Une éternité d’Hélène François et Emilie Vandenameele, d’après une rencontre avec Virginie van Wassenhove
Une éternité d’Hélène François et Emilie Vandenameele, d’après une rencontre avec Virginie van Wassenhove, mise en lecture de Florian Sitbon
La compagnie Le Sens des mots présente le festival : Binôme/Le poète et le savant, au Carreau du Temple.
Nous vous avons déjà souvent rendu compte de ce travail qui se situe entre poésie et pédagogie, avec à ce jour, trente-trois pièces. Rappelons- en le principe : après une rencontre entre un(e) écrivain(e) et un(e) scientifique, chaque binôme aboutit à une mise en espace théâtrale, suivie d’un débat.
Ici, en préambule, dans une vidéo, on nous explique la règle du jeu et on nous présente la rencontre entre Virginie van Wassenhove, chercheuse, et Hélène François et Emilie Vandenameele. La scientifique étudie le fonctionnement du cerveau par le biais de l’imagerie cérébrale, et nous montre des appareils de mesure sophistiqués qui, munis de capteurs, permettent d’apprécier les fonctions cognitives des individus. Cette directrice de recherche en neurosciences cognitives a pour spécialité l’étude de la notion du temps et possède des outils traduisant les champs magnétiques du cerveau en signaux électriques lisibles sur écran.
Il s’agissait pour les deux réalisatrices de transformer ces concepts savants en théâtre, ce qui, disent-elles, ne fut pas une mince affaire. Mais après cette entrevue de cinquante minutes avec la scientifique et un mois et demi de travail plus tard, elles réussissent à écrire une pièce qui brasse toutes ces notions, dans une fiction où l’intime rejoint l’universel.
Une jeune femme, Virginie, rend visite à sa grand-mère qui sombre lentement dans la sénilité. La vieillesse n’est pas une maladie, lui dit le médecin. Elle qui vit à toute allure, se trouve confrontée à une autre temporalité : la vieille dame confond en effet passé et présent, perd la mémoire et vit dans un monde spatio-temporel chaotique. Virginie finit par admettre cet état de fait, grâce aux explications d’un médecin un peu séducteur.
Noyée dans le flux permanent des images diffusées par la télévision, la grand-mère vieillit en accéléré : «Si le temps passe si vite, ça aide à supporter qu’on est vieux », constate la jeune femme. Rien de pathétique dans cette histoire émouvante, où l’humour affleure dans les situations cocasses qu’engendre le chaos mémoriel.
Après la lecture de cette pièce, on écoute une courte réaction de Virginie van Wassenhove, satisfaite du résultat et émue : son message est passé. Mission accomplie aussi pour les artistes.
Mireille Davidovici
Lecture-spectacle vue au Carreau du Temple, 4 rue Eugène-Spuller Paris IIIème, le 26 janvier.
*Binôme Le poète et le savant volume 1, à paraître aux Editions Les Solitaires Intempestifs en mars.