L’Oiseau-migrateur, texte de Delphine Lanza, Dorian Rossel, Marie-Aude Thiel, Hervé Walbecq, mise en scène de Dorian Rossel

Festival Odyssées en Yvelines

 L’Oiseau-migrateur, texte de Delphine Lanza, Dorian Rossel, Marie-Aude Thiel, Hervé Walbecq, mise en scène de Dorian Rossel

 

©J – M Lobbé

©J – M Lobbé

Dessins délicats à la craie sur un tableau bleu, sons et musique: un éloge de la poésie à travers les prestations inspirées de deux performeurs lunaires, Hervé Walbecq et Marie-Aude Thiel dont  l’imagination tient  le public émerveillé. Le spectacle de L’Oiseau-migrateur prend ainsi son envol dans notre ciel intérieur. Ecoute et compréhension de l’autre : une entreprise inédite quand cet autre est un oiseau. L’histoire appartient au dessinateur et comédien Hervé Walbecq qui, enfant, fit la connaissance peu banale d’un verdier, un oiseau jaune et gris trouvé dans les bois. Il s’en fait l’interprète  avec ce  récit graphique et poétique, en compagnie de Marie-Aude Thiel, clownesse et musicienne. Ces amis sont tels des oiseaux tombés de leur nid, et le metteur en scène Dorian Rossel s’est amusé de leurs facéties. Ainsi, à travers un imaginaire polysémique et presque sans paroles, L’Oiseau-migrateur est une invite au voyage, une initiation à la migration, à la fois, intérieure et extérieure à soi, depuis un territoire connu, jusqu’à d’autres dits inconnus ou bien étrangers.

 Peu de mots, mais des dessins et de la musique, le thème du fil à tracer et que l’on suit est fondateur : le fil blanc cassé de la ficelle qui marque un territoire à soi, et le fil blanc d’un tracé à la craie qui invente graphiquement tout un monde de rêves. Un espace marin avec sa baleine et quelque chose sur sa tête, un objet ou petit animal, fait écho à un espace intime celui de la chambre de l’enfant où se poste l’oiseau : terre, ciel et eau  s’approchent par l’intermédiaire de deux grands cubes  dans un espace plus ou moins grand, selon les situations.

 La ligne du dessin, inspirée d’un dessin animé italien, évoque un bonhomme actif. La ligne se construit et se déconstruit, s’efface et se modifie,  « Le dessin, raconte Dorian Rossel, est un éloge de la désuétude, du silence et du presque rien essentiel. » Le cheminement ardu mais patient, est décrit ici avec humour : quand il faut traverser des zones humides de marais et de marécages, une jolie trouvaille : un accessoire scénique subjugue les spectateurs, amusés et surpris du subterfuge évocateur. Des éponges trempées que l’on retire d’une bassine, sont placées avec précaution sur le parcours des protagonistes. Alors que le trajet du Petit Poucet est fait traditionnellement fait de cailloux, quand les interprètes empruntent ce sillon et marchent sur les éponges gorgées d’eau, s’écoule un filet conséquent, et en même temps, se fait entendre un bruit d’écrasement humide. Les dessins sur les cubes invitent à voyager dans l’imaginaire des artistes, avec des graphismes qui ouvrent à la capacité d’invention et de création de chacun pour des scénarios et histoires à venir.

 Une aventure scénique délicate et propice aux voyages révélateurs et réparateurs.

 Véronique Hotte

Théâtre de Sartrouville (Yvelines)-Centre Dramatique National,  Festival Odyssées en Yvelines, en tournée dans le département, du 17 janvier au 16 mars. www.odyssées-yvelines.com

Scène nationale de Cavaillon-La Garance/ Cavaillon, du 9 au 14 avril.

Le Grand R, Scène nationale/ La Roche-sur-Yon, du 16 au 20 avril.

Théâtre Forum Meyrin / Meyrin (Suisse), du 23 au 27 avril.

 


Archive pour 3 février, 2018

White dog d’après Chien blanc de Romain Gary, mise en scène de Camille Trouvé

 

White dog d’après Chien blanc de Romain Gary, adaptation de Brice Berthoud et Camille Trouvé, mise en scène de Camille Trouvé

693876_a6c55ae180e746aeb19bde8ec58351c3~mv2_d_2362_3543_s_2Rien d’angélique dans le chien présenté par les marionnettes des Anges au plafond! Sur scène, de grands châssis de papier blanc. Derrière, se profilent les ombres des comédiens qui tracent des lettres en contrejour. L’un d’eux incarne Romain Gary, et émerge de cette page blanche pour nous conter l’histoire de ce toutou recueilli par l’écrivain, alors qu’il séjournait avec sa femme, Jean Seberg, en Californie. Bientôt des marionnettes de taille humaine prendront le relais, actionnées et doublées par les comédiens.

Au centre du récit, le chien. Imposant, un peu plus grand que nature, avec des poils de papier blanc, il  se blottit avec un regard expressif auprès de ses nouveaux maîtres. Brice Berthoud manipule à vue le chien, et les avatars de Jean Seberg et Romain Gary. Il les fait dialoguer et imite aussi jappements et grognements canins. Mais l’animal doux et affectueux va se transformer en bête féroce en présence des Noirs. «Je me trouvais soudain confronté avec l’image d’une brutalité première, tapie au sein de la nature et dont on préfère oublier la présence souterraine entre deux manifestations meurtrières, écrivait Romain Gary, et, ce qu’on appelait jadis l’humanitarisme, s’est toujours trouvé pris dans ce dilemme, entre l’amour des chiens et l’horreur de la chiennerie.»

De cet incident domestique, il tire Chien blanc,  roman où l’animal, dressé par des Blancs contre les Noirs, devient la métaphore du conditionnement social qui transforme les hommes en bêtes furieuses intolérantes. Un chien ne naît pas raciste, il le devient. De même les hommes.  «Qu’ont ils fait de nous ?» se demande l’auteur, devant les violences interraciales aux États-Unis. L’assassinat de Martin Luther King, le 4 avril 1968 à Memphis, a mis le feu aux poudres. Réticent à s’engager directement, comme son épouse qui milite, elle, aux côtés des Black Panthers, il le fera avec la plume dans Chien blanc, (1969), après son divorce d’avec Jean Seberg. Publié un an après, le livre sera adapté à l’écran par Samuel Fuller  avec Dressé pour tuer.

Des deux cent cinquante pages du roman, Camille Trouvé et Brice Berthoud ont tiré un spectacle d’une heure et demi, dense, étonnant de beauté et de justesse. La compagnie Les Anges au plafond n’en est pas à sa première incursion dans l’univers humaniste de Romain Gary. Avec R.A.G.E. (Romain Ajar Gary Émile) et avait abordé la double identité de l’écrivain.  Ses créations reposent essentiellement sur le  papier, « notre matière de prédilection, dit Camille Trouvé. Ça se déchire, ça se froisse, comme les humains. C’est fragile et peut s’écrouler comme un château de cartes. » 

Comme sortis des pages du livre, les personnages évoluent dans un espace animé grâce à un dispositif de filins et un plateau tournant. Les poupées grandeur nature sont parfois relayées par de petites figurines découpées dont les ombres inquiétantes se projettent sur les châssis. Des feuilles de papiers s’envolent ou se déploient pour faire écran… Un univers scénique en noir et blanc, à l’image d’un monde en proie à la ségrégation.

Narration et réflexions de l’écrivain ponctuent les actions prises en charge par les marionnettes, rythmées d’un bout à l’autre par la batterie inventive et stimulante d’Arnaud Biscay, fortement teintée du jazz des années 1960… Pour les parties musicales chantées, le compositeur s’est notamment inspiré de Gil Scott-Heron, l’un des pères fondateurs du Spoken Word, du standard Strange Fruit. Arnaud Biscay chante aussi bien qu’il joue et en connivence totale avec ses partenaires.

 C’est après l’attentat du Bataclan à Paris, le 13 novembre 2015, que naquit ce projet : «Chien Blanc nous a saisis à la gorge, dit Camille Trouvé, est-ce qu’ici les communautés se déchirent comme aux Etats-Unis? Peut-on désapprendre la haine?» Le spectacle pose ces questions en douceur et avec grâce, sans désamorcer l’inquiétude des temps qui courent. Un spectacle à ne pas manquer…

 Mireille Davidovici

Le Mouffetard-Théâtre des Arts de la marionnette, 73 rue Mouffetard, Paris Vème T.01 84 79 44 44, jusqu’au 11 février. 

Et du 15 au 21 mars, au Festival MARTO, Scène Nationale de Malakoff (Hauts-de-Seine).
Les  6 et 7 avril, La Ferme du Bel-Ebat, Guyancourt (Yvelines) ; du 10 au 14 avril, Le Bateau-Feu, Dunkerque (Nord) ; du 17 au 19 avril, Le Tangram Evreux ( Eure).
Les 17 et 18 mai, Théâtre de l’Hôtel de Ville, Saint-Barthélémy d’Anjou (Maine-et-Loire) ; les 24 et 25 mai, Le Trident, Cherbourg (Basse-Normandie).
Et les  5 et 6 juillet, Théâtre du Cloître, Bellac (Haute-Vienne).

Marys’s à minuit de Serge Valetti, mise en scène de Catherine Marnas

© France 3 / Culturebox

© France 3 / Culturebox

 

Marys’s à minuit de Serge Valetti, mise en scène de Catherine Marnas

 Nous ne connaissions pas ce remarquable monologue que Serge Valetti écrivit en 1984, et qui fut créé quatre ans plus tard à Grenoble. Et il y a vingt ans, Catherine Marnas l’avait aussi mis en scène avec déjà Martine Thinières. Sur le plateau, cinq robes de mariée sur des mannequins tristement couverts d’une housse de plastique, quelques mange-disques rouges Penny à piles avec une poignée des années soixante, et des 45 tours éparpillés sur le sol. Maryse, une femme, à l’âge indéterminé, en pantalon rouge, avec par dessus, une curieuse robe faite de lambeaux de tissu, a les cheveux d’un curieux roux rosé ( en fait bien sûr, une perruque qu’elle ôtera à la toute fin). Vêtements, attitude un peu prostrée; à côté d’elle, une grande poupée : on devine tout de suite chez elle, un grande difficulté à assumer sa solitude et un profond mal-être…

Cela commence doucement comme une confidence mais avec des mots crus… :« Il m’a dit que j’avais de beaux yeux… Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? C’est comme quand l’autre, l’autre jour, il m’a dit que j’avais de jolies jambes… Qu’est-ce que ça veut dire, ça ? S’il essaie d’insinuer par là qu’il veut me sauter, il n’a qu’à dire :-Je veux te sauter ! De toute façon, il ne faut pas me prendre pour une bonbonne, quand je baise, je ferme les yeux, alors ! Il aurait pu dire que je sentais bon, le safran par exemple, parce que ça, je n’y peux rien, j’irais même jusqu’à dire que ça augmente, mon odeur de safran, juste avant l’acte… On parle toujours de l’acte, il faudrait voir à ne pas en parler, sans savoir quoi en dire de bien spécifique. Je me comprends.”

Au fil des paroles, on sait donc vite qu’elle est follement amoureuse d’un certain Raphaël, un sosie  de Jean-Louis Maclaren. Mais elle ne le voit que par intermittence et pas depuis deux jours !
Elle lui a écrit une lettre  qu’elle n’a pas postée pour, comme elle dit, lui faire les pieds. “Les premiers mois, dit-elle, on s’entendait bien, il me faisait des caresses suggestives. “Il me disait : « Je vais te faire des caresses suggestives!» Je le regardais avec mes yeux mi-clos et il souriait comme un cheval. Ça me suggérait des choses, mais je ne sais pas s’il savait vraiment ce que ça me suggérait, parce que s’il l’avait su, il aurait arrêté sur le champ et il se serait mis à penser que j’étais folle au point de ne pas pouvoir me regarder dans une glace, de ne pas pouvoir marcher le long des voies ferrées comme je l’ai vu faire souvent au cinéma.”

Et Maryse nous dira qu’elle va régulièrement consulter un médecin-en fait un psychiatre-ce dont elle n’est pas dupe comme elle le dit joliment: “Oh ! Parce qu’il ne faut pas me raconter des histoires à moi ! J’ai bien vu qu’il y a marqué : ASILE, alors il a beau me raconter n’importe quoi, je sais bien où je suis quand je vais là-bas, puisque c’est marqué dessus. C’est pas mes oignons. C’est pour pas qu’il me touche le zizi, Maclaren! Avant qu’il comprenne qu’en fait Maclaren, c’est Jean-Louis Maclaren, que j’appelle comme ça, Raphaël, il pourra se lever tôt. Je brouille les pistes, c’est normal, sinon ce serait trop facile, comme ça elle croit que je parle de quelqu’un d’autre”.

Elle a mal et sait qu’encore une fois, il ne viendra pas la chercher ce soir. Et qu’il ne lui fera pas l’amour. Mais cela ne l’empêche pas de rêver encore et toujours, avec son langage à elle, brut de décoffrage, où on sent un immense désarroi. Et de temps en temps, elle se passe un disque comme pour s’aider à y croire encore. «J’irais fermer les volets de la fenêtre de la cour parce qu’on s’apprêterait à faire du bruit toute la nuit et je ne voudrais pas que les voisins entendent, surtout sa mère qui habiterait toujours en dessous, même qu’elle serait devenue un peu sourde du temps, mais ça ferait rien, ce serait une habitude que j’aurais prise et que je ne pourrais pas m’empêcher de quitter. Pour la vue et pour le bruit, dans les deux sens. Ne pas être réveillée par ce putain de pianiste et qu’il ne puisse pas nous entendre lui non plus. Il aurait même peut-être déménagé, ce qui rendrait encore plus dérisoire ma volonté de fermer les volets. Je reviendrais de la fenêtre et il me regarderait et on saurait qu’on peut y aller. Je lui mettrais ma main dans le pantalon, là où c’est chaud. Je regarderais encore une fois son oreille et puis il me transporterait dans la chambre avec un petit sourire entendu… Et toute la nuit ça irait, ça irait, ça irait… !

Elle semble revenue de toutes ses illusions et n’aura jamais d’enfant de ce Raphaël mais dans sa grande solitude, elle garde juste l’espoir qu’il revienne. Et il faut aussi qu’elle se libère par la parole, qu’elle se raconte avec ses mots à elle, et c’est une priorité absolue : elle en a un besoin vital : «Et puis la vie risque de passer et je n’y aurais vu que du feu »…  Dans un délire à la fois ancré sur la réalité de sa vie quotidienne mais aussi sur toute la poésie d’une histoire personnelle qu’elle veut ainsi transcender et nous faire partager.

Maryse est là, effondrée mais encore vivante et pleine d’une sorte d’innocence, comme le Ravi de la crèche provençale. Elle essaye aussi de faire preuve d’une grande lucidité, quand elle veut comprendre pourquoi sa belle histoire d’amour est tombée à l’eau. Martine Thinières, est ici très bien dirigée par Catherine Marnas (on avait pu voir dans Lignes de faille montée aussi par elle il y a quelques années, voir Le Théâtre du blog). Toujours précise et juste, vraiment impeccable.  elle  réussit, sans jamais tomber dans le pathos ou la facilité, à nous faire entrer dans le texte de Serge Valetti. Une belle réussite que cette mise en scène…

Philippe du Vignal

Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine, Place Renaudel, Bordeaux, jusqu’au 9 février. T. : +33 (0)5 56 33 36 80

Marys’s à minuit fait partie des Six solos de Serge Valetti publiés à l’Atalante Editions, 11 et 15, rue des Vieilles-Douves 44000 Nantes.

 

Hic et nunc d’Estelle Savasta, mise en scène et composition musicale de Camille Rocailleux

Festival Odyssées en Yvelines

 Hic et nunc d’Estelle Savasta, mise en scène et composition musicale de Camille Rocailleux

© J-M Lobbé

© J-M Lobbé

 Suivre le voyage initiatique d’un Candide des années 2018, tel est le défi d’Estelle Savasta et Camille Rocailleux. Une aventure savoureuse que celle de Candide, si on la met à la portée de l’enfance d’aujourd’hui, familière des codes du monde contemporain toujours pressé. De l’insouciance et de la crédulité, à la sagesse d’une expérience gagnée, le cheminement est long, sinueux et difficile, et c’est un apprentissage en soi pour un jeune homme d’aujourd’hui (Elie Triffault) en bermuda, chaussures de tennis et sweat à capuche.

 Le voyage individuel prend son élan  dans l’amour qu’il a pour  la jeune Cunégonde (facétieuse Pauline Larivière) qui chante à merveille des airs baroques et subtils. En tenue de sport, elle se prépare à un affrontement direct avec la vie alentour… Même si le monde est vaste, et absurde parfois, dangereux souvent, notre héros, lui,  ne cesse d’avancer et d’en parcourir les espaces et les jours, afin de trouver sa  fameuse plénitude terrestre, hic et nunc.

Les personnages que créent les acteurs sont justes et précis, et affrontent les obstacles de la vie avec patience et esprit de déduction, et une sagesse tranquille. Lui est pris par  une quête existentielle et sa Cunégonde, moqueuse, semble s’amuser, le temps d’un chant lyrique qui s’envole. Mais le jeune homme, chemin faisant, acquiert humour et ironie. C’est une création à la croisée du langage théâtral et musical. Avec un jeu de gros cubes modulables de dimension variable et à l’emploi inattendu selon les situations. Le surface de graphisme, ou porteur de lumière colorée, siège où méditer pour faire retour sur soi, devient aussi un lieu aussi où trôner, debout.

Accompagné d’ une musique en direct et des chants, le texte suit une ligne à la fois épique et intime. Bruits, sons, paroles échangées  entre les personnages et avec le public : les acteurs ne cessent d’aller et venir, bouger, s’accroupir, s’asseoir et se relever. Avec un enthousiasme  intarissable, la vie va à travers les aventures racontées et les points de vue échangés jusqu’à la paix retrouvée, et la culture d’un jardin paisible pour en obtenir des produits bio en en respectant la terre.

 Véronique Hotte

 Théâtre de Sartrouville en Yvelines/ Centre Dramatique National, en tournée dans les Yvelines, jusqu’au 16 mars. www.odyssees-yvelines.com

La Passerelle, Scène nationale des Alpes du Sud/Gap, du 19 au 20 février.

Comédie Poitou Charentes/ Centre Dramatique National Poitiers, le 2 mars.

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