Asura, chorégraphie de Naomi Muku

 

Asura, chorégraphie de Naomi Muku

 

©Jean Couturier

©Jean Couturier

La compagnie de butô Dairakudakan, accueillie par la Maison de la Culture du Japon à Paris, avec, à sa tête,  l’emblématique septuagénaire Akaji Maro, fête ses  quarante-cinq ans avec d’abord Asura, et ensuite Paradise .

Les huit statues Asura, de taille humaine, tricéphales et à six bras, du temple bouddhiste Kôfukuji de Nara, (une des anciennes capitales du Japon), ont inspiré la jeune chorégraphe et danseuse Naomi Muku qui ressemble à l’une d’elles. Elle est originaire de cette ville, comme son maître Akaji Maro qui assume la direction artistique d’Asura. «Le corps lui-même, dit-il, est déjà une œuvre. Même à vingt ans, il est riche de strates mémorielles et chaque danseur porte sur son dos, la beauté et la laideur de sa vie. Cela ne m’intéresse pas de voir une maîtrise époustouflante. Je veux voir des choses qui dépassent du cadre.»

 Comme ici, avec les corps de sept danseurs et de Naomi Muku qui va donner vie à une de ces statues, et libérer ainsi toutes ses pulsions vitales, humaines comme animales.  En quatre-vingt minutes, nous assistons à sa transformation corporelle,  grâce à plusieurs rituels. «Le butô, dit Akaji Maro, danse insaisissable et absurde, peut être ressentie de plusieurs façons, selon le regard du spectateur». Naomi Muku, après une chute, sort d’un cocon, le corps maquillé du fard blanc utilisé par les acteurs de kabuki et les geishas, et rencontre deux femmes riant, et des divinités aux masques grotesques.

La chorégraphe dit avoir été très marquée quand un journaliste japonais a été décapité par Daesh en 2015,  comme le rappellent certaines images d’Asura: dans ce rituel de transformation, elle sera maculée de rouge sang. Une création musicale originale de Keita Matsumiya l’accompagne, en particulier quand Asura devient statue, une musique baroque occidentale : plus familière à son oreille puisque Naomi Muku a suivi une formation classique. Entre danse et performance, Asura fait partie d’une série de «kochûten» dont la chorégraphie est confiée de manière tournante par Akaji Maro à un danseur de sa compagnie.

Une frêle danseuse japonaise sera statufiée pour l’éternité dans notre mémoire sensorielle. Après avoir vu ce spectacle, vous pouvez aller à Nara et ressentir ce que ces statues vous inspirent personnellement. En attendant, découvrez à la fin du mois, la vision du Paradis qu’en a Akaji Maro, avec Paradise, une pièce iconoclaste. Après l’élève, le maître nous surprendra sans doute une fois de plus.

Jean Couturier

Maison de la Culture du Japon, Paris XVème, Asura,  du 23 au 25 novembre. Et Paradise, du 30 novembre au 9 décembre.

www.mcjp.fr

Maison de la musique de Nanterre : Crazy Camel, les 15 et 16 décembre.

www.maisondelamusique.eu

 

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