Les Ballets de Monte-Carlo: Abstract/Life, musique de Bruno Mantovani

 

Les Ballets de Monte-Carlo: Abstract/Life, musique de Bruno Mantovani

©©Alice Blangero

©©Alice Blangero

Jean-Christophe Maillot, directeur des Ballets de Monte-Carlo, n’en finit pas d’étonner! Et , sa récente création présentée au Forum Grimaldi, ne ressemble à aucune de ses pièces précédentes. On connaît, à travers l’ensemble de ses ballets, le rapport étroit qu’il entretient avec la musique : elle l’inspire, et la musicalité qu’il demande à ses interprètes, participe de cette exigence.

 Mais avec Abstract/Life, le chorégraphe prend ses distances avec «l’objet musical» et le Concerto pour violoncelle et orchestre que Bruno Mantovani a composé pour lui, ne « mène pas la danse ». D’ordinaire, il compose ses pas en se laissant guider par la musique, mais cette fois il a procédé autrement et s’en explique: «Je me suis assis face aux danseurs, avec cette musique qui nous enveloppait. Plutôt que de me lever et improviser des pas avec eux, j’ai puisé dans ma banque de mouvements. Je me suis livré à un travail minutieux d’écriture chorégraphique à partir d’un vocabulaire élaboré en plus de trente ans.» (…) «J’ai trouvé plus intéressant de prendre le matériau gestuel créé avec mon jeune corps de vingt, trente ou quarante ans, plutôt qu’avec celui d’aujourd’hui, plus âgé et moins performant.»

En s’affranchissant de l’impératif sonore, Jean-Christophe Maillot a donc créé une chorégraphie qui n’est plus directement issue de la musique. Toutefois, si l’invention des pas s’en émancipe, il ne cesse pourtant de dialoguer avec le concerto de Bruno Mantovani, de l’interroger, de l’exalter même, mais de façon plus libre. Au titre initial donné par le compositeur, Abstract,  il a ajouté Life comme pour marquer ce que la musique, même la plus abstraite, peut générer d’images et de sensations. Et, au-delà d’une chorégraphie approfondie, ce spectacle frappe par la puissance des images aussitôt le rideau levé…

Plusieurs fois, dans une pénombre qu’un subtil travail de lumière vient trouer, en créant des points lumineux semblables à des lucioles, on devine une longue chaîne de danseurs dont le mouvement se transmet d’un corps à l’autre dans un effet de dominos. Scènes de groupe, solos et duos occupent l’espace et il faudrait plusieurs paires d’yeux pour saisir les détails de la très riche gestuelle, particulièrement dans le trio final.

En première partie de la soirée, le Violin Concerto d’Igor Stravinsky que George Balanchine , après l’avoir chorégraphié une première fois en 1941, avait recréé en 1972 pour le New York City Ballet, marque le retour du grand chorégraphe dans la production des Ballets de Monte Carlo. En effet, la troupe avait beaucoup dansé Balanchine avant de se tourner ces dix dernières années plus volontiers vers les chorégraphes contemporains. Leurs étoiles autant que le corps de ballet étaient alors réputés pour en etre d’excellents interprètes. Il suffit de se souvenir de Bernice Coppieters ou de Paola Cantalupo justement dans le deuxième pas de deux du Violin Concerto. Mais aujourd’hui, avec l’arrivée de nombreux danseurs solidement formés à la technique classique, la compagnie est à nouveau capable de se jouer des difficultés propres au style balanchinien.

 On se souvient de Bernice Coppieters ou de Paola Cantalupo, justement dans le deuxième pas de deux du Violin Concerto. Mais aujourd’hui, avec l’arrivée de nombreux danseurs solidement formés à la technique classique, la compagnie est à nouveau capable de se jouer des difficultés propres au style balanchinien. Parmi eux, Ekaterina Petina, aux côtés de Matèj Urban, a magnifié la musique d’Igor Stravinsky, par l’intense poésie de ses mouvements et le naturel de son interprétation.

La soirée ne manquait pas de saveur, avec ce parallèle entre une œuvre du répertoire néo-classique, intensément musicale, et une création contemporaine volontairement détachée de l’emprise de la musique!

Sonia Schoonejans

Spectacle vu au Forum Grimaldi, Monte-Carlo, le 26 avril.

 

 

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