de générosité. Avec en accompagnement,  une musique envoûtante qui fait penser à celle du nô japonais, avec hulusi (flûte de Chine), tin-whistles (flûtes d’Irlande), bansurî (flûte d’Inde du Nord),  tambours et hakuhachi, Ryuteki, nôkan (flûtes du Japon).

 On oubliera quelques jets de fumigène qui ne servent pas à grand-chose et un exerce d’équilibre d’un cheval marchant sur une très longue poutre sans grand intérêt, et une fin…un peu décevante avec un mannequin,  un « fantôme » comme on dit dans une salle de monte, qui imite la forme du corps d’une jument, et où on fait  marcher un cheval. Malgré cela, c’est sans doute un des plus beaux spectacles de Bartabas-l’ultime,dit-il-. En tout cas, surtout, ne ratez pas celui-ci. Autant de beauté ne se rencontre pas tous les jours sous les pieds et dans le cerveau d’un humain.

Philippe du Vignal
 

Théâtre équestre Zingaro, 176 avenue Jean Jaurès, Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). T: 01 48 39 54 17 de 21,00 € à 43,00 €.
Pour bénéficier du tarif réduit (demandeurs d’emploi, étudiants et moins de 26 ans) sur présentation d’un justificatif. T : 01 48 39 54 17. Tarif Réveillon des 24 et 31 décembre: 50€

Bourget-le-Lac, du 19 avril au 13 mai (en partenariat avec Bonlieu-Scène nationale d’Annecy et l’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie)
Avenches (Suisse) du 8 juin au 1er juillet.
Théâtre de Caen du 28 septembre au 24 octobre

 


Archive pour 28 octobre, 2017

Ex Anima, une création du Théâtre équestre Zingaro

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Ex Anima, une création du Théâtre équestre Zingaro, conception, mise en scène et scénographie de Bartabas, musique originale de François Marillier, Véronique Piron, Jean-Luc Thomas, Wang Li

Nous l’avions découvert à la fin des années 70, quand  Bartabas emmenait ses spectacles sous un petit chapiteau au off d’Avignon près du Rhône. Avec pour nom le cirque Aligre déjà très novateur à l’époque car il renouvelait les codes du  rapport des hommes aux chevaux.  Puis il créa en 1985, le Théâtre Zingaro (du nom du plus célèbre cheval de la troupe et  « tsigane » en italien, un cheval frison noir emblématique de la troupe, mort en 1998 lors d’une tournée… Bartabas se fit vite connaître en inventant  cette nouvelle forme de spectacle qu’il appela Cabaret équestre I-II-II (1984-1990)  bercé par des musiques d’inspiration tzigane.

Puis en 1989, toute la troupe d’artistes, cavaliers danseurs et musiciens s’intalle au fort d’Aubervillers en banlieue parisienne. Et en trente ans, la petite compagnie d’autrefois est devenue une  des plus importantes d’Europe et une institution mondialement reconnue où les chevaux sont bien les collaborateurs à part entière de la troupe. «Ils vivent et travaillent à nos côtés, inspirateurs de nos créations, notre moteur de désirs, dit Bartabas. À leur contact, nous avons appris à nous ensauvager pour recevoir les leçons qu’ils ont bien voulu nous enseigner et comprendre qu’ils sont une ‘‘partie mémorielle de nous-mêmes’’. Comme un souffle de l’âme. “Un cheval hennit quelque part, jusqu’à la fin du monde », pour reprendre les mots de Joseph Delteil. Pour cette ultime création, je souhaiterais les célébrer comme les acteurs véritables de ce ‘‘théâtre équestre’’ si original… Montrer un rituel sans mémoire, une cérémonie où le spectateur se surprendra à voir l’animal comme le miroir de l’humanité. Pour cela, nous devons apprendre à nous dépouiller de notre ego, de notre corps individuel au profit d’un corps partagé, anonyme… N’être plus qu’une présence en retrait et devenir des «montreurs de chevaux’’ et avec eux, défricher des terres nouvelles… »

Dans la pénombre de ce grand cirque en bois, le silence est quasi-absolu, très impressionnant: il y  là pourtant quelque mille spectateurs à qui on a demandé bien sûr d’éteindre complètement leur portables au préalable de ne pas applaudir les numéros.Cette fois, Bartabas a mis complètement en vedette ses chevaux aux noms de toréadors (curieux ?) : El Cordobés, Belmonte, Dominguín, Manolete, de danseurs : Noureev . mais aussi de malheurs et de souffrances comme Guerre, Famine, Conquête, Misère. Ou encore de grands peintres comme Van Gogh, Le Caravage, Le Tintoret, Zurbarán, Soutine, ou se nomment tout simplement : la  mule,  l’âne…

On ne vous dévoilera pas, bien sûr, les numéros exceptionnels qui jouent le plus souvent avec la surprise. Les doubles portes s’ouvrent, et discrètement dirigés à petits et très légers coups de sifflet par les collaborateurs habituels de Bartabas, en habit noir à la façon des marionnettistes de bunraku, arrivent sur la piste,  d’abord quelque neuf chevaux noirs, qui vivent ensemble, puis chevaux d’un blanc très pur qui se mettent à courir tout seul en rond, puis encore deux loups… Et une oie dans un numéro étonnant. Tout cela sublime, de beauté, de douceur, d’intelligence du travail avec les chevaux, et de générosité. Avec en accompagnement,  une musique envoûtante qui fait penser à celle du nô japonais, avec hulusi (flûte de Chine), tin-whistles (flûtes d’Irlande), bansurî (flûte d’Inde du Nord),  tambours et hakuhachi, Ryuteki, nôkan (flûtes du Japon).

 On oubliera quelques jets de fumigène qui ne servent pas à grand-chose et un exerce d’équilibre d’un cheval marchant sur une très longue poutre sans grand intérêt, et une fin…un peu décevante avec un mannequin,  un « fantôme » comme on dit dans une salle de monte, qui imite la forme du corps d’une jument, et où on fait  marcher un cheval. Malgré cela, c’est sans doute un des plus beaux spectacles de Bartabas-l’ultime,dit-il-. En tout cas, surtout, ne ratez pas celui-ci. Autant de beauté ne se rencontre pas tous les jours sous les pieds et dans le cerveau d’un humain.

Philippe du Vignal
 

Théâtre équestre Zingaro, 176 avenue Jean Jaurès, Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). T: 01 48 39 54 17 de 21,00 € à 43,00 €.
Pour bénéficier du tarif réduit (demandeurs d’emploi, étudiants et moins de 26 ans) sur présentation d’un justificatif. T : 01 48 39 54 17. Tarif Réveillon des 24 et 31 décembre: 50€

Bourget-le-Lac, du 19 avril au 13 mai (en partenariat avec Bonlieu-Scène nationale d’Annecy et l’Espace Malraux, Scène nationale de Chambéry et de la Savoie)
Avenches (Suisse) du 8 juin au 1er juillet.
Théâtre de Caen du 28 septembre au 24 octobre

 

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