My Ladies Rock, chorégraphie de Jean-Claude Gallotta
My Ladies Rock, chorégraphie de Jean-Claude Gallotta,
Après My Rock en 2015 (voir Le Théâtre du Blog), le chorégraphe revient aux musiques de sa jeunesse qui ont nourri ses créations. Moins nostalgique que dans la pièce précédente, où il apparaissait sur scène, Jean-Claude Gallotta évoque ici le versant féminin de l’histoire du rock et ressuscite les voix de celles, majoritairement américaines, qui «ont taillé leur chemin dans le roc», dans un univers «de mâles chargé de testostérone». «Le mouvement rock, dit-il, ne considérait pas les femmes, à la différence de la danse contemporaine née dans ce même pays et les mêmes années. (…) J’ai découvert des femmes extraordinaires, plus nombreuses que je m’y attendais, des femmes puissantes et créatrices que le pouvoir masculin a mis sous le boisseau. »
A commencer, dans les années cinquante, par Wanda Jackson, «tigresse fiévreuse» et Brenda Lee (Little Miss Dynamite), qui, à quatorze ans et haute comme trois pommes, chanta à l’Olympia en 1959. Autres bombes: Janis Joplin (1943-1970), succombant à une overdose à vingt-sept ans ou Marianne Faithfull et son Sister Morphine (1969) composé par son amant d’alors haï par la suite, Mick Jagger. Dans les années soixante-dix, Betty Davis (née Mabry), après un bref mariage avec Miles Davis, fit sortir le rock de l’apartheid, sur les traces d’Aretha Franklin. On retrouve aussi des personnalités à la marge, comme Patti Smith avec Because the Night ou Laurie Anderson avec une belle chorégraphie sur Love among the Sailors. Sortent ainsi de l’oubli, Nico, chanteuse du Velvet Underground, ou la punk parisienne Lizzy Mercier-Descloux (1956-2004). Mais l’inoxydable Tina Turner officie encore aujourd’hui…
Treize voix, auxquelles se mêlent les commentaires off de Jean-Claude Gallotta, treize portraits en mouvement, chacun d’un style différent. My Rock privilégiait les duos, mais dans ce spectacle, il y a, dit-il, « toutes les déclinaisons du groupe avec des duos, trios, quatuors, quintettes, sextuors, septuors, octuors, nonnettes et dixtuors ».
Respectant une certaine chronologie, les séquences dansées sont introduites par une courte présentation en voix off, ou quelques écrits projetés en fond de scène. Des photos des rockeuses et de leurs pochettes de disque nous replongent dans l’ambiance de l’époque. Les costumes, très soignés, épousent la personnalité et le style des artistes. Dans une variation de rouges, noirs et blancs, et à la fin avec un déploiement de jupes à paillettes multicolores portées par les onze interprètes, hommes et femmes, du Groupe Emile Dubois.
Mais était-il besoin, pour rendre justice à ces artistes, que la culpabilité masculine s’exprime par un texte parfois un peu racoleur. La danse y suffit amplement, puissante, sans afféterie, mais ciselée. Elle fait la part belle au féminin et célèbre sa beauté.
Artiste associé au Théâtre du Rond-Point, le chorégraphe résume sa démarche : « Rêver haut, sortir de soi, oser se faire un peu de mal, oser se faire beaucoup de bien. » Cette pièce généreuse qui marie la danse contemporaine et le rock ‘n’ roll, nous transmet l’énergie de ces années mythiques sans nostalgie, au présent de la scène, pour notre plus grand plaisir, comme en témoigne l’accueil chaleureux du public.
Mireille Davidovici
Théâtre du Rond-Point 2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris, jusqu’au 4 février.
Le 8 mars, Théâtre des Sablons, Neuilly-sur-Seine (92) ; le 9 mars, Théâtre Claude Debussy, Maisons-Alfort (Val d’Oise) ; 10 mars, Le Figuier, Argenteuil (95) ; le 14 mars, Opéra de Limoges (87) ; le 7 avril, Théâtre en Dracénie, Draguignan (83). le 3 mai, Château Rouge, Annemasse (74) ; les 18 et 19 mai, Festival Art Rock, Saint-Brieuc (22) ; les 23 et 24 mai, La Comédie, Clermont-Ferrand (63) ; le 30 mai, Théâtre de Bastia (Corse). Le 1er juin, Théâtre de l’Olivier; Istres (Bouches-du-Rhône) et du 19 au 21 juin, Théâtre de Caen (14).