Les Femmes diaboliques,adaptation de Sara Ganoti et Nikos Stavrakoudis mise en scène de Paris Mexis,
Les Femmes diaboliques, adaptation de Sara Ganoti et Nikos Stavrakoudis, mise en scène de Paris Mexis
Cette adaptation du film Les Diaboliques par Henri-Georges Clouzot, qui lui-même avait adapté le roman Celle qui n’était plus de Pierre-Louis Boileau et Thomas Narcejac mais où les personnages étaient inversés. Johnny Halliday à douze ans, était un des élèves de l’école dans le film pour lequel les deux écrivains s’étaient inspirés d’une nouvelle d’Honoré de Balzac sur un thème similaire…
Paris Mexis a su donner un souffle particulier à cette histoire de cocuage et de meurtre fondé sur le schéma:vrai/faux-secret/mensonge. En effet les personnages sont tous impliqués dans des situations caractéristiques, et à mesure que l’action se développe dans cette micro-société qu’est l’école privée dirigée par Madame Delassalle, le vrai et le faux s’entremêlent. Bref, ce désordre concerne aussi bien ceux qui gèrent cette école, que ceux qui y travaillent ou y étudient.
La mise en scène met en relief l’ambigüité née, par exemple, du secret qui porte en lui la négation, la duperie et le manque de confiance. La femme soupçonne son époux, l’époux, sa maîtresse, et la maîtresse, son associé. Dans un espace peuplé d’oxymores et d’éléments fluides…
Paris Mexis a imaginé un fond de scène représentant une piscine où se déroule l’action. Et nous avons l’impression que tout commence à partir de cette piscine emportant mensonges et vérités, et qui fonctionne aussi comme un endroit purificateur lavant les péchés, mais qui ne se laisse pas faire si facilement. Avec ce corps plongé dans l’eau, elle semble se venger, peut-être dans le but de prêcher la morale aux futurs pécheurs, forgés dans, et par l’adultère, créateur d’idées.
La pièce participe ici d’une étrange mosaïque d’incertitudes et d’interrogations. Qui a raison ? Qui a tort ? Le mari est-il vraiment un salaud ? Et l’épouse, vraiment innocente ? Autant de questions qui arrivent jusqu’à l’inspecteur, mis en cause lui aussi.
Maria Kavoyanni ajoute au personnage de Christine Delassalle une certaine sentimentalité mélancolique, alors que Nicole Horner, la maîtresse (Kaiti Konstantinou) est plus austère qu’on ne l’aurait attendu. Nikos Arvanitis joue Michel Delassalle, le directeur de l’école, son amant et époux de Christine. L’action a lieu pratiquement dans l’école, à la fois lieu d’apprentissage et de désirs innommables. Plantiveau, le concierge de l’école (Dimitris Liolios) court jusqu’aux premiers rangs des spectateurs, toujours affairé et préoccupé. Et Philippe, un élève (Michalis Prospathopoulos) court aussi de long en large, comme s’il était chassé par un esprit maléfique: il porte à la lumière du jour tous les secrets de son entourage. Il y a de la sérénité et quelque chose d’innocent chez l’inspecteur Fichet, (Sotiris Tsakomidis) mais, comme il pose souvent trop de questions, il n’est pas bien vu ici…
Paris Mexis a aussi conçu des costumes d’une rare harmonie qui nous aident à nous introduire aisément dans cette école. Et les effets sonores de Katerina Vamva comme les éclairages de Giorgos Tellos tissent un cadre scénique parfait.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Théâtre Tzeni Karezi, 3 rue Akadimias, Athènes. T. : 0030 210 3636144.