L’Autobus de Stanislas Stratiev, mise en scène de Laurence Renn Penel
L’Autobus de Stanislas Stratiev, mise en scène de Laurence Renn Penel
Sur le plateau, un décor imposant: un autobus constitué de praticables surélevés, de sièges, d’une poinçonneuse et de poignées pour se tenir. Une bande-son diffuse des bruits de bus en marche. Un petit homme arrive, bientôt suivi d’un autre, encombré d’un gros sac. La discussion s’engage, le petit homme assure à l’autre qu’il doit impérativement payer un second ticket pour son bagage.
D’emblée, on aborde ainsi la question de l’ordre, du respect de la loi. D’autres passagers font leur entrée. Tour à tour : un musicien maniéré, visiblement peu habitué aux transports en commun, un vrai/faux couple se disant séparé pour garder leurs deux appartements, des amoureux qui passent leur temps à s’embrasser, un homme agressif, un jeune dandy assez observateur et enfin un paumé qui cherche le bon omnibus, et qui finit toujours par monter dans le même. Une fois installés, ils attendent le départ. Le chauffeur manque à l’appel, puis l’autobus démarre enfin: la structure s’ébranle. Un projecteur sur pied recule pour mieux signifier que le bus avance : petit effet réussi. Un voyageur remarque alors qu’on ne suit pas l’itinéraire habituel : tous s’inquiètent mais rien ne peut arrêter cet autobus fou! Le musicien maniéré proteste : on l’attend pour un prestigieux récital. Mais le chauffeur reste invisible et s’exprime à coups de klaxon quand chacun essaye de le convaincre de les amener à bon port.
Stanislas Stratiev propose des métaphores du communisme. Ici, comme dans La vie bien qu’elle soit courte (Voir Le Théâtre du Blog), l’auteur bulgare part de situations simples et y insuffle une bonne dose d’absurde, féroce mais sans lourdeur. Les compositions des comédiens et les costumes soulignent cet humour quasi-burlesque. La mise en scène réside ici dans un équilibre entre polémique et farce: il faut donner en effet à entendre ce que le texte dénonce tout en faisant rire, et ce, dans le parfait huis-clos d’un autobus. Une scénographie très aboutie : la structure bouge et grince comme si elle roulait.
Les petites maximes assez drôles-restent tout de même un peu caricaturales. Mais elles se veulent à message et chaque personnage ou couple de personnages représente une posture idéologique : les jeunes contre les vieux, le respect de l’ordre établi contre l’irrévérence, la préciosité contre le bon sens paysan, le partage face à l’égoïsme. Malgré des dialogues habiles, la pièce manque de poésie et paraît datée. Grâce à la mise en scène, à la scénographie et aux acteurs, cet Autobus tire cependant son épingle du jeu…
Julien Barsan
Théâtre 13 Seine, 30 rue du Chevaleret, Paris XIIIème. T. :01 45 88 62 22.