Penser texte et mise en scène de Pierre Bénézit
Penser texte et mise en scène de Pierre Bénézit
Dans une boutique meublée uniquement de chaises, Paulbert et Gérald reçoivent la visite d’une jeune femme qui se croit dans une épicerie et veut acheter une bouteille de vin pour aller à une soirée entre amis. Pendant qu’une prétendue voisine est partie chercher ladite bouteille dans une (vraie) épicerie à quelques rues de là, la jeune femme patiente dans ce curieux magasin.
Elle découvre alors la réelle occupation des deux sbires : ils conçoivent et écrivent des dialogues originaux. Partant du principe que tout a déjà été dit, ils vendent des conversations sur mesure pour diverses occasions. On peut ainsi leur passer commande d’une discussion pour une soirée, mais voilà, les chalands ne se bousculent pas au portillon…Les trois personnages parlent alors de ce qu’expriment les mots : la pensée. Revient sur le tapis la sempiternelle question du : « penser à rien », ce qui revient quand même à penser ! Sauf qu’il faut distinguer : penser « à » rien, et penser « le » rien.
L’auteur s’interroge aussi sur le temps ; comme s’il tournait en rond et finissait par se répéter inlassablement. Les personnages créés par Pierre Bénézit se disent que «le passé n’existe plus, le futur n’existe pas encore. Il n’y a donc en définitive que le présent. Mais y a-t-il un espace pour le présent entre le passé et le futur ? » Derrière les jeux de langage, se cache de la pensée, et cette comédie recèle des petits moments philosophiques à piocher.
Un univers post-Deschiens, servi par une mise en scène simple et des comédiens bien choisis, farfelus et un peu clownesques : juste ce qu’il faut pour que cela ne devienne pas ennuyeux. On y retrouve Olivier Broche, comédien chez Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff. L’enfant qui prenait des claques derrière la tête, c’était lui ! Anne Girouard, qu’on a vue dans la série Kaamelott, comme dans les spectacles d’Anne-Laure Liégeois. Elle a aussi joué sous la direction de Vincent Debost qui incarne le troisième larron de ce Penser qu’une légère dose d’absurde rend vraiment attachant. Et ce spectacle de soixante-cinq minutes propose aussi quelques idées et matière à réflexion !
Julien Barsan
Théâtre de Belleville, 94 rue du Faubourg du Temple, Paris XIème. T.01 48 06 72 34, jusqu’au 4 mars.