Alex au pays des poubelles, conception et chorégraphie de Maria Clara Villa Lobos

Alex au pays des poubelles, conception et chorégraphie de Maria Clara Villa Lobos,

93beb92efc72848ed9a7fff5fe926326Un clin d’œil  à Alice au pays des merveilles… Le spectacle destiné au jeune public à partir de six ans est mené avec une étonnante maîtrise par cette jeune artiste brésilienne basée à Bruxelles, où elle a réalisé une dizaine de pièces qui ont été ensuite jouées en Europe mais aussi au Brésil, au Canada, et en Corée du Sud.

Alex, petite fille très gâtée,reçoit beaucoup de jouets… qu’elle jette sans scrupules quand elle n’en veut plus. Mais un jour, elle se retrouve dans un étrange pays: un immense dépôt de déchets-impressionnante scénographie d’Isabelle Anais-avec des centaines de bouteilles et de sacs en plastique envahissant le plateau. Alex va rencontrer de curieux personnages-bien interprétés par Clara Henry, Clément Thirion, Gaspard Herblot et Antoine Pedro-qui  plongent dans ces déchets. La petite fille va se mêler à eux pour un concert de bouteilles et des danses virevoltantes mais elle est brutalisée par un monstre qui surgit tout à coup. Les personnages font mine de se régaler de coca-ketchup, mais pour avoir le droit de boire, il faut s’asseoir et Alex n’a pas de place. Ils se transforment en bibendum, Alex aussi. « C’est devenu le pays des poubelles, le roi a complètement interdit de faire le tri, on dit le thé  (…) Il y a de plus en plus d’objets jetables, et, du coup on a rasé la forêt ! On a perdu tout espoir de revoir un jour un arbre et même des fleurs! »

Les acteurs parviennent à reconstituer un dragon chinois, et des costumes à partir de peluches jetées par Alex Le spectacle, par moments assez effrayant, reste drôle et rejoint étrangement le thème traité par Eugenio Barba dans L’Arbre présenté par la compagnie de l’Odin Teatret actuellement joué au Théâtre du Soleil.

Edith Rappoport

Le spectacle a été  joué au Tarmac, 159 avenue Gambetta, Paris XX ème du 14 au 18 mai.


Archive pour 19 mai, 2018

L’Instinct de laboratoire, conférence d’Eugenio Barba

 
L’Instinct de laboratoire, conférence d’Eugenio Barba

Eugenio Barba, fondateur de l’Odin Teatret et de l’International School of Theatre Antrophology, et élève de Jerzy Grotowski, a fait évoluer le concept du travail de l’acteur à partir de sa propre recherche intérieure.
Il a présenté L’Arbre à la Cartoucherie de Vincennes avec sa troupe de l’Odin Teatret (voir Le Théâtre du Blog). Il retrace ici les premiers pas de son théâtre qu’il a fondé à Oslo en 1964, à son retour de Pologne où il avait été l’assistant de Jerzy Grotowski. Il s’est installé avec sa compagnie à Holstebro au Danemark, avec son Nordisktheaterlaboratorium qui a ensuite pris le nom d’Odin Teatret.  Avec trente-cinq membres, issus de onze pays… Les pistes qu’emprunte Eugenio Barba sont autant de questions passionnantes pour les acteurs et metteurs en scène de théâtre!

Extraits:

Le groupe de jeunes gens autodidactes que nous étions avait choisi de vivre en exil, dans le Jutland Danois, donc de perdre leur langue et leurs amis. Il y régnait une joie de vivre, une énergie et un protestantisme militant avec une grande exigence de travail. Quatre personnes m’avaient suivi au Danemark. Avant de fonder l’Odin, j’ai beaucoup voyagé et j’ai pris conscience d’une chose: en juillet 1940, toute l’Europe était tombée aux mains d’Hitler! Mais des gens avaient dit non…

Vsevolod Meyerhold, au moment où Staline l’accusa de formalisme, est abandonné par ses acteurs sauf un seul qui le défendit. Je n’ai personnellement jamais pensé devoir éduquer mes acteurs, même si Jerzy Grotowski l’avait fait. A l’Odin, les journées commencent  par des exercices qui durent cinq heures. C’était la première fois qu’on pouvait voir des spectacles sans texte et les spectateurs ne parlaient pas notre langue. Nous n’avions pas de lieu, mais on pouvait utiliser les écoles. Mes mises en scène ont été élaborées dans le cadre d’une salle de gymnastique, et nous  avons toujours travaillé dans ce genre de cadre. En 1966, il y a eu des protestations contre nous à Holstebro, et en 1968,  puis une mutation du rêve.  Sois un livre déchiré, attention, ne nous installons pas! L’Odin renaît ainsi depuis cinquante-quatre ans! Jerzy Grotowski après dix années consacrées au théâtre, a annoncé à New York qu’il y renonçait. Ce fut une grande douleur pour moi.

Quelles sont mes forces ? L’égoïsme, l’argent et le goût du pouvoir! Mes acteurs ont ensuite élaboré leurs propres projets avec mon appui. Ensemble, on était plus fort. En quittant la Norvège pour le Danemark, on était obligé d’abandonner la langue. Nous avons fait un voyage en Italie du Sud pour créer un spectacle. Le changement est fondamental, et les contraires sont parfois complémentaires. A Carpignano, en 1974, nous avons organisé des soirées troc. Notre anti-puritanisme est une forme d’érotisme: même s’il n’y a pas de nudité, mais rien de plus sensuel que l’Odin… Je suis allé pour la première fois à l’étranger à l’âge de seize ans, en Autriche; j’ai travaillé dans un atelier de ferblanterie où il fallait déchiffrer le comportement physique. J’ai dû ensuite apprendre le polonais pour travailler avec Jerzy Grotowski.

Quand je suis arrivé en Norvège pour faire du théâtre, je ressemblais à un Turc ou un Arabe. Le théâtre, en particulier celui de groupe, est un processus de transformation pour les acteurs. Il faut les obliger à l’exploration et différentes générations viennent directement à l’Odin qui est un empire de relations potentielles, une école de voyages…
A Holstebro, c’est la cinquième génération de politiciens qui respectent l’Odin. Je n’avais jamais pensé faire du théâtre anthropologique. Mais Cédée et Les Atrides sont des textes à la fois anthropologiques et contemporains. Pendant un temps à Holstebro, il n’y avait pas de spectateurs mais ils sont finalement venus. Un théâtre, ce sont des hommes et des femmes, pas un bâtiment. L’Odin Teatret disparaîtra avec moi mais nous aurons transmis le capital de notre expérience, et la municipalité fera autre chose de notre lieu. Et il y a beaucoup de petits laboratoires qui sont issus de l’Odin Teatret…

Edith Rappoport

Extraits de la conférence donnée par Eugenio Barba le 14 mai, à la Maison des Sciences de l’Homme, 54 boulevard Raspail, Paris VIème.

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