Soirée Thierrée, Shechter, Pérez, Pite par le ballet de l’Opéra de Paris

 

Soirée: Thierrée, Shechter, Pérez, Pite par le ballet de l’Opéra de Paris

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©Jean Couturier

Aurélie Dupont a reprogrammé pour cette fin de saison la pièce  The Seasons’ Canon de Crystal Pite qui avait déjà rencontré un immense succès à sa création, (voit théâtre du blog), une œuvre où l’animalité sensuelle des danseurs du ballet de l’Opéra s’exprime totalement. En ouverture de cette soirée, James Thierrée  avecFrôlons développe encore plus d’animalité et ses costumes évoquent des insectes à la recherche de leur reine.

Le titre à double sens révèle le concept  de cette création qui se joue au plus près des spectateurs, dans les espaces publics: Grand Foyer, rotondes des abonnés ou grand escalier… «Circulez! Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, bêtes, monstres et créatures de notre imaginaire … Circulez!»  Mais James Thierrée a beau inciter à la mobilité, les spectateurs ont tendance à regarder leur smartphone, sans participer vraiment à cette ruche des sens, d’où, pour certains, une sensation d’inaction. Les danseurs, très habités par leurs personnages, font preuve d’une belle concentration  mais semblent n’avoir qu’un objectif après avoir fêté la reine au milieu des grands escaliers de l’Opéra : revenir dans leur cocon protecteur, la scène du Palais Garnier… 

The Male Dancer d’Ivan Pérez au titre paradoxal,  comprend  dix hommes travestis en costumes de femmes très colorés avec une danse sensuelle et esthétique. En contrepoint à ce groupe, Hofesh Shechter, pour son premier ballet ici, a travaillé avec neuf danseuses. Son The Art of not looking back présenté en deuxième partie, surprend et dérange. Le chorégraphe y évoque, ses rapports, entre manque et rejet, avec sa mère  qui l’a abandonné quand il avait deux ans…

Hannah O’Neill, Muriel Zusperreguy, Marion Barbeau, Héloïse Bourdon, Ida Viikinkoski, Caroline Osmont, Marion Gautier de Charnacé, Clémence Gross et  Héloïse Jocqueviel ont toutes bien intégré le langage du chorégraphe avec ses ruptures de rythme et ses pulsations du corps implorant le ciel. Cette évocation familiale indirecte est bouleversante : au milieu d’une bande-son agressive, on entend le Concerto pour deux violons en ré mineur de Johan-Sebastien Bach et la voix d’Hofesh Shechter : «Tu tentes d’être tout pour moi mais tu n’es rien. » (…)  « Je ne te pardonne pas.» Ses phrases, lancées comme des couteaux, donnent une tonalité sombre et amère à ces instants. Une belle soirée éclectique et pleine de surprises qu’il faut aller découvrir.

Jean Couturier

Opéra de Paris-Palais-Garnier (en alternance) jusqu’au 8 juin.

 

 

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