Le Domino noir: Entretien avec Valérie Lesort et Christian Hecq
Le Domino noir : entretien avec Valérie Lesort et Christian Hecq
Cet opéra en trois actes, livret d’Eugène Scribe et musique de Jacques Auber, a été créé à l’Opéra-Comique en 1837, et a eu au XlX ème siècle plus de mille deux cents représentations! Mais a ensuite été oublié…
Créé le 23 février dernier à l’Opéra Royal de Wallonie à Liège, il sera donné à l’Opéra-Comique à Paris pour six représentations. Pour Christian Hecq, la gestuelle est fondamentale dans l’art de l’acteur. Valérie Lesort a conçu des costumes originaux et d’une grande beauté, en complicité absolue avec lui. Ces deux metteurs en scène ont une même complicité avec le charismatique maestro Patrick Davin, la chorégraphe Glyslein Lefever et les techniciens. Ils utilisent toutes les possibilités d’un théâtre à l’italienne, et sans micros ni vidéos! Allez célébrer le printemps avec tous ces chanteurs, musiciens, choristes, danseurs, et marionnettes, au service d’un opéra iconoclaste et joyeux.
-Pourquoi monter cet opéra aujourd’hui ?
-Jamais nous n’aurions pensé mettre en scène un opéra! L’idée ne vient pas de nous mais d’Olivier Mantei, le directeur de ce théâtre qui nous l’a proposé, après avoir vu notre Vingt Mille Lieues sous les mers à la Comédie-Française. Dès la première lecture du Domino Noir, nous avons surtout été séduits par la musique, bien sûr, mais aussi par la succession de quiproquos dans ce livret, suggérant une grande et belle fête. Le joyeux mariage entre conte de Noël et mythe de Cendrillon, avec des ressorts comiques à la Georges Feydeau, reste une œuvre riche et intemporelle, dont le texte et la musique offrent une vaste palette d’émotions et situations romantiques, burlesques ou angoissantes, avec des personnages hauts en couleur.
-A la Comédie-Française, Christian Hecq, vous avez joué, entre autres, les pièces de Georges Feydeau. Cela a-t-il eu une influence sur votre mise en scène?
- Le travail artistique de Valérie, comme mon travail habituel de comédien ont une grande influence sur ce projet commun, et nous n’avons pas eu de rôle défini dans cette collaboration. Je prends part à tout ce qui est d’ordre visuel, et Valérie, intervient aussi dans la direction d’acteurs. Nous avons pu faire un parallèle avec les pièces de Georges Feydeau et inclure des images-mais sans trop forcer la chose- dans les scènes de Noël, du bal masqué ou du couvent
-Après le grand succès de Vingt-mille lieues sous les mers au Vieux-Colombier en 2015, (voir Le Théâtre du blog) avec une esthétique nouvelle et une interprétation de grande qualité, vous réalisez, pour la première fois, une mise en scène d’opéra. Avec quelles difficultés?
- Nous avons adoré ce travail et nous ne pouvons donc pas parler de réelles difficultés! Notre plus grande crainte était d’avoir à se partager le travail avec le chef d’orchestre mais Patrick Davin a totalement adhéré à notre projet, et nous a guidé. Puis nous avons trouvé des compromis pour donner le jour à certaines de nos idées loufoques, sans dénaturer la musique. Mais nous avons fait très attention à ce que ces idées ne prennent pas trop de place et mettent surtout en valeur les chanteurs. Ne pas choisir la distribution ou très peu, était aussi angoissant mais nous avons eu de la chance : les chanteurs ici sont de bons comédiens. »
Jean Couturier
Opéra-Comique, Place Boieldieu, Paris IIème. T. : 0 825 01 01 23, du 26 mars au 5 avril.