Le grand sommeil, conception, texte, chorégraphie et mise en scène de Marion Siéfert

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Le grand sommeil, conception, texte, chorégraphie et mise en scène de Marion Siéfert, collaboration artistique d’Helena de Laurens

Non, ce serait plutôt Le grand réveil. Mais admettons et à nous de chercher de quelles profondeurs, dont seuls le sommeil et les rêves sont capables, d’où vient cet objet singulier. Voyons : une Zazie longiligne, en collant rouge et jupette plissée, se glisse sur scène comme dans une cour de récré. Tourbillons lestés par le sac de sport, grimaces, contorsions, acrobaties lentes et grimaces… Elle est en caoutchouc, en acier et, en plus, cette danseuse-clown parle ! Et comme elle a pris les gestes de l’enfance, elle en a pris aussi la langue. Oui, celle d’une Zazie 2.0, libre, accidentée, éclatante, énigmatique, avec sa poésie scato.

Cela donne déjà un spectacle d’une incontestable et jouissive originalité. Mais il est tout aussi intéressant de savoir d’où il vient. Marion Siéfert a entrepris à l’automne 2016, un long travail de recherche avec Helena de Laurens et Jeanne, une petite fille de onze ans. Ensemble, elles jouaient à être «deux vampires de rêves qui dérobaient les rêves des spectateurs». À elles deux, elles commencent à construire un “monstre“, un être unique à deux têtes et quatre jambes. Quelques présentations de moments du spectacle ont été présentés au public, puis vint le temps du spectacle.Heureusement le travail des enfants est très contrôlé dans notre pays. Malheureusement, ce contrôle et cette protection ont eu raison du projet! Quelque chose là-dedans paraissait contenir un germe de danger pour l’enfant. C’était oui, mais c’est devenu non !

D’un travail effacé d’un trait de plume, d’une signature, naît alors un autre travail. Durant ces mois de recherche ensemble, Helena s’est imprégnée de Jeanne. Qui a vampirisé l’autre? La fiction qu’est devenue Jeanne, a envahi la danseuse, elle-même nourrie du travail de la danseuse allemande Valeska Gert, et de ce qu‘elle a pris à l’enfant. Cette dévoration réciproque pouvait-elle devenir un danger psychique pour l’enfant?  Ou plutôt le «hors-cadre» qu’une telle expérience représente ? Danger de la liberté, de la création, il y là quelque chose de grave, et pas seulement pour les enfants. Peut-être pas un danger, mais à coup sûr, un risque. Une véritable aventure, à côté de laquelle les cadres scolaires et autres peuvent paraître bien ternes.

De cet empêchement, donc, Marion Siéfert et Helena de Laurens-que l’on voit en fausses jumelles aux saluts-ont tiré un autre monstre, un autre hybride, “l’enfant grande“. Elles ont intégré à la pièce même, les obstacles et amputations qu’elle a subies, sans trop de rancune, avec humour et énergie. Reste quand nous creusons le pur plaisir du spectacle, cette faille : la liberté de la création est-elle un risque ou un danger ? Ce Grand sommeil va bien plus loin qu’un théâtre-laboratoire : du côté d’une trouvaille qui interroge sans fin. On lui espère une plus longue vie…

Christine Friedel

Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, jusqu’au 17 février. T. : 01 48 33 16 16.


Archive pour 16 février, 2018

Le grand sommeil, conception, texte, chorégraphie et mise en scène de Marion Siéfert

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Le grand sommeil, conception, texte, chorégraphie et mise en scène de Marion Siéfert, collaboration artistique d’Helena de Laurens

Non, ce serait plutôt Le grand réveil. Mais admettons et à nous de chercher de quelles profondeurs, dont seuls le sommeil et les rêves sont capables, d’où vient cet objet singulier. Voyons : une Zazie longiligne, en collant rouge et jupette plissée, se glisse sur scène comme dans une cour de récré. Tourbillons lestés par le sac de sport, grimaces, contorsions, acrobaties lentes et grimaces… Elle est en caoutchouc, en acier et, en plus, cette danseuse-clown parle ! Et comme elle a pris les gestes de l’enfance, elle en a pris aussi la langue. Oui, celle d’une Zazie 2.0, libre, accidentée, éclatante, énigmatique, avec sa poésie scato.

Cela donne déjà un spectacle d’une incontestable et jouissive originalité. Mais il est tout aussi intéressant de savoir d’où il vient. Marion Siéfert a entrepris à l’automne 2016, un long travail de recherche avec Helena de Laurens et Jeanne, une petite fille de onze ans. Ensemble, elles jouaient à être «deux vampires de rêves qui dérobaient les rêves des spectateurs». À elles deux, elles commencent à construire un “monstre“, un être unique à deux têtes et quatre jambes. Quelques présentations de moments du spectacle ont été présentés au public, puis vint le temps du spectacle.Heureusement le travail des enfants est très contrôlé dans notre pays. Malheureusement, ce contrôle et cette protection ont eu raison du projet! Quelque chose là-dedans paraissait contenir un germe de danger pour l’enfant. C’était oui, mais c’est devenu non !

D’un travail effacé d’un trait de plume, d’une signature, naît alors un autre travail. Durant ces mois de recherche ensemble, Helena s’est imprégnée de Jeanne. Qui a vampirisé l’autre? La fiction qu’est devenue Jeanne, a envahi la danseuse, elle-même nourrie du travail de la danseuse allemande Valeska Gert, et de ce qu‘elle a pris à l’enfant. Cette dévoration réciproque pouvait-elle devenir un danger psychique pour l’enfant?  Ou plutôt le «hors-cadre» qu’une telle expérience représente ? Danger de la liberté, de la création, il y là quelque chose de grave, et pas seulement pour les enfants. Peut-être pas un danger, mais à coup sûr, un risque. Une véritable aventure, à côté de laquelle les cadres scolaires et autres peuvent paraître bien ternes.

De cet empêchement, donc, Marion Siéfert et Helena de Laurens-que l’on voit en fausses jumelles aux saluts-ont tiré un autre monstre, un autre hybride, “l’enfant grande“. Elles ont intégré à la pièce même, les obstacles et amputations qu’elle a subies, sans trop de rancune, avec humour et énergie. Reste quand nous creusons le pur plaisir du spectacle, cette faille : la liberté de la création est-elle un risque ou un danger ? Ce Grand sommeil va bien plus loin qu’un théâtre-laboratoire : du côté d’une trouvaille qui interroge sans fin. On lui espère une plus longue vie…

Christine Friedel

Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, jusqu’au 17 février. T. : 01 48 33 16 16.

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