Tailleur pour dames de Georges Feydeau, traduction et mise en scène de Dimitris Mylonas
Tailleur pour dames de Georges Feydeau, traduction et mise en scène de Dimitris Mylonas
Cette comédie, en trois actes, créée au Théâtre de la Renaissance, le 17 décembre 1886, se joue encore avec succès un peu partout dans le monde. Georges Feydeau y porte à leur point culminant les situations humaines propres à son thème de prédilection : la guerre avec les autres et dénonce l’hypocrisie de la bourgeoisie bien-pensante.
Le dramaturge, pour revivifier le vaudeville en concurrence avec l’opérette, conserve le mécanisme de l’intrigue, mais le porte à un point de complexité inouï, susceptible de conférer un nouvel intérêt à des situations éculées. Le travail de Georges Feydeau, comme il l’a dit, consiste à construire une pyramide à l’envers : partir de la pointe : un incident fondateur, et élargir par démultiplication, les fils et les rouages.
Par exemple, la scène finale du deuxième acte découle en toute logique des situations préparées avant : les reconnaissances s’enchaînent au gré des entrées : « Ma femme ! »/ « Mon mari ! et enferment chaque personnage dans un engrenage fatal. Soumis aux lois de de la mécanique, les corps se chosifient, s’échangent comme les témoins d’une course de relais, tombent inertes ou arpentent l’espace scénique, mus par d’invisibles ressorts. La scène est soumise à un tempo irrésistible, avec une sorte de fatalité comique déshumanisante. Une négation de la vie à la fois hilarante et inquiétante qui inspirera au philosophe Henri Bergson, sa célèbre définition du comique : du « mécanique plaqué sur du vivant ».
Dimitris Mylonas suit le rythme aussi rapide que farcesque, tout en réunissant les ingrédients de l’ «explosion de la bombe ». Le burlesque des situations se crée ici à travers les improvisations des comédiens sur fond de modernité mais sans s’éloigner de l’esprit du texte…. Amalia Adoni a imaginé une scénographie avec des portes roulantes comme un objet-extase qui connote l’entrée dans la vie privée, et qui aident les comédiens à définir l’espace de chaque scène mais aussi à compléter les non-dits d’un langage plein de sous-entendus ! Une porte fermée provoque l’imagination et la curiosité de secrets qui sont peut-être cachés. Il n’y a pas vraiment de psychologie chez Georges Feydeau.
Aux acteurs d’être sincères et d’aller au bout de leurs intentions, et toujours dans l’immédiateté ! Alexandros Bourdoumis, Marouska Panagiotopoulou, Hélène Vaitsou, Anna Elefanti, Efthymis Balagiannis, Dimosthenis Filippas, Hélène Stravodimou, Marie Chanou et Yannis Sampsalakis interprètent leurs rôles avec justesse, avec énergie, sans la caricature qui caractérise souvent à tort les mises en scène des pièces de Georges Feydeau. Giorgos Agiannitis donne à l’espace scénique des éclairages qui dévoile ce que cache la trivialité des habitudes.
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Apo Michanis Theatro, 13 rue Akadimou, Athènes, T.: 0030 210 52 32 097