Perceval le Gallois, d’après le roman Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, mise en scène de Laure Favret

 

Perceval le Gallois,  adaptation de Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes et mise en scène de Laure Favret, musique de Jean-Yves Berhnard

1492763972037_photo_perceval_le_gallois_copyright_ville_de_romainville Le célèbre roman-poème (1190) raconte l’histoire d’une jeune garçon élevé au fin fond d’une forêt du pays de Galles par sa mère qui a perdu son mari et ses deux autres fils au combat. Et  qui veut donc le protéger des luttes meurtrières. Mais il va justement rencontrer trois chevaliers, et émerveillé, va quitter sa mère malgré ses supplications et se rendre à la cour du Roi Arthur à Carduel. En route, il provoque la jalousie de l’Orgueilleux de la Lande qui jure qu’il se vengera.
Il tue aussi le chevalier Vermeil,  un ennemi du roi Arthur et prend son armure puis quitte le château. Un certain Gornemant de Gorhaut lui offre l’hospitalité, l’initie aux armes et  lui enseigne les façons de se conduire comme un véritable chevalier : entre autres protéger les dames et épargner un ennemi vaincu. Il lui conseille aussi de ne pas trop parler. Le beau et courageux Perceval continue à voyager et, à Beaurepaire, rencontre Blanchefleur qui devient son amoureuse. Mais il va partir parce qu’il veut aller voir si sa mère est toujours en bonne santé, et il promet à Blanchefleur de revenir et de l’épouser.

Perceval cherche un gîte et arrive dans un château et y rencontre un roi infirme, le Roi-Pêcheur qui lui offre un somptueux festin. Mais un valet arrive portant une lance qui saigne, puis une belle jeune fille qui, elle, porte une coupe : le Graal d’où surgit une lumière plus  éblouissante que le soleil. Bouleversé Perceval, prisonnier de l’éducation reçue de Guernemanz, n’ose demander la signification de ce cortège puis s’endort. À l’aube, en se réveillant, il trouve le château vide. Perceval reprend alors sa route, mais  voudrait élucider ce mystère qu’il a vécu et retrouver un jour le Graal.

Peu après il rencontre une jeune fille horrible qui reproche à Perceval de ne pas avoir interrogé son hôte à propos du Graal, car la question aurait eu le pouvoir de guérir le roi blessé. Elle lui apprend aussi la mort de sa mère.
 Perceval sombre alors dans la tristesse. L’Orgueilleux de la Lande qui le retrouve et veut le tuer mais  sort vaincu du combat avec Perceval. Le Roi Arthur part à sa recherche mais Perceval ne veut pas rester avec lui. Il rencontre un vieil ermite qui lui apprend qu’il a commencé à entrer dans le malheur quand il a quitté sa mère, morte ensuite de chagrin à cause de son départ. C’est la première partie de ce long roman.

Le texte de Chrétien de Troyes, comme le dit Laure Favret, est d’une richesse exemplaire, à la fois intelligent et plein de poésie et d’humour. Et quelque mille ans après avoir été écrit, il n’en finit pas d’être adapté par les cinéastes comme entre autres, Eric Rohmer et par les auteurs de BD. Moins au théâtre: même avec de grands moyens, cela tient effectivement un peu de la mission impossible.  « Je mets en scène, dit Laure Favret,  la chevalerie et le mysticisme sans cotte de mailles, sans pipeaux ni chevaux mais j’utilise pour les évoquer, musique électro-acoustique  et lumières. Nous jouons des codes anachroniques et variés (…) La mise en scène simple et fluide, met en valeur des chevaliers en jean, plein de désirs et  de doutes.”

 Sur le plateau effectivement rien ou presque : une scène bi-frontale et des praticables bas pour cinq acteurs, et le compositeur- musicien Jean-Yves Berhnard. Et des jeux de lumière sophistiqués de Corentin Schrickle. Quelques petits accessoires et aucun autre costume que des jeans et T-shirts avec une bande adhésive portant le nom du personnage que les comédiens fixent selon le besoin de la scène. Laure Favret a imaginé une mise en scène avec  des récits en alternance  et des scènes jouées directement tirées du roman par quelque vingt personnages.

Et cela donne quoi: du meilleur pour certaines scènes, quand, par exemple, Perceval rencontre Blanchefleur, ou le Roi-Pêcheur. La direction d’acteurs est rigoureuse ; Nicolas Struve (Arthur, Le Roi-Pêcheur, l’Ermite, etc. est comme d’habitude excellent, et Claire Sermonne (La jeune fille, Blanchefleur) a une belle et forte présence. Mais le reste de la distribution est moins convaincant. Et mettre tout le monde en jeans et T-shirt (ici d’une rare laideur) est une vieille, facile et très mauvaise recette. Comme le disait le grand Jérôme Savary: “Si c’est pour voir sur scène ce qu’on voit tous les jours dans la rue, cela ne m’intéresse pas.”

Le travail théâtral est certes bien mené, avec une bonne énergie mais la poésie de Chrétien de Troyes, à part quelques beaux moments, a du mal à émerger. Et malgré la présence d’un musicien sur scène, l’ensemble a quelque chose d’un peu sec et démonstratif, du genre: essayons de voir ensemble  comment on peut, juste avec une scène bi-frontale (dont on ne voit pas bien l’intérêt) recréer  en une heure vingt, cette fameuse histoire de quête personnelle, d’errance dans un monde inconnu et de rencontres insolites pour le meilleur et pour le pire, mais aussi de charité et de merveilleux.  

Mais là, désolé, même si chacun fait son boulot, on reste sur sa faim. Et la dramaturgie n’est pas toujours d’une grande clarté pour qui n’a pas déjà lu le texte. Et pas sûr que cela touche vraiment le jeune public. Tout se passe en fait comme si on assistait à la première étape finale d’un travail théâtral intéressant mais encore à poursuivre… Dommage.

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 22 décembre au Théâtre Berthelot de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

 


Archive pour 27 décembre, 2017

Festival Impatience : Saison 1 épisodes 1, 2 et 3, écrit et conçu par Florence Minder

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Festival Impatience :

 Saison 1 épisodes 1, 2 et 3,  écrit et conçu par Florence Minder

 Une série théâtrale, à la fois originale et ambitieuse… Premier épisode : une femme seule à sa table (Florence Minder), devant un ordinateur et un micro, en veste pailletée, annonce le déroulement de la soirée : l’important, dit-elle, c’est l’histoire. Après avoir géré les retardataires et les quintes de toux, elle entre dans le vif du sujet et nous embringue dans un récit rocambolesque de voyage organisé, avec prise d’otage doublée d’un viol…

On écoute, attentif mais en pensant que deux heures de monologue devant une table, cela risque d’être long ! Elle termine en fermant ostensiblement son ordinateur, ménageant le suspense. Enchaînement rapide avec l’entrée d’un deuxième personnage (Sophie Sénécaut)  des plus loufoques qui redynamise le spectacle. La série bascule alors dans un grand n’importe quoi à la sauce belge. On rit beaucoup, malgré le relâchement de l’écriture et la tension nerveuse entretenue à l’épisode 1 se change en glossolalie poussée jusqu’à absurde.

 Au troisième chapitre, on quitte Sophie Sénécaut avec regrets : le danseur Pascal Merighi (issu du Tanztheater de Pina Bausch) rejoint Florence Minder. La belle énergie de la deuxième partie retombe,  le discours est plus sérieux, plus difficile à entendre aussi et peu compatible avec la danse. La mise en scène de Florence Minder souffre en effet d’une construction bancale : il y a des sautes d’intensité, ce qui brouille l’objectif initial… et on perd en route la notion de série. Malgré cela,  il y a la belle énergie des acteurs-danseurs, notamment de Sophie Sénécaut : virevoltante, elle sème sur le plateau une folie et une loufoquerie bienvenues.

 Julien Barsan

Spectacle vu au Cent Quatre, 1 rue Curial, Paris XIXème.

Méduse du collectif Les Bâtards Dorés a remporté à la fois le prix du public et le prix du jury de festival Impatience.

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