Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder, traduction du texte en grec et mise en scène de Giorgos Skevas

 

Le Mariage de Maria Braun de Rainer Werner Fassbinder, traduction en grec et mise en scène de Giorgos Skevas

 416BF3F7-A241-43D4-A800-3E483F8B4216Cette pièce est fondée sur la thématique d’un mariage conclu  en urgence, quand la seconde guerre mondiale explose. Dans une Allemagne en pleine confusion et plongée dans le désespoir et la mort, le mariage de Maria Braun devient alors un acte de révolte contre tous ceux qui profitent de cette tragédie meurtrière.

L’auteur décrit avec clarté la source des malheurs à travers ses personnages, des marionnettes manipulées par le besoin impérieux de survivre. Il raconte l’histoire de ce mariage «approximatif» mais aussi les événements qui se déroulent en même temps et construit ses personnages à mesure que l’action avance.  Dans une sorte de rupture entre le fait phénoménologique et le fait socio-ontologique: les héros de Rainer Werner Fassbinder sont en effet  censés rompre avec la conscience globalisante. Et il nous décrit la société de l’époque mais sans dire qui en est la victime ou le bourreau: cela lui importe  finalement peu…

 Le Mariage de Maria Braun met en relief un certain scepticisme : après tant d’aventures et comme une enfant de la guerre, après avoir été mûrie par des événements tragiques, à l’instant même où elle va enfin avoir une vie heureuse, Maria Braun se suicidera : elle n’avait en effet plus rien à attendre et surtout à réclamer ou à défendre. Une fois qu’elle a atteint un certain bonheur, elle est dépourvue de tout ce qui la différenciait des autres qui, durant la guerre, se comportaient comme elle.

L’acte civil de son mariage, au nom d’une quelconque famille Braun, montre une vérité impotente dans une ambiance pourrie. Construite à partir de tous les éléments qui avaient rendu presque héroïques, les services ignobles rendus à l’ennemi, la vie pour Maria n’a plus de valeur concrète. Tout devient neutre et coloré, comme si on lui arrachait l’auréole du sacrifice et du martyre. Maria ne possède plus en effet la carte d’identité qui la rendait unique et qui motivait ses décisions : son rôle devient alors très compliqué.

 Quand il l’a traduite en grec, Giorgos Skevas a transposé avec art le langage et l’humour  discret de cette pièce où son auteur a mis l’accent sur le tragique de la guerre. Mais sa mise en scène relève d’un esprit plus profond, qui va de pair avec la scénographie et les costumes d’Angelos Mendis. Entre sérieux et détente, chaque élément du spectacle est ici renforcé par l’attente d’un renversement de situation. Et les éclairages de Katerina Maragoudaki permettent au public de s’intégrer à un événement soudain et angoissant. Les comédiens sont bien dirigés: ainsi Maria Braun (remarquable Lena Papaligoura), amoureuse d’Herman, interprété avec justesse par Maximos Moumouris. Vanguélio Andreadaki joue avec vivacité le rôle de la mère de Maria Braun. Et Yannis Dalianis qui interprète le personnage d’Osvald sait faire naître l’émotion. Nikolas Guéorgakakis et Georges Syméonidis s’imposent dans les autres  rôles…
Un spectacle intéressant que le public athénien a très bien reçu…     

 

Nektarios-Georgios Konstantinidis

 

Théâtre de la rue Cyclades-Lefteris Voyiatzis, 11 rue Cyclades, Athènes. T. : 0030 210 82 17 877

 

 

 

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