À la Trace, texte d’Alexandra Badea, mise en scène d’Anne Théron

9B3A83EB-2795-4999-A49D-7A635714F98BÀ la Trace d’Alexandra Badea, mise en scène d’Anne Théron

Il y a d’abord et surtout le parcours de Clara, une jeune femme dont le père est mort et qui trouve un sac à main où elle trouve une carte d’électrice au nom d’Anna Girardin. Clara va alors quitter sa mère, arrêter ses études pour retrouver cette femme, en cherchant sur Internet toutes celles qui portent ce nom fréquent… Mais sans qu’elle sache elle-même, cette quête ressemble à une sorte de polar.

Et puis il y a aussi une autre histoire qui s’entrelace avec la première: une femme qui a des contacts sur le web avec quatre hommes différents, à l’autre bout du monde dont , sur un écran au-dessus du plateau,  on voit les visages en très gros plan. Et ils se parlent longuement dans une certaine intimité. Sur le plateau, une très belle scénographie avec, côté cour et côté jardin, une banquette style salle d’aéroport. Et ce n’est pas nouveau-Georges Pitoeff l’avait déjà imaginé, il y a presque un siècle- il y a neuf pièces sur un rez-de chaussée et deux étages avec chambre, salon, atelier… Ce modèle réduit est toujours séduisant (voir Claude Lévi-Strauss) et au théâtre, il place le public qui adore cela en position de voyeur !

Côté interprétation, il y a, tout à fait remarquable, Liza Blanchard, dans le rôle d cette jeune femme tenace mais que l’on sent fragile et pas à l’abri d’un mauvais coup, Judith Henry qui, elle, joue sans surprise mais avec efficacité les différentes Anna Girardin. Nathalie Richard interprète cette femme assez paumée, mais, comme si elle n’était pas tout à fait à l’aise avec ce texte-logorrhée, elle a tendance à bouler son texte et on ne l’entend pas toujours très bien. Maryvonne Schiltz  joue cette Margaux/mater dolorosa que l’on voit peu mais qui a une sacrée présence surtout à la fin. Yannick Choirat (Thomas), Alex Descas (Bruno), Wajdi Mouawad (Yann), Laurent Poitrenaux (Moran) à l’écran sont aussi très justes dans ces personnages d’hommes à la vie compliquée et qui voyagent beaucoup.

Oui, mais voilà, grave problème: passée la première demi-heure, cette histoire fait du sur-place et nous avons ici affaire à des gens qui bavassent et le texte souvent indigent, se limite presque à une suite de monologues explicatifs et sans grand intérêt et sur un peu plus de deux heures… La toute fin est un peu plus juste et chargée d’émotion, grâce surtout à Maryvonne Schiltz qui retrouve sa fille.  Mais ces quelques minutes, il aura fallu les mériter…  Cette dramaturgie assez compliquée avec un texte ennuyeux sur le thème: rapport mère/fille, ne tient pas ses promesses. Et une fois de plus, le choix de micros  H F que rien ne justifie, n’arrange pas les choses!  Malgré une direction d’acteurs et une scénographie-sans doute coûteuse mais efficace, nous sommes restés sur notre faim. Peu de spectateurs sont sortis  mais certains près de nous se sont vite endormis. Nous avons essayé de résister au sommeil… tout juste. Bref, conseil d’ami, épargnez-vous cette prétentieuse A la Trace…

 Philippe du Vignal

Théâtre de la Colline, rue Malte-Brun, Paris (XXème). T. : 01 44 62 52 52, jusqu’au 26 mai.

À la Trace/Celle qui regarde le monde d’Alexandra Badea a paru à L’Arche Éditeur.


Archive pour 7 mai, 2018

À la Trace, texte d’Alexandra Badea, mise en scène d’Anne Théron

9B3A83EB-2795-4999-A49D-7A635714F98BÀ la Trace d’Alexandra Badea, mise en scène d’Anne Théron

Il y a d’abord et surtout le parcours de Clara, une jeune femme dont le père est mort et qui trouve un sac à main où elle trouve une carte d’électrice au nom d’Anna Girardin. Clara va alors quitter sa mère, arrêter ses études pour retrouver cette femme, en cherchant sur Internet toutes celles qui portent ce nom fréquent… Mais sans qu’elle sache elle-même, cette quête ressemble à une sorte de polar.

Et puis il y a aussi une autre histoire qui s’entrelace avec la première: une femme qui a des contacts sur le web avec quatre hommes différents, à l’autre bout du monde dont , sur un écran au-dessus du plateau,  on voit les visages en très gros plan. Et ils se parlent longuement dans une certaine intimité. Sur le plateau, une très belle scénographie avec, côté cour et côté jardin, une banquette style salle d’aéroport. Et ce n’est pas nouveau-Georges Pitoeff l’avait déjà imaginé, il y a presque un siècle- il y a neuf pièces sur un rez-de chaussée et deux étages avec chambre, salon, atelier… Ce modèle réduit est toujours séduisant (voir Claude Lévi-Strauss) et au théâtre, il place le public qui adore cela en position de voyeur !

Côté interprétation, il y a, tout à fait remarquable, Liza Blanchard, dans le rôle d cette jeune femme tenace mais que l’on sent fragile et pas à l’abri d’un mauvais coup, Judith Henry qui, elle, joue sans surprise mais avec efficacité les différentes Anna Girardin. Nathalie Richard interprète cette femme assez paumée, mais, comme si elle n’était pas tout à fait à l’aise avec ce texte-logorrhée, elle a tendance à bouler son texte et on ne l’entend pas toujours très bien. Maryvonne Schiltz  joue cette Margaux/mater dolorosa que l’on voit peu mais qui a une sacrée présence surtout à la fin. Yannick Choirat (Thomas), Alex Descas (Bruno), Wajdi Mouawad (Yann), Laurent Poitrenaux (Moran) à l’écran sont aussi très justes dans ces personnages d’hommes à la vie compliquée et qui voyagent beaucoup.

Oui, mais voilà, grave problème: passée la première demi-heure, cette histoire fait du sur-place et nous avons ici affaire à des gens qui bavassent et le texte souvent indigent, se limite presque à une suite de monologues explicatifs et sans grand intérêt et sur un peu plus de deux heures… La toute fin est un peu plus juste et chargée d’émotion, grâce surtout à Maryvonne Schiltz qui retrouve sa fille.  Mais ces quelques minutes, il aura fallu les mériter…  Cette dramaturgie assez compliquée avec un texte ennuyeux sur le thème: rapport mère/fille, ne tient pas ses promesses. Et une fois de plus, le choix de micros  H F que rien ne justifie, n’arrange pas les choses!  Malgré une direction d’acteurs et une scénographie-sans doute coûteuse mais efficace, nous sommes restés sur notre faim. Peu de spectateurs sont sortis  mais certains près de nous se sont vite endormis. Nous avons essayé de résister au sommeil… tout juste. Bref, conseil d’ami, épargnez-vous cette prétentieuse A la Trace…

 Philippe du Vignal

Théâtre de la Colline, rue Malte-Brun, Paris (XXème). T. : 01 44 62 52 52, jusqu’au 26 mai.

À la Trace/Celle qui regarde le monde d’Alexandra Badea a paru à L’Arche Éditeur.

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