Faire le mur par la compagnie des Ricochets sur les Pavés

 

Faire le mur par la compagnie des Ricochets  sur les Pavés

On nous avait déjà conviés l’an dernier aux sources de la Bièvre pour une étrange promenade. Cette fois c’est dans un parc pour découvrir un immense espace autrefois occupé par Air France, avec nombre de bâtiments abandonnés au milieu d’une végétation envahissante.
Judith Frydman nous accueille et  distribue une carte d’exploration qui nous permettra de ne pas nous égarer; elle nous recommande de profiter du silence, d’ouvrir nos cinq sens pour une heure de traversée offerte à travers l’allée des Pins, l’allée des Tilleuls, les chemins de traverse, les pistes forestières, les sentiers de passage d’animaux, les chemins sensibles, les points d’écoute.
Les sentiers sont signalés en jaune, rouge, bleu, et blanc. Ce domaine public devrait être prochainement livré aux bâtisseurs privés. On erre vaguement inquiet et on peut parfois s’asseoir dans des transats au bord d’un lac à moitié asséché, envahi par des herbes folles. Une barque abandonnée loin de l’eau ouvre le passage pour cette exploration insolite.
A la sortie, soulagés, on nous indique la direction à prendre pour retrouver la sortie.

Edith Rappoport

Parc de Vilgénis à Massy (Essonne), le 26 mai.Le prochain week-end ; Prendre Racine aura lieu les 30 mai et le 1er juillet.


Archive pour 29 mai, 2018

Mother’s Milk, chorégraphie de Rami Be’er

 

Mother’s Milk par la Kibbutz contempory dance company, chorégraphie de Rami Be’er

(C)Eyal Hirsch

(C)Eyal Hirsch

Depuis la fermeture pour travaux des Théâtres parisiens de la Ville et du Châtelet depuis plus d’un an, les ballets manquent de grands plateaux ! D’où l’idée de Richard Caillat et Stéphane Hillel, directeurs associés du Théâtre de Paris, d’inviter  une troupe à y montrer ses créations, avec le concours de Lisa Martino, comédienne et ancienne danseuse. « Toujours dans la volonté d’innover, disent-ils, nous caressions le projet de nous ouvrir à d’autres disciplines que le théâtre. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un rendez-vous annuel de la danse  au Théâtre de Paris. »

Pour cette première édition et dans le cadre de la saison France/Israël 2018, Rami Be’er va présenter une pièce en hommage à ses parents, disparus il y a un an.  Sa compagnie réside au nord d’Israël non loin du Liban, dans le village de la danse, le Kibbutz, fondé en 1948 par les parents du chorégraphe, avec, pour vocation, l’éducation par la danse. Sa mère hongroise, survivante de l’holocauste, s’était promis  de consacrer sa vie à la danse. Pendant cinq mois, une centaine d’interprètes du monde entier suivent un stage de perfectionnement de plusieurs semaines dans la compagnie de Rami Be’er. Et la plupart des membres de  ses membres proviennent de ces stages. Par ailleurs, la Kibbutz contemporary dance company offre des programmes de développement par la danse aux habitants des villages arabes alentour.

Rami Be’er né au Kibbutz, rejoint en 1981 cette compagnie fondée en 1973 et qui devient professionnelle en 1990 et dont il prendra la direction  six ans plus tard. En général, ses spectacles réalisés à partir d’improvisations individuelles de ses interprètes.

Pour Mother’s Milk, le chorégraphe a aussi créé les décors, lumières et sons. La pièce s’inspire de la vie de son père, architecte, qui avait fondé un orchestre de chambre familial, et de  sa mère qui s’était entièrement  consacrée à la danse. Le patrimoine culturel européen sera évoqué ici sur cette vaste scène de quinze mètres d’ouverture sur onze mètres de profondeur et éclairée par un petit lustre à pendeloques et des pinceaux lumineux.

Pour le chorégraphe, la danse reste un langage de communication abstrait et émotionnel mais au-delà des mots, elle doit être au service d’un monde potentiellement meilleur… Il faut aller découvrir ces dix-neuf danseurs dans ce nouveau lieu de  la danse.

Jean Couturier

Théâtre de Paris, 15 rue Blanche Paris IXème, du 13 au 17 juin.  

Contes immoraux /Partie 1-Maison Mère, mise en scène et jeu de Phia Ménard

Bonlieu, scène nationale

Bonlieu, scène nationale

Contes immoraux /Partie 1-Maison Mère, écriture et dramaturgie de Phia Ménard et Jean-Luc Beaujault, mise en scène et jeu de Phia Ménard

Pour ce premier volet des Contes immoraux, Phia Ménard retrouve la scène avec une performance créée en 2017 à la Documenta 14 de Kassel (Allemagne) et promise à une  tournée en France et à l’étranger. Cette Maison mère inaugure le festival Tout le monde danse,  programmé par Bonlieu/Scène nationale d’Annecy (voir Le Théâtre du blog).

 Seule, en  jupe de cuir noir, corset blanc, bas vert et blanc de rugbyman et genouillères, l’artiste bâtit une maison préfabriquée en carton «comme on monterait une tente pour abriter des réfugiés». Au prix de gros efforts et avec une résolution de guerrière, elle  découpe, transporte, plie et emboîte des plaques de carton ondulé les unes dans les autres et les fait pivoter pour leur donner une assise. Elle applique les lois de la gravité qu’elle a acquises grâce à son expérience de jongleuse, et elle trouve le bon point d’appui pour soulever et faire basculer, avec des étais de fer, les cent-cinquante kilos des murs et du toit.

Jouant de l’équilibre précaire d’une telle masse,  Phia Ménard ménage le suspense avec des gestes lents et sûrs. Pour donner un espace sonore dramatique à ce chantier, des micros amplifient et diffusent en léger différé le bruit de ses bottes claquant sur le sol, le carton qui gémit et le crissement du ruban adhésif d’emballage déroulé en abondance pour solidifier l’édifice. La commande de la Documenta 2017 avait pour thème: apprendre d’Athènes/Pour un parlement de corps.  Et cette Maison Mère de  six m. x neuf m. x trois m. qu’elle achève en moins d’une heure, a les proportions et l’allure du célèbre Parthénon, le temple d’Athéna .

 Après ce dur labeur, il suffira d’un déluge de pluie pour que la maison s’effondre lentement sur elle-même à l’image des ruines de l’Acropole ou des immeubles bombardés, stigmates de nos guerres. On pourra y lire des allusions à la crise grecque, comme aux importantes migrations actuelles et, de façon plus générale, à la fragilité des réalisations humaines dans une Europe et un monde toujours à reconstruire. 

Phia Ménard traite une fois de plus et de manière originale, de l’identité, du genre et des  droits de l’homme. Après l’air : L’Après-midi d’un foehn, VORTEX),  la glace et l’eau avec  Belles d’hier, et  le feu dans Les Os noirs,  elle se confronte à un matériau plus solide et se joue de sa résistance,  en le façonnant pour faire naître des émotions sensorielles. Pour  le deuxième volet de ses Contes immoraux, Saison sèche, qui sera créé en juillet, au festival d’Avignon, elle fera appel à plusieurs interprètes dont elle-même. Cette performance promet d’être tout aussi surprenante, puisqu’elle manipulera cette fois des  panneaux de placo-plâtre…

 Mireille Davidovici

Spectacle vu le 3 mai à Bonlieu/Scène nationale d’Annecy (Haute-Savoie).

Contes immoraux /Partie 1 – Maison Mère, les 5 et 7 juillet, festival Montpellier-Danse à 18h, Studio Bagouet/Agora, boulevard Louis Blanc.

Saison sèche du 17 au 24 juillet, festival d’Avignon, L’Autre scène du Grand Avignon, Védène (Vaucluse).

 

 

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