Holywood boulevard libre adaptation de Sunset Boulevard de Billy Wilder et mise en scène de Franck Berthier

Hollywood boulevard, libre adaptation de Sunset Boulevard de Billy Wilder et mise en scène de Franck Berthier

 

© Mathilde Daudet

© Mathilde Daudet

Sunset Boulevard (1950) réalisé et coécrit par Billy Wilder, porte le nom du célèbre Sunset Boulevard, une longue avenue sinusoïdale qui traverse Los Angeles sur 39 kms  et d’où son nom, où on peut voir le coucher du soleil sur l’Océan Pacifique. Avec, excusez du peu: William Holden en scénariste sans travail et Gloria Swanson en ancienne vedette de cinéma muet qui n’a plus de rôle mais qui veut croire encore qu’elle redeviendra célèbre. Il y a aussi Eric von Stroheim, Buster Keaton; et le réalisateur de Ben Hur, Cecil B. de Mille et la chroniqueuse de journaux à scandales, Hedda Hopper qui, eux, jouent leurs propres rôles. Considéré comme un classique, le film montre les illusions de ceux qui acceptent d’entrer l’industrie du cinéma américain et qui y laissent le plus souvent leur  identité, voire leur vie.

Franck Berthier a eu l’idée de reprendre le thème de l’œuvre de Billy Wilder mais aussi de loin, celui d’Opening night, (1977) le fameux film de John Cassavettes. Il y a ici Sam Murray, un producteur (Arben Bajraktaraj), Max von Shadows, un réalisateur maintenant sans le sou (Jean-Marie Galey), Stella Lester, une jeune comédienne déjà star mais complètement paumée, clone de Maryline Monroë, (Magali Genoud), la journaliste de feuilles à scandales Hedda Hopper (Marie-Christine Letort), et surtout Francine Bergé, remarquable en Lily Lawrence, actrice plus très jeune à la dérive mais par moments lucide, qui jette un regard désespéré sur sa vie… Sur fond de sexe et de fric omniprésent dans une industrie-fleuron du capitalisme, où rien n’est très propre.
Mais transposer un scénario de film au théâtre pour traiter d’un thème aussi exploité, était sans doute mission impossible. L’«écriture de plateau» comme on dit maintenant, ou collective,  a encore frappé et les dialogues sont d’une pauvreté affligeante.

Franck Berthier enfile clichés et lieux communs dans une série de petites scènes sans fil rouge évident et surtout sans aucun rythme. Cette maladroite adaptation ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà, même quand il dit vouloir «brouiller la frontière entre illusion et réalité».  D’autant plus que les références au film de Billy Wilder sautent aux yeux… Le metteur en scène s’est aussi inspiré d’Opening Night, afin, dit-il,«d’explorer le cinéma comme espace du fantasme. » (…) « À travers la perte de soi et du réel, le personnage de Norma interroge au-delà de son aventure la difficulté du métier d’acteur dans un monde implacable. » Mais rien à faire, ici, nous n’avons pas senti cette dimension existentielle.

Il y a une intelligente scénographie signée Manuelle Bauduin : un plateau incliné, en lattes de bois gris éclairé par les belles lumières de Mireille Dutrievoz mais ces presque deux heures n’en finissent plus, même s’il y parfois de belles images inspirées de cadrages de cinéma, et malgré une dernière scène directement inspirée de Sunset Boulevard; là, enfin! il commence à se passer quelque chose sur le plan scénique. Les comédiens rigoureux et qui ont tous une diction et gestuelle parfaite, essayent de sauver les meubles, mais, bon à l’impossible nul n’est tenu, et une fois de plus, le mariage entre cinéma et théâtre ne fonctionne pas. Dommage…

Philippe du Vignal

Spectacle joué du 12 au 15 décembre, à la Comédie de Picardie, 62 rue des Jacobins, Amiens. T : 03 22 22 20 20.
Espace Saint-André à Abbeville le 9 janvier.

 


Archive pour 18 décembre, 2017

Holywood boulevard libre adaptation de Sunset Boulevard de Billy Wilder et mise en scène de Franck Berthier

Hollywood boulevard, libre adaptation de Sunset Boulevard de Billy Wilder et mise en scène de Franck Berthier

 

© Mathilde Daudet

© Mathilde Daudet

Sunset Boulevard (1950) réalisé et coécrit par Billy Wilder, porte le nom du célèbre Sunset Boulevard, une longue avenue sinusoïdale qui traverse Los Angeles sur 39 kms  et d’où son nom, où on peut voir le coucher du soleil sur l’Océan Pacifique. Avec, excusez du peu: William Holden en scénariste sans travail et Gloria Swanson en ancienne vedette de cinéma muet qui n’a plus de rôle mais qui veut croire encore qu’elle redeviendra célèbre. Il y a aussi Eric von Stroheim, Buster Keaton; et le réalisateur de Ben Hur, Cecil B. de Mille et la chroniqueuse de journaux à scandales, Hedda Hopper qui, eux, jouent leurs propres rôles. Considéré comme un classique, le film montre les illusions de ceux qui acceptent d’entrer l’industrie du cinéma américain et qui y laissent le plus souvent leur  identité, voire leur vie.

Franck Berthier a eu l’idée de reprendre le thème de l’œuvre de Billy Wilder mais aussi de loin, celui d’Opening night, (1977) le fameux film de John Cassavettes. Il y a ici Sam Murray, un producteur (Arben Bajraktaraj), Max von Shadows, un réalisateur maintenant sans le sou (Jean-Marie Galey), Stella Lester, une jeune comédienne déjà star mais complètement paumée, clone de Maryline Monroë, (Magali Genoud), la journaliste de feuilles à scandales Hedda Hopper (Marie-Christine Letort), et surtout Francine Bergé, remarquable en Lily Lawrence, actrice plus très jeune à la dérive mais par moments lucide, qui jette un regard désespéré sur sa vie… Sur fond de sexe et de fric omniprésent dans une industrie-fleuron du capitalisme, où rien n’est très propre.
Mais transposer un scénario de film au théâtre pour traiter d’un thème aussi exploité, était sans doute mission impossible. L’«écriture de plateau» comme on dit maintenant, ou collective,  a encore frappé et les dialogues sont d’une pauvreté affligeante.

Franck Berthier enfile clichés et lieux communs dans une série de petites scènes sans fil rouge évident et surtout sans aucun rythme. Cette maladroite adaptation ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà, même quand il dit vouloir «brouiller la frontière entre illusion et réalité».  D’autant plus que les références au film de Billy Wilder sautent aux yeux… Le metteur en scène s’est aussi inspiré d’Opening Night, afin, dit-il,«d’explorer le cinéma comme espace du fantasme. » (…) « À travers la perte de soi et du réel, le personnage de Norma interroge au-delà de son aventure la difficulté du métier d’acteur dans un monde implacable. » Mais rien à faire, ici, nous n’avons pas senti cette dimension existentielle.

Il y a une intelligente scénographie signée Manuelle Bauduin : un plateau incliné, en lattes de bois gris éclairé par les belles lumières de Mireille Dutrievoz mais ces presque deux heures n’en finissent plus, même s’il y parfois de belles images inspirées de cadrages de cinéma, et malgré une dernière scène directement inspirée de Sunset Boulevard; là, enfin! il commence à se passer quelque chose sur le plan scénique. Les comédiens rigoureux et qui ont tous une diction et gestuelle parfaite, essayent de sauver les meubles, mais, bon à l’impossible nul n’est tenu, et une fois de plus, le mariage entre cinéma et théâtre ne fonctionne pas. Dommage…

Philippe du Vignal

Spectacle joué du 12 au 15 décembre, à la Comédie de Picardie, 62 rue des Jacobins, Amiens. T : 03 22 22 20 20.
Espace Saint-André à Abbeville le 9 janvier.

 

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