Ça occupe l’âme, texte et mise en scène de Marion Pellissier
Festival Impatience:
Ça occupe l’âme, texte et mise en scène de Marion Pellissier
Dans un cube avec deux murs noirs, juste une chaise tubulaire d’école, et un drap blanc chiffonné au sol. Il y a déjà quand on arrive, un homme chauve à la barbe noire fournie, et une jeune femme au crâne rasé, tous deux juste vêtus d’un slip couleur chair et d’un bandeau noir au bras, très laid mais contenant le matériel technique pour la transmission par micro HF. Sans doute indispensable, vu la dimension de la salle : quelque cent places! Bon, passons…
On croit comprendre-malgré une diction des plus approximatives des acteurs-que, séquestrés pour d’obscures raisons, et comme ils n’ont rien d’autre à faire d’un présent qui leur échappe, l’homme et la femme se réfugient dans un passé commun ou personnel. Ils évoquent leurs souvenirs et notamment de lointaines vacances en Grèce. De temps en temps, grande nouveauté! des images vidéo de ce couple déjà filmées, ou reproduisant d’en haut ce que nous voyons sur le petit plateau: bref, la mise en scène, malgré une grande précision, enfile tous les poncifs du spectacle contemporain!
Des bruits électroniques d’explosion veulent rappeler la présence des ravisseurs, des flashs de lumière rouge face public et des images vidéo d’incendie veulent sans doute signifier un tragique… qui nous laisse de glace. « L’auteure et metteuse en scène (qui a travaillé entres autres avec Thierry Jolivet et Cyril Teste) manie le verbe et l’image, dit la note d’intention, et recourt à la vidéo pour éclairer les trahisons du passé et du présent, aussi bien que les mensonges de survie”. (sic) “ Nimbée d’étrangeté, cette création de Marion Péllissier se situe aux confins de l’écriture dramatique et cinématographique” (resic).
Vous avez dit : étrangeté? Que nenni! Tous aux abris! Quelle prétention! Tout le monde n’est pas le grand Cyril Teste et cette mise en scène forcément statique vu l’espace très limité, avec une relation entre vidéo et théâtre des plus conventionnelles, ne fonctionne absolument pas. Et cette logorrhée permanente, que ce soit dans les récits-en particulier, celui d’un chat qui regarde le couple-ou les minces dialogues, devient vite insupportable, tant l’écriture, qui ne fait jamais vraiment sens, est d’une rare indigence: “Mais, putain, va te faire foutre, tu ne te souviens de rien”.
Bref, notre âme n’a pas pas été occupée une seconde! Un spectateur exaspéré s’est enfui au bout de dix minutes; nous sommes restés courageusement une petite heure mais, comme aucune amélioration ne se dessinait à l’horizon, nous avons quitté la partie, en même temps qu’une jeune fille qui s’est dite “écœurée par tant de médiocrité”. Restent deux questions: pourquoi la DRAC Occitanie et l’OARA Nouvelle Aquitaine ont-ils soutenu ce projet et pourquoi a-t-il été sélectionné au festival Impatience et présenté au Cent-Quatre? Le théâtre contemporain est décidément plein de mystères!
En tout cas, comme la vie est courte et n’est pas, comme dit la Bible, “un long fleuve tranquille”, vous pouvez donc vous épargner sans aucun état d’âme, le chef-d’œuvre de cette compagnie soi-disant émergente…
Philippe du Vignal
Le Cent-Quatre 1 rue Curial Paris XIXème, jusqu’à ce soir 20 décembre. T: 01 35 50 00