Pour Hélène, texte et mise en scène de Manos Karatzoyannis

 

Pour Hélène, texte et mise en scène de Manos Karatzoyannis

©karol jarek

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L’histoire d’Hélène Papadaki, célèbre comédienne grecque (1903-1944) est liée à deux faits bien distincts: d’abord sa vie dans une société qui ne donnait pas alors aux femmes certaines libertés, comme, par exemple, le fait de fumer ou d’être homosexuelle! Et sur les plan historique et politique, dans la Grèce de cette époque ravagée par la guerre civile et les problèmes sociaux, exister aux côtés de l’autre supposait un minimum de volonté chez une actrice pour partager des choses et vivre sous le même toit !

La méfiance régnait en effet un peu partout sous les traits de «l’ennemi», porteur de la différence. Celui qui diffère, qui n’est pas comme les autre-comme la majorité des gens-dérange l’harmonie superficielle des causes et des faits, et la Guerre civile déchirait en deux, puis en petits morceaux, le discours social de ceux qui cherchaient un terrain propice pour être en paix dans une vie ordinaire. Et Hélène Papadaki, héroïne tragique chez Manos Karatzoyannis, devient presque une victime expiatoire : le bourreau obéit aux ordres donnés par ceux qui propagent la bonne-ou la mauvaise-réputation. La comédienne, que l’on doit sacrifier, a pratiqué dans sa vie personnelle, un libertinage qui fut sa manière à elle, de provoquer ceux qui l’entouraient et qu’elle n’a jamais craint. Elle attirait tous les regards, sachant dans son moi profond qu’elle faisait des choses où elle risquait sa vie,  pour soulager ceux qui souffraient.

Malgré tout, elle n’arrivait pas à  faire plus attention et à cacher certaines habitudes, comme celle de fumer. Elle ne cherchait pas non plus à  faire oublier le fait qu’elle était lesbienne et n’imaginait pas un instant que son libertinage à elle, puisse nuire à qui que ce soit. Innocente, elle n’avait peur de personne car elle pensait n’avoir commis que de belles «fautes», comme son intervention auprès de l’ennemi, quand il avait fallu sauver un innocent.

Manos Karatzoyannis met en scène ce monologue où la grande comédienne se confesse devant le public, juste avant d’être assassinée. L’auteur-metteur en scène s’appuie sur l’émotion jaillie de ses paroles; dans cette fable et dans les mots qu’elle utilise, on sent chez Hélène Papadaki, une envie de faire valoir son argumentation et d’être à la fois, juge d’instruction et accusée dans un tribunal où elle aurait dû être citée, si l’ennemi l’avait permis…   

Maria Kitsou interprète avec une grande justesse, soutenue par les beaux éclairages d’Alexandre Alexandrou, le personnage d’Hélène Papadaki, tuée injustement, et porte  un costume caractéristique d’une femme libre d’esprit et de manières… Marios Makropoulos joue, lui, un interlocuteur muet, qui, à la fin de la pièce et dans le noir absolu, l’exécutera  de sang froid!

Nektarios-Georgios Konstantinidis

Théâtre Stathmos, 55 rue Victor Hugo, Athènes. T : . 0030 211 40 36 322.

 

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