Les Jumeaux vénitiens de Carlo Goldoni, mise en scène de Jean-Louis Benoît

 

Les Jumeaux vénitiens de Carlo Goldoni, mise en scène de Jean-Louis Benoît

 

©Bernard Richebé

©Bernard Richebé

Carlo Goldoni, né à Venise en 1707 et mort à Paris dans une quasi-misère en 1794, aura écrit plus de deux cent tragédies, intermèdes, drames et surtout comédies-il avait déjà trente-sept ans; (tiens juste l’âge de Maxime d’Aboville qui tient le rôle principal)-qui vont le rendre célèbre et lui assurer la célébrité. Il aura transformé la comédie italienne  en gardant les bases et les personnages de la commedia dell’arte et en y ajoutant une intrigue et des personnages réalistes. Ici, des frères jumeaux, Tonino et Zanetto, séparés à la naissance et ne se connaissant donc pas-une situation guère étonnante à l’époque-maintenant adultes, ils vivent tous les deux à Vérone… Jeune homme raffiné, Tonino lui, a grandi à Venise mais Zanetto,  élevé à la campagne, est resté simple et naïf mais est assez rusé. Zanetto vient à Venise pour s’y marier et son frère pour retrouver la femme qu’il aime.

Ce qui provoque aussi-but de l’opération du malin Carlo Goldoni-d’excellents quiproquos et malentendus comme chez Molière qu’il admirait beaucoup, et comme un siècle plus tard, chez Georges Feydeau. Avec une fin curieuse mais des plus amères que l’on ne vous dévoilera pas. Nombreuses sont les pièces qui ont pour thème les aventures de jumeaux! Comme entre autres, La Comédie des erreurs de William Shakespeare. La géméllité déjà déclinée au masculin avec Castor et Pollux, comme au féminin dans la mythologie grecque avec Hélène et Clytemnestre, demi-sœurs jumelles et dans le théâtre contemporain en particulier au boulevard avec Lily et Lily de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy ou Les Jumeaux de Jean Barbier, prétexte à offrir surtout un rôle en or à Jacqueline Maillan ou à Jean Lefebvre. En tout cas, un vrai cadeau pour un interprète… Comme dans le théâtre contemporain chez Tadeusz Kantor qui mit en scène de vrais s comédiens jumeaux dans la vie, ce qui est aussi assez fréquent dans le cinéma américain.

Carlo Goldoni a écrit cette pièce en vénitien, toscan et bergamasque, et Jean-Louis Benoît a retraduit le texte mais parfois en le modernisant un peu trop. Sa mise en scène comme sa direction d’acteurs ne manquent pas de précision, même si l’unité et la qualité du jeu ne sont pas toujours au rendez-vous. Un travail sans doute honnête qui se laisse voir mais qui manque d’énergie. Peut-être à cause de cette deuxième représentation du samedi! Il y a quelques beaux moments comme ces combats à l’épée très bien réglés, et une déclaration d’amour, ou encore la très belle fin-le beau décor de Jean Haas fonctionne-mais tout cela n’emporte pas l’enthousiasme, et on reste un peu sur sa faim. En tout cas, loin de la brillante mise en scène d’Alfredo Arias qui, en 1980, avait révélé cette pièce de jeunesse du célèbre auteur à nombre d’entre nous. Il y a surtout une question de rythme et manque sans doute un zeste d’espièglerie et de folie à cette mise en scène…

Les comédiennes surjouent un peu, surtout au début où elles ont tendance à criailler. Côté acteurs, on remarque Thibault Lacroix (l’ami douteux), et Olivier Sitruck qui joue Pancrace, un jaloux sombre et diabolique, même s’il fait parfois un peu trop dans la caricature, en créant un personnage que l’on dirait tout droit sorti d’une BD. Mais le grand gagnant de la soirée est Maxime d’Aboville dans un double rôle valorisant. Molière du meilleur comédien en 2015 pour The Servant au Théâtre de Poche-Montparnasse, il est ici exemplaire et très crédible en Zanetto, comme en Tonino. Avec un jeu tout en finesse, que ce soit pour exprimer la gaucherie et la maladresse de l’un, comme l’élégance d’esprit et le raffinement de son frère. Avec parfois comme un second degré. Brillant! Comme deux facettes d’un même homme. Aucun doute là-dessus, Maxime d’Aboville, presque toujours en scène, tient la soirée sur ses épaules…  Chapeau.

Philippe du Vignal


Théâtre Hébertot 78 bis boulevard des Batignolles Paris (XVIIème). T.: 01 43 87 23 23,  jusqu’au 31 décembre.

Le texte de la pièce est publié à L’Avant-scène Théâtre (14 €).

 

 

 

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