Sept d’un coup, de Catherine Marnas, inspiré du Vaillant petit tailleur des frères Grimm

©-Frédéric-Desmesure

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Sept d’un coup, texte et mise en scène de Catherine Marnas, inspiré du vaillant petit tailleur de frères Grimm.

 Les frères Grimm: Jacob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859), grands linguistes allemands ont recueilli des contes populaires de leur pays et en ont écrit quelque deux cent mais aussi réalisé un dictionnaire et une histoire de la langue allemande. Richard Wagner s’inspira de plusieurs des légendes qu’ils collectèrent  pour  composer ses opéras  et de la Mythologie allemande de Jacob Grimm pour sa Tétralogie.

 Le conte, sans doute l’une des plus anciennes formes d’expression  depuis Homère, a depuis le milieu du XXème siècle, séduit nombre de metteurs en scène de théâtre qui   ont réalisé soit une histoire racontée en solo, soit en  un spectacle avec quelques acteurs, en général surtout destiné à au jeune public, en une heure maximum.  Le plus souvent, un héros principal est placé dans une situation presque sans espoir à cause d’un nouvel élément imprévu (catastrophe, mauvaises rencontres d’êtres à la fois bénéfiques ou malfaisants, souvent fantastiques…) le plus souvent au cours d’un long voyage. Malgré de nombreuses épreuves, il se montre plus fort sur le plan mental que ses adversaires, ce qui lui permet de jouir enfin du bonheur qui, jusque là, lui avait été refusé. Mais les auteurs contemporains refusent  souvent cette fin heureuse, et aiment introduire le tragique dans leur textes. Ils ont lu Bruno Bettelheim (1903-1990) qui analyse le contenu  psychanalytique des contes pour enfants (Blanche-Neige, La Belle et la bête,etc.) et montre comment ils répondent en fait aux angoisses des enfants, en les informant sur les épreuves à venir  avant d’être adultes.

  Catherine Dasté dans les années 70 avait réussi à donner au théâtre pour enfants une légitimité avec de merveilleuses et fortes mises en scène sur les plans dramaturgique et pictural, et depuis, les contes à l’origine, oraux et populaires ont souvent été portés au théâtre, avec le plus souvent un récit  et des actions représentées au premier degré, voire avec une certaine distance. Comme dans les très remarquables spectacles tout public de Joël Pommerat qui reprend, loin d’une littérature «enfantine» au mauvais sens du terme, de grands classiques comme Pinocchio, Cendrillon, et Le petit Chaperon rouge: autant de chefs-d’œuvre d’écriture et de mise en scène

Catherine Marnas s’est, elle aussi, prise au jeu et a donc revisité et mis au goût du jour, en en gardant la trame, le célèbre conte des frères Grimm. Ici, plus de petit tailleur mais un jeune garçon, Olivier, maladroit, pas très costaud et qui se sent toujours en état d’infériorité, donc une cible idéale pour ses copains, des durs à cuire en blouson à capuche qui se moquent de lui et le maltraitent. Il se réfugie dans la dégustation d’une tartine de confiture, un savoureux goûter mais…  qui attire les mouches ! Il prend un torchon et arrive alors à en tuer sept !

Fier de son exploit,  il marquera sur son T shirt : « Sept d’un coup » et décidera de partir en voyage. En chemin, il rencontrera dans une forêt peuplée de géants fantomatiques et l’un d’eux le mettra au défi  d’être aussi fort que lui. Il presse une pierre et arrive à en tirer de l’eau mais Olivier prend dans son sac un fromage et arrive au même résultat. Le géant dépité lance alors une pierre très haut qui retombera  même au bout de longues secondes. Plus rusé,  Olivier fera s’envoler l’oiseau qu’il avait emmené dans son sac de voyage, et qui lui, ne retombera jamais! Et il aura donc encore  gagné ! Après avoir repris sa route, il rencontre un roi qui a peur pour sa vie et celle de ses sujets, quand il voit l’inscription sur le T shirt d’Olivier. Et il lui offre aussitôt la moitié de son royaume et la main de sa fille, une très belle princesse. Le roi remet toujours à plus tard la récompense promise… Moralité : il ne faut jamais enfant faire confiance aux adultes. Mais tout finira bien pour Olivier.

Sur le plateau nu, juste des cadres métalliques pour figure l’architecture d’une maison que l’on pourra déplacer.  L’un des comédiens joue Olivier et les autres sont en charge de tous les autres personnages. «La modernisation du personnage et des thèmes, dit Catherine Marnas, n’empêchera en rien le merveilleux et le poétique, les géants glisseront comme par magie dans de grandes robes allant jusqu’au sol, la forêt sera peuplée d’être étranges… car il me semble important de lier la catharsis que j’évoquais au début, à l’imaginaire du rêve».

Ce spectacle honnête est très sérieusement réalisé par Catherine Marnas, même s’il a un peu de mal à se mettre en route. Mais Julien Duval, Carlos Martins, Olivier Paul et Bénédicte Simons, très habiles, même s’ils n’ont pas du tout l’âge du rôle, arrivent à endosser de nombreux personnages et à rendre la peur et les angoisses du petit Olivier. Et il y a vraiment une réelle poésie dans les belles scènes où Olivier rencontre le Roi et la princesse.
Ce qui fonctionne moins bien : l’utilisation-inutile, voire carrément nuisible-de micros HF, même si la musique et les bruitages sont souvent intéressants, une scénographie et des costumes, disons approximatifs, alors qu’ils s’avèrent pourtant essentiels, surtout dans une réalisation de «théâtre en famille à partir de six ans». Bref, on aurait aimé que la fantaisie et un grain de folie soient davantage au rendez-vous. Mais bon…

 Philippe du Vignal

TnBA-Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine jusqu’au 2 décembre.
Agora, Pôle national des Arts du cirque de Boulazac,  le 27 février.

 

 

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