Rendez-vous de Bruno Fougniès, mise en scène de Rubia Matignon

Crédit Photo Pierre François

Crédit Photo Pierre François

 

Rendez-vous de Bruno Fougniès, mise en scène de Rubia Matignon

 Dans cet ancien ciné-théâtre de l’Association Fraternelle des Chemins de fer français, Jean-Claude Auclair, producteur de spectacles, a voulu faire revivre l’Alhambra, un célèbre music-hall situé non loin de là, et disparu dans les années soixante. Séduit par ce lieu au charme désuet, il a rénové la grande salle pour l’ouvrir aux musiques actuelles. Au programme: des concerts et comédies musicales. Et il vient aussi d’ouvrir, au premier étage, un espace pour les spectacles de format réduit.

Rendez-vous a inauguré cette petite scène. Deux femmes débarquent, à l’invitation d’un homme qui leur a adressé à chacune, la même lettre. Et elles vont se disputer encore ce vieil amant, en rivales qu’elles furent jadis. Elles s’affrontent puis deviennent complices, quand elles découvrent, stupéfaites que leur ex a perdu la mémoire. Ensemble, elles vont l’aider à retrouver ses souvenirs en fouillant dans leur passé commun, quand ils triomphaient tous les trois dans un music-hall dirigé par ce chanteur frappé aujourd’hui d’amnésie. De cette situation triangulaire convenue, l’auteur a su tirer une comédie légère et insolite, toute en demi-teintes, et sans la vulgarité et les bavardages qui caractérisent souvent ce genre de répertoire.

Le direction d’acteurs est rigoureuse, et la mise en scène se tient. La rousse et pulpeuse Catherine Toublanc, et la brune et piquante Lola Accardi bougent et chantent avec aisance et l’on retrouve, avec un brin de nostalgie, dans la dernière partie, les airs qui firent les belles heures des cabarets parisiens de l’après-guerre. Le lieu se prête à cette ambiance et, utilisé au mieux, ce petit espace permet au public d’avoir une grande proximité avec les artistes qui les entraînent,  à entonner  les chansons bien connues de ces années-là…

 Mireille Davidovici

L’Alhambra, 21 rue Yves Toudic, Paris Xème T. 01 40 20 40 25,  jusqu’au 21 mars, tous les jeudis.

 

 


Archive pour décembre, 2017

Trust-Karaoké panoramique,d’après Trust de Falk Richter, mise en scène de Maëlle Dequiedt

Trust-Karaoké panoramique, d’après Trust de Falk Richter, traduction d’Anne Monfort, mise en scène de Maëlle Dequiedt

Crédit Photo : Jean-Louis Fernandez

Crédit Photo : Jean-Louis Fernandez

 L’office de production Prémisses et le Théâtre de la Cité internationale  à Paris ont réalisé une opération de soutien aux jeunes artistes de théâtre, le dispositif Cluster. Les équipes choisies pour en bénéficier, La Phénoména et le collectif Marthe, sont entrées en résidence de création et d’action artistique pour trois saisons. Et programmées ce mois-ci et en janvier  prochain. Avec un accompagnement du développement artistique et de la structuration de la compagnie et de la diffusion de ses spectacles.

Cette création d’après Trust de Falk Richter a été mise en scène de façon tonique par Maëlle Dequiedt dont la compagnie a un œil acéré sur notre société, à la façon narquoise de Falk Richter. La crise économique et l’ultra-libéralisme désagrègent la vie sociale et créent un pseudo-savoir vivre réservé à soi-même… une vision bien entendu erronée. D’où une perte de confiance dans un Etat qui ne protège pas les plus fragiles. Quelle est la valeur de l’argent quand il ne signifie plus rien, sinon pour les plus malins qui jonglent au mieux avec des opérations financières juteuses? S’ensuit donc une perte de confiance en l’autre et en ses propres sentiments amoureux. Vivre revient alors à s’unir et à se désunir, naturellement, et de plus en plus vite, dans un apprentissage égaré de soi qui fait de l’individualisme, un pseudo-idéal de liberté.

Un narrateur, micro en main, va et vient sur la scène (Youssouf Abi-Ayad), et suit les personnages pour les présenter au public, avant qu’ils ne s’expriment eux-mêmes avec détermination. Il y a ici un animateur karaoké, un  directeur d’entreprise et un chef de groupe révolutionnaire. L’un plus âgé (Quentin Barbosa) joue au golf et raconte ses rencontres décevantes avec des jeunes gens qui ne pensent qu’à obtenir un contrat de travail.  Un chercheur au bonnet vissé sur la tête (Romain Darrieu ou Romain Pageard, en alternance), une pile de journaux à ses pieds pour se documenter, écrit sur la crise. Les garçons et filles qui l’entourent, lancent des slogans.

 Mathilde, une experte financière (Edith Mennetrier) traverse la planète avec sa valise roulante, et sûre de ses gains, rêve de faire sauter Wall Street. Une  pianiste (Pauline Haudepin) joue avec tact des mélodies, entre autres de John Cage. Une jeune sportive (Maud Pourgeois) cherche de l’argent et un être à aimer. Tous se croisent, passent d’un espace à l’autre, et s’amusent de menus objets qu’ils fabriquent comme des billets de banque de couleur rouge, métaphore ironique des billets d’amour qui ne s’échangent plus guère, leur dévaluation étant trop manifeste… Les paroles se croisent à travers monologues et dialogues, dans des échanges verbaux et gestuels qui contribuent au rapprochement, puis au détachement physique.

 Distanciation du jeu, ironie moqueuse et douleur sous-jacente : des postures éloquentes. Certains se sont aimés par le passé et ne se reconnaissent plus, poussés à vivre sexuellement, sans même s’assurer un minimum existentiel. Les personnages deviennent ainsi des marionnettes que l’on manipule. Perte de sens et de repères: ces jeunes gens disent ici toute leur souffrance, et lucides, revendiquent avec force une vie meilleure et plus sensible.

La scénographe Heidi Folliet a imaginé des espaces ouverts et exposés-on peut voir des scènes intimes derrière ces parois glissantes transparentes que l’on peut taguer- et ce sont aussi parfois des refuges pour les solitaires. Entre danse, chant, karaoké et déclamation, le spectacle a une belle énergie et un engagement de ses acteurs qui cherchent à savoir pourquoi leurs personnages vivent.

Véronique Hotte

Théâtre de la Cité Internationale, 17 boulevard Jourdan,  Paris XIVème, du 8 au 22 décembre.T. : 01 43 13 50 50.

 

 

Play chorégraphie d’Alexander Ekman

© Ann Ray / OnP

© Ann Ray / OnP

 

Play chorégraphie d’Alexander Ekman

Les jeux de ballon entre spectateurs et artistes occupent les scènes parisiennes en cette fin d’année, comme dans le Slava’s Snow Show présenté au 13 ème Art (voir Le Théâtre du Blog) et Play au Palais Garnier. Etablissement public, l’Opéra de Paris séduit de plus en plus les financeurs privés  qui ont loué pour dix ans, un petit Foyer de repos à une entreprise spécialisée dans le son, alors qu’un restaurant occupe déjà un des deux grands salons! Mais cela permet de financer, entre autres, la création d’Alexander Ekman qui nous invite à d’autres formes de jeux.

Cette aventure collective expérimentale pour trente-sept danseurs divise la critique et le public qui, majoritairement debout aux saluts, semble heureux d’avoir échangé quelques balles jaunes et vertes avec les danseurs. Le spectacle, trop long et parfois brouillon, propose quelques beaux moments de liberté. La scénographie très réussie qu’a imaginée le chorégraphe suédois nous fait découvrir l’immense scène du Palais Garnier peinte en blanc comme le sont les costumes  au premier acte. Sur la mezzanine en fond de scène, les musiciens et la choriste interprètent une création originale de Mikael Karlsson et des cubes blancs descendent des cintres.  «L’existence, le monde sensible est ludique par nature», dit  Alexander Ekman, citant Alan Watts. «Si vous n’aviez pas joué le jeu… il n’y aurait pas de jeu», ajoute le chorégraphe qui milite pour le jeu et la danse comme vecteurs de divertissement.

Il faut d’emblée entrer dans ce monde ludique où la danse n’est parfois qu’un alibi, sous peine d’y rester extérieur. La plupart des spectateurs acceptent ce principe, tout comme les danseurs qui, même si leur excellence technique reste un peu sous-exploitée, ont beaucoup improvisé pour créer ces tableaux où on découvrons un cosmonaute avec son drapeau blanc, un clown, une reine, un groupe de danseuses aux têtes surmontées de bois et traversant gracieusement le plateau comme des antilopes ou encore une danseuse en tutu, seule référence à la danse classique.

L’esthétique très étudiée de ce spectacle nous a séduit. «Les personnages sont globalement désirés par Alexander Ekman, précise Xavier Ronze, créateur des costumes. Je lui ai fait des propositions comme pour toutes les créations. Le premier acte est volontairement blanc, ce qui donne beaucoup de relief à la couleur, et particulièrement au vert des balles. Le deuxième acte est volontairement gris et sombre. J’ai dessiné un costume avec des variations  pour évoquer l’uniforme et le tailleur, sans l’illustrer et en le détournant…fausses cravates, tailles hautes, fonds de plis des jupes plus sombres ou plus clairs». Jouer comme un enfant tout en étant adulte, est le fondement de ce spectacle; les danseurs et tous les artistes se sont adaptés à cette idée du chorégraphe, qui réalise ainsi son rêve personnel: faire du Palais Garnier, le temps d’une soirée, une vaste cour de ré-(création)!

Jean Couturier

Opéra-Garnier, Paris VIIIème, jusqu’au 31 décembre.
Operadeparis.fr              

Bacchantes / Prélude pour une purge d’après Euripide, chorégraphie de Marlene Monteiro Freitas

 

Bacchantes/Prélude pour une purge d’après Euripide, chorégraphie de Marlene Monteiro Freitas

 Il faut beaucoup chercher pour trouver une trame dramatique commune à ce spectacle débridé, en forme de farce carnavalesque, avec la tragédie grecque. « Nous avons travaillé avec, et à partir de la pièce d’Euripide, précise la chorégraphe capverdienne, à la jonction d’états, de tensions, sur un plan davantage émotionnel ou sensuel, que dans une perspective de sens».

 Autour d’elle, douze danseurs et musiciens se lancent dans une fresque musicale et gestuelle, agités d’un mouvement  continu, jusqu’au bout de leur énergie. Cette grande fête, drôle mais aussi cruelle, est orchestrée par Dionysos pour se venger de son cousin, le roi de Thèbes, Penthée, qui ne veut pas reconnaître sa nature divine. Personne dans la Cité ne veut croire que Dionysos est le fils de Zeus et de Sémélé, lui que Zeus recueillit dans sa cuisse, après qu’Héra a frappé de la foudre sa rivale enceinte, fille du précédent roi de Thèbes, Cadmos.

Peu importe qui est qui, et qui fait quoi ici: de cette fiction du Vème siècle avant J.C., peu lisible de nos jours, reste une vibrante bacchanale, composée de séquences minutieusement réglées qui s’enchaînent à une allure vertigineuse. Avec des solos ou scènes chorales soutenus par cinq trompettistes et les rythmes de percussionnistes (batterie électronique, woodblocks, instruments de fortune).

Les maquillages et mimiques des artistes vont du grotesque au Grand Guignol, parodiant les rituels de la Grèce antique, à la jonction  d’extrêmes tensions et de relâchements de l’énergie. Plus qu’à l’intrigue, Marlene Monteiro Freitas s’intéresse aux états de possession et aux métamorphoses subis par des personnages des Bacchantes (Dionysos, Penthée, Cadmos, Tiresias), à la polarité Dionysos/Apollon,  et à l’hybridation des genres, voire à leur inversion. La sexualité sous-tend le spectacle mais s’exprime sans vulgarité. Les pupitres de musique, seuls éléments de décor, deviennent phallus, triangles pubiens mais peuvent aussi faire office de machines à écrire, parapluies, violons…

 La musique ici, mène la danse : sa force et son intensité tiennent lieu d’action, et comble parfois certains passages à vide de ce ballet. Souvent sous forme de citations, elle ose aussi le mélange de styles et le jazz côtoie l’opéra ou la « variété ». Parfois le ballet enchaîne les morceaux de bravoure comme les dix-sept minutes finales: chorégraphie paroxystique sur le  Boléro de Maurice Ravel, joué dans son intégralité par l’ensemble des interprètes.

 Le public, invité à ce grand carnaval, exulte, et aux saluts, se lève d’un seul mouvement, pour remercier les artistes de cette soirée festive et jubilatoire.

Mireille Davidovici

 

Nouveau Théâtre de Montreuil (Seine-Saint-Denis) T. : 01 48 70 48 90 , du 18 au 21 décembre.
www.nouveau-theatre-montreuil.com (dans le cadre du festival Mesure pour Mesure et du festival d’Automne à Paris).
Les 25 et 26 janvier, Norrlands Operan, Umea (Suède) et le 2 février, Le Parvis, Tarbes

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En manque, texte et mise en scène de Vincent Macaigne

 

En manque, texte et mise en scène de Vincent Macaigne

7b9aa2db2c70b265593025518f923c42Cela semblerait parler de l’actualité, de l’écart grandissant dans le monde entier entre très riches et très pauvres, et de cette nouvelle fonction de l‘art qui consiste à «défiscaliser» les revenus, en permettant aux super-riches de le devenir plus encore par le jeu d’un impôt moindre et d’un nouveau produit spéculatif, la collection. L’apothéose: une Fondation qui en offre la contemplation aux gens d’en bas.

Encore un conte, pour vieux enfants énervés. Il était une fois Madame Burini, richissime collectionneuse devenue milliardaire, partie d’ “en bas“, la Vallée, et qui, montée à Gstaad, emblème de la richesse à l’abri de l’impôt, est redescendue faire don aux pauvres d’une installation de copies de Caravage, avec en bonne place, un David et Goliath… Mais une horde révolutionnaire (dont la fille de la dame) sous le saint patronage de Che Guevara, viendra saccager toute la galerie.

On assiste d’abord à une parade de foire: sur un élévateur de chantier, la dame en paillettes tonitrue au mégaphone les tristes (et plutôt drôles) vérités de ce monde : l’argent fou, l’imposture de l’art… Ensuite il y a une aimable déambulation de quelques spectateurs et figurants dans l’exposition. Suit un long récit de la fille, de magnifiques nuages de fumigènes diversement éclairés, quelques jolies vidéos familiales et la visite d’une enfant très à l’aise, rangée ensuite dans un coffre-fort par son père… Puis il y a une longue séquence en boîte de nuit, avec quelques spectateurs et beaucoup de figurants assez habiles pour effrayer le bourgeois sans lui faire de mal, sur fond de basses à faire trembler les gradins.

Tout cela formant la métaphore du spectacle scénographié par Vincent Macaigne lui-même : beaucoup de bruit pour rien, et une pensée qui court les rues, quand elle n’est pas un pur brouillard. Une très belle image quand même : celle d’un être pris dans les filets du monde d’en haut et qui cherche à naître au monde d’en bas, en même temps que crève la « poche des eaux » (ce que l’on attend depuis le début du spectacle !).

Alors ? Un spectacle à la fois naïf et roublard : «Aimez-vous, embrassez-vous», martèle-t-on au public, et puis : «Non, c’est une blague». Un spectacle saturé, de sons (parfois intéressants), de fumée et de lumières stroboscopiques. Pas de vol sur la quantité ni même sur la qualité, mais quantité et qualité de rien ! La nostalgie de la nostalgie, même reprise et retravaillée, et l’angoisse d’une avant-guerre, dite, mais que Vincent Macaigne trouve une forme réellement forte, ne parviennent pas à faire sens.

Il  affirme qu’il va peut-être lâcher le théâtre pour le cinéma et les arts plastiques : il a déjà fait des films mais en art, il n’en est pas encore à la radicalité cynique d’un Jeff Koons. Choisira-t-il d’être «idiot», comme le personnage de Fiedor Dostoïevski avec lequel il s’était trouvé quelques affinités, en montant un Idiot, il y a quelques années ? En tout cas, le public, plutôt froid l’autre soir, s’est trouvé en manque de théâtre, et même de questions sur le théâtre…

Christine Friedel

Grande Halle de la Villette, 211 avenue Jean Jaurès, Paris XIXème. T. 01 40 03 75 75, jusqu’au 22 décembre. En collaboration avec le Théâtre de la Ville hors-les-murs, et le Festival d’Automne.

Ça occupe l’âme, texte et mise en scène de Marion Pellissier

Festival Impatience:

 Ça occupe l’âme, texte et mise en scène de Marion Pellissier

 c,0,49,1380,830-cr,1380,720-q,85-a65c31Dans un cube avec deux murs noirs, juste une chaise tubulaire d’école, et un drap blanc chiffonné au sol. Il y a déjà quand on arrive, un homme chauve  à la barbe noire fournie, et une jeune femme au crâne rasé, tous deux juste vêtus d’un slip couleur chair et d’un bandeau noir au bras, très laid mais contenant le matériel technique pour la transmission par micro HF. Sans doute indispensable, vu la dimension de la salle : quelque cent places! Bon, passons…

On croit comprendre-malgré une diction des plus approximatives des acteurs-que, séquestrés pour d’obscures raisons, et comme ils n’ont rien d’autre à faire d’un présent qui leur échappe,  l’homme et la femme se réfugient dans un passé commun ou personnel. Ils évoquent  leurs souvenirs et notamment de lointaines vacances en Grèce. De temps en temps, grande nouveauté! des images vidéo de ce couple déjà filmées, ou reproduisant d’en haut ce que nous voyons sur le petit plateau: bref, la mise en scène, malgré une grande précision, enfile tous les poncifs du spectacle contemporain!

Des bruits électroniques d’explosion veulent rappeler la présence des ravisseurs, des flashs de lumière rouge face public et des images vidéo d’incendie veulent sans doute signifier un tragique… qui nous laisse de glace. « L’auteure et metteuse en scène (qui a travaillé entres autres avec Thierry Jolivet et Cyril Teste) manie le verbe et l’image, dit la note d’intention, et recourt à la vidéo pour éclairer les trahisons du passé et du présent, aussi bien que les mensonges de survie”. (sic) “ Nimbée d’étrangeté, cette création de Marion Péllissier se situe aux confins de l’écriture dramatique et cinématographique” (resic).

Vous avez dit : étrangeté? Que nenni! Tous aux abris! Quelle prétention! Tout le monde n’est pas le grand Cyril Teste et cette mise en scène forcément statique vu l’espace très limité, avec une relation entre vidéo et théâtre des plus conventionnelles, ne fonctionne absolument pas. Et cette logorrhée permanente, que ce soit dans les récits-en particulier, celui d’un chat qui regarde le couple-ou les minces dialogues, devient vite insupportable, tant l’écriture, qui ne fait jamais vraiment sens, est d’une rare indigence: “Mais, putain, va te faire foutre, tu ne te souviens de rien”.

  Bref, notre âme n’a pas pas été occupée une seconde!  Un spectateur exaspéré s’est enfui au bout de dix minutes; nous sommes restés courageusement une petite heure mais, comme aucune amélioration ne se dessinait à l’horizon, nous avons quitté la partie, en même temps qu’une jeune fille qui s’est dite “écœurée par tant de médiocrité”. Restent deux questions: pourquoi la DRAC Occitanie et l’OARA Nouvelle Aquitaine ont-ils soutenu ce projet et pourquoi a-t-il été sélectionné au festival Impatience et présenté au Cent-Quatre? Le théâtre contemporain est décidément plein de mystères!

En tout cas, comme la vie est courte et n’est pas, comme dit la Bible, “un long fleuve tranquille”, vous pouvez donc vous épargner sans aucun état d’âme, le chef-d’œuvre de cette compagnie soi-disant émergente…

Philippe du Vignal

Le Cent-Quatre 1 rue Curial Paris XIXème, jusqu’à ce soir 20 décembre. T: 01 35 50 00

 

La Tempête de William Shakespeare, version scénique de Jean-Claude Carrière, mise en scène de Robert Carsen

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La Tempête de William Shakespeare, version scénique de Jean-Claude Carrière, mise en scène de Robert Carsen

 Revenu au théâtre après de nombreuses réalisations d’opéra, le metteur en scène canadien signe ici une Tempête sobre, limpide et précise. « Le texte, dit-il, peut se lire à plusieurs niveaux; c’est l’un des plus mystérieux, des plus complexes et des plus poétiques du grand répertoire. Au fond, c’est un labyrinthe. »

Le scénographe Radu Boruzescu, son compagnon de longue date, a choisi la simplicité. Le rideau s’ouvre sur un espace uniformément blanc qui se referme, par un effet de fausse perspective, sur un écran en fond de scène. Prospero gît sur un lit d’hôpital : réveillé par sa fille Miranda, il se lève et se défait de sa cape magique, avant de lui raconter son histoire. Celle d’un monarque détrôné et jeté à la mer, avec sa fillette, par son propre frère, avant d’échouer sur une île déserte. Pendant son long monologue d’exposition, parfois interrompu par Miranda, surgissent des images d’un passé qui hante l’ex-roi de Milan, tandis que sur l’écran du fond se déchaîne une tempête. Tempête au dehors mais aussi sous le crâne du magicien qui va mener ses intrigue -par conséquent celle de la pièce- de main de maître, assisté par Ariel, un esprit aérien, ange blanc invisible aux yeux des autres personnages.

 Pour Robert Carsen, «Dans La Tempête, au fond, tout se passe dans le cerveau d’un homme ». Peut-être aussi rêve-t-il pendant un long sommeil. Dans l’espace immaculé où se projetteront les illusions créées par  l“art“ de Prospero, autrement dit le théâtre, le magicien fomente sa vengeance. Les personnages du passé et de la lointaine Italie apparaissent aux yeux des spectateurs, grâce à la fantasmagorie du cinéma, puis débarquent en chair et en os sur l’île, à la suite d’un naufrage provoqué par Prospero…  Comme les images vidéo de Will Duke, les costumes des rois et de leur suite sont noirs et blancs. Seules notes de couleur, dans la boîte claire de la scène, les matelots Stephano et Trinculo, échoués là, eux aussi, qui se livrent, avec Caliban, esprit sauvage de l’île, à des bacchanales arrosées. Ces scènes comiques se teintent de bruns de gris et de sépia, sur un plateau encombré d’ordures éparses rejetées par les vagues.

 L’agitation a envahi l’île déserte où Prospero régna pendant douze ans, en toute quiétude sur ses seuls habitants : Ariel, Caliban et sa fille. Le maître, aidé de son fidèle Ariel, ourdit des intrigues : idylle entre Miranda et Ferdinand, fils du roi de Naples et conspirations politiques.  Antonio, le roi de Milan, qui a volé le trône de son frère Prospero, va convaincre Sebastian, le frère d’Alonso, roi de Naples et père de Ferdinand, de tuer ce dernier pour prendre sa place. De même, Caliban complote l’assassinat de Prospero avec les deux ivrognes pour se libérer de son maître tyrannique.

 Robert Carsen n’a pas recours ici à des effets spéciaux et ne privilégie pas l’aspect merveilleux de la pièce mais en fait une lecture personnelle, très claire : «Il y a certains aspects de la mise en scène avec lesquels je tente de donner des clés pour comprendre ce qui se passe dans la tête de Prospero. Mais il ne cesse jamais de faire de la politique. Prospero est en quelque sorte resté bloqué, traumatisé par sa destitution de son trône milanais. » Pour le metteur en scène, c’est la question du pouvoir qui obsède ce maître manipulateur. Et que Shakespeare abordait dans l’une de ses ultimes pièces, dont l’épilogue résonne comme un adieu au théâtre avec son :« Let your indulgence set me free » (Que, par votre indulgence à la fin, je sois libre » .

 Pour cette fin un peu convenue où Prospero pardonne à ses ennemis, on s’attarde plus sur les images que sur les mots. Comme celle, saisissante, où le metteur en scène résume l’emprise du maître magicien sur Ariel et à Caliban, esprits opposés et complémentaires, l’un céleste, l’autre tellurien, en faisant coïncider le corps des trois acteurs en un seul. Derrière Michel Vuillermoz, disparaissent Christophe Montenez (Ariel) et Stéphane Varupenne (Caliban). En les libérant, Prospero demeuré seul, va s’évanouir dans la blancheur des murs qui enferment l’espace.

 La métaphore de la magie théâtrale revient plusieurs fois dans la pièce : ainsi Prospero s’adresse à la salle, et sort de son rôle pour parler de l’acte théâtral, notamment avec le fameux :  « We are such stuff as dreams are made of » (Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves). » L’artiste, semble s’avancer plus que d’ordinaire pour venir à nous, et, par conséquent, en le rencontrant, lui, et en le touchant, nous avons l’impression d’être encore plus près de rencontrer et de toucher l’homme, écrivait Henry James à propos de la Tempête ».

Maîtrise du temps et de l’espace, rythme et jeu rapide des acteurs : rien ici ne force l’onirisme de la narration qui reste fluide, grâce à une utilisation souple de la vidéo. La scène où apparaissent Junon et Cérès pour célébrer l’union entre Miranda et Ferdinand, allusion artificielle à la mythologie, intervient comme un insert ironique qui tranche avec le style général de la représentation. Certains éléments plus réalistes (poubelles sur la plage, malle et valises des naufragés)  renvoient à un fait divers contemporain de l’auteur : le naufrage du Sea Venture, en 1609, dont l’écho populaire fut retentissant. De même, Jean-Claude Carrière jongle sans lourdeur avec les différents styles de la pièce, et passe facilement de la prose à des vers rimés : «  Si l’adaptateur,  dit-il, s’efforce d’y trouver un sens, de mettre de l’ordre et de trouver, des références, il est perdu. Il faut serrer le chaos au plus près, sans craindre la vague ni la foudre. »

 Le public est lui aussi invité à se laisser porter par les événements, dans une agréable parenthèse de deux heures trente. Un univers sans fausse note, subtil et cohérent. Et esthétiquement parfait.

 Mireille Davidovici

 Comédie-Française, Salle Richelieu, 1 place Colette, Paris Ier T. : 01 44 58 15 15, jusqu’au 21 mai (en alternance)

www.comediefrancaise.fr

Slava’s Snowshow de Slava, mise en scène de Slava

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Slava’s Snowshow de Slava, mise en scène de Slava

 En France, on connait depuis longtemps Slava Polunine. Il a aujourd’hui soixante-sept ans et vit en Seine-et-Marne dans un ancien moulin à eau. En 1968 cet ancien étudiant ingénieur  a ouvert à Léningrad redevenu Saint-Pétersbourg, le studio de pantomime Licedein et crée sa compagnie de théâtre de clowns. Devenue le Teatr Seminyki (La Famille) que l’on avait vu en 2015 au Théâtre du Rond-Point. Slava’s Snowshow, nième version du spectacle créé en 1993, est jouée dans le monde entier et en France, toujours avec le même succès, au Casino de Paris, au Monfort, et au Trianon. Slava est aussi depuis quatre ans le directeur artistique du Cirque de Saint-Petersbourg.

 Sur scène, juste des châssis suspendus, et parfois quelques accessoires comme une petite table aux pieds inégaux, des perches. Dans cet univers d’inspiration surréaliste au jeu influencé par le mime Marcel Marceau, surgit Assissaï, un clown au nez rouge, chauve avec quelques cheveux hirsutes, habillé d’une sorte d’ample  barboteuse jaune cru, et de grandes chaussures noires plates.  Ici, pas de véritable scénario mais des variations brillantes, impeccablement réglées où on pressent l’angoisse de la solitude, et de la mort, même quand c’est très comique, comme le moment où il apparaît, son gros ventre percé de flèches, le tout  sur des musiques électroniques ou classiques .

 Assissaï, et ses huit  complices  sont identiquement habillés: long manteau vert, vieilles mitaines rouges trouées, chaussures noires toutes plates et démesurées. Ces pauvres hères aussi loufoques que lui,  sont comme accablés par le destin. Ils jouent de temps en temps un air sur de petits accordéons. Jamais un mot:  c’est un théâtre d’images  souvent d’une rare beauté, qui fait la part belle aux objets, comme ces gros ballons qui s’invitent sur la scène puis roulent dans la salle. Il y en même un transparent avec un clown à l’intérieur qui le fait avancer.

Le spectacle est mis en valeur par un jeu très précis et une lenteur maîtrisée comme autrefois dans Le Regard du Sourd de Bob Wilson, spectacle-culte (1970) et… contemporain de la création du Licedei ! Une tempête de neige qui se déchaîne, une autre de bulles de savon, et le déploiement d’une gigantesque toile d’araignée qui va couvrir le public le rendent tout de suite complice.
Les clowns se promènent sur les rangées de fauteuils, piquent au passage le sac d’une spectatrice, embarquent un petit garçon dans leurs bras, ou aspergent d’eau le public avec des bouteilles en plastique percées installées sur de vieux parapluies. Tout cela est un peu facile et on se demande bien pourquoi il y a un entracte dans ce spectacle inégal qui a des longueurs et répétitions. Donc un peu décevant. Et les places ne sont pas données: de quelque 74€! (carré 0r) à 36 € selon les jours!

Bref, tout se passe comme si Slava, qui ne joue d’ailleurs pas chaque soir, laissait un peu faire, bien qu’il soit présent à  toutes les représentations. Les petits enfants riaient souvent mais chez les adultes, l’accueil semblait plus mitigé. Nous n’avons pas retrouvé, malgré encore une fois des moments très forts et  une formidable beauté plastique, le charme poétique indéniable qui imprégnait autrefois Slava’s Snowshow  et bien entendu Semeniaki Express.
A vous donc de voir si cela vaut bien le coup.

Philippe du Vignal

Le Treizième art, Place d’Italie, Paris XIIIème,  jusqu’au 7 janvier.

 

Holywood boulevard libre adaptation de Sunset Boulevard de Billy Wilder et mise en scène de Franck Berthier

Hollywood boulevard, libre adaptation de Sunset Boulevard de Billy Wilder et mise en scène de Franck Berthier

 

© Mathilde Daudet

© Mathilde Daudet

Sunset Boulevard (1950) réalisé et coécrit par Billy Wilder, porte le nom du célèbre Sunset Boulevard, une longue avenue sinusoïdale qui traverse Los Angeles sur 39 kms  et d’où son nom, où on peut voir le coucher du soleil sur l’Océan Pacifique. Avec, excusez du peu: William Holden en scénariste sans travail et Gloria Swanson en ancienne vedette de cinéma muet qui n’a plus de rôle mais qui veut croire encore qu’elle redeviendra célèbre. Il y a aussi Eric von Stroheim, Buster Keaton; et le réalisateur de Ben Hur, Cecil B. de Mille et la chroniqueuse de journaux à scandales, Hedda Hopper qui, eux, jouent leurs propres rôles. Considéré comme un classique, le film montre les illusions de ceux qui acceptent d’entrer l’industrie du cinéma américain et qui y laissent le plus souvent leur  identité, voire leur vie.

Franck Berthier a eu l’idée de reprendre le thème de l’œuvre de Billy Wilder mais aussi de loin, celui d’Opening night, (1977) le fameux film de John Cassavettes. Il y a ici Sam Murray, un producteur (Arben Bajraktaraj), Max von Shadows, un réalisateur maintenant sans le sou (Jean-Marie Galey), Stella Lester, une jeune comédienne déjà star mais complètement paumée, clone de Maryline Monroë, (Magali Genoud), la journaliste de feuilles à scandales Hedda Hopper (Marie-Christine Letort), et surtout Francine Bergé, remarquable en Lily Lawrence, actrice plus très jeune à la dérive mais par moments lucide, qui jette un regard désespéré sur sa vie… Sur fond de sexe et de fric omniprésent dans une industrie-fleuron du capitalisme, où rien n’est très propre.
Mais transposer un scénario de film au théâtre pour traiter d’un thème aussi exploité, était sans doute mission impossible. L’«écriture de plateau» comme on dit maintenant, ou collective,  a encore frappé et les dialogues sont d’une pauvreté affligeante.

Franck Berthier enfile clichés et lieux communs dans une série de petites scènes sans fil rouge évident et surtout sans aucun rythme. Cette maladroite adaptation ne nous apprend rien que nous ne sachions déjà, même quand il dit vouloir «brouiller la frontière entre illusion et réalité».  D’autant plus que les références au film de Billy Wilder sautent aux yeux… Le metteur en scène s’est aussi inspiré d’Opening Night, afin, dit-il,«d’explorer le cinéma comme espace du fantasme. » (…) « À travers la perte de soi et du réel, le personnage de Norma interroge au-delà de son aventure la difficulté du métier d’acteur dans un monde implacable. » Mais rien à faire, ici, nous n’avons pas senti cette dimension existentielle.

Il y a une intelligente scénographie signée Manuelle Bauduin : un plateau incliné, en lattes de bois gris éclairé par les belles lumières de Mireille Dutrievoz mais ces presque deux heures n’en finissent plus, même s’il y parfois de belles images inspirées de cadrages de cinéma, et malgré une dernière scène directement inspirée de Sunset Boulevard; là, enfin! il commence à se passer quelque chose sur le plan scénique. Les comédiens rigoureux et qui ont tous une diction et gestuelle parfaite, essayent de sauver les meubles, mais, bon à l’impossible nul n’est tenu, et une fois de plus, le mariage entre cinéma et théâtre ne fonctionne pas. Dommage…

Philippe du Vignal

Spectacle joué du 12 au 15 décembre, à la Comédie de Picardie, 62 rue des Jacobins, Amiens. T : 03 22 22 20 20.
Espace Saint-André à Abbeville le 9 janvier.

 

Actrice, texte et mise en scène de Pascal Rambert

 

Actrice, texte et mise en scène de Pascal Rambert

Crédit Photo : Jean-Louis Fernandez

Crédit Photo : Jean-Louis Fernandez

 « Personnellement, écrit Samuel Beckett dans Premier Amour, je n’ai rien contre les cimetières, je m’y promène assez volontiers, plus volontiers qu’ailleurs, je crois, quand je suis obligé de sortir. » Il les préférait aux jardins publics…
Le public, en arrivant dans la salle, découvre de nombreux vases de fleurs fraîches posés sur un terre végétale renouvelée chaque semaine. Une vision inattendue, un saisissement énigmatique. Dans cette scénographie que l’on doit à Pascal Rambert, il y a profusion de fleurs fraîches: reines-marguerites, pivoines, orchidées, tulipes, lys, œillets, glaïeuls, anémones, bleuets, soucis, tournesols…

Jeunesse vive et beauté brève, la fleur, image du printemps, paraît encore plus éphémère. Les bouquets de fleurs au parfum entêtant inspirent un élan vital et un renouvellement. Forme, couleur, parfum, et toucher à travers la douceur imaginée des pétales: tous les sens sont perceptibles, sauf l’ouïe. Mais cette pléthore de fleurs exhale une senteur un peu passée.  Dans une sorte d’aller et retour entre la vision d’un espace pour  les morts  et celle d’une loge d’actrice. Sur un lit, gît une malade, veillée par ses parents âgés, à côté d’un marché aux fleurs aux couleurs éclatantes, belle signature de la vie. Et à un moment, tous les personnages dansent, portant des fleurs sur la tête, dans le dos, sur le buste, ou les jambes, vision shakespearienne du Songe d’une nuit d’été.

 Offrandes aux morts ou attention à la vivante qui a si bien joué sur scène, les fleurs entourent la comédienne qui s’éteint. Interprétée par la très vivante Marina Hands, lumineuse, malgré la faible santé de son personnage. Elle s’oppose aux médisances qui ont pu être égrainées sur l’art du comédien ; ainsi, «cette illusoire personnification des hommes rêvés », tel « ce mannequin nocturne et fardé qui joue tous les rôles tant par soir. » écrivait Guy de Maupassant, dans Fort comme la mort.

  L’actrice a des accents claudéliens quand elle clame son amour de la vie qui est le théâtre, comme le théâtre est sa vie, à la russe et au pied de la lettre. Entourée par sa famille : parents, sœur, beau-frère, compagnon, enfants, partenaires, collègues et par son professeur, elle incarne le don total aux planches, et oublie les exigences pratiques la vie au quotidien.

 Dans une scène magnifique, sa sœur, (émouvante Audrey Bonnet) reproche à la gisante de n’avoir jamais pensé qu’à elle, à travers le théâtre. Quant à l’actrice, debout et droite sur ses talons hauts, elle est partie pour travailler à des tâches humbles, jusqu’à atteindre le poste de dirigeante d’un hôtel au Monténégro. Des scènes comiques et loufoques viennent vivifier la représentation, quand les hommes boivent trop et en viennent à raconter et à mimer gestuellement n’importe quoi. Comédiens finlandais, italien et chinois jouent leur partition avec précision.

 La pièce a été écrite pour les acteurs russes du Théâtre d’Art de Moscou. Et dans le souvenir d’Anton Tchekhov et de sa Mouette, c’est un éloge des acteurs et de leur vie personnelle. Mais cet hommage sincère au Théâtre d’art tourne sur lui-même, et s’ouvre peu au monde et à ses crises brûlantes…

 Véronique Hotte

Théâtre des Bouffes du Nord, 37 bis boulevard de la Chapelle, Paris Xème, jusqu’au 30 décembre. T.: 01 46 07 34 50.

Le texte de la pièce est publié aux Solitaires Intempestifs

 

 

 

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