Scènes ouvertes à l’insolite (suite):

 

Scènes ouvertes à l’insolite (suite):

 Médée La Petite, d’après Sénèque, texte, conception et mise en scène de Cécile Givernet et Vincent Munsch

images 11.31.45Marionnettes, ombres et son spatialisé, ce joli théâtre d’objets diffuse un mystère et invite au mariage inattendu entre une forme légère de cirque et le mythe tragique de Médée. Une petite roulotte d’antan  surgie d’ un songe d’enfance et sur une musique tantôt dansante, tantôt grave et méditative, des êtres oniriques surgissent formes rondes avec bras et jambes dansant dans l’espace, et annoncent la tragédie.

Jeu d’ombres et de lumières, scintillements ludiques  nocturnes, dessins et illustrations, placés sous l’aura brumeuse d’une lampe tracent  des images  d’une somptueuse  magie. Apparaissent ainsi, à côté de la voix de celle qui conte l’horreur à venir, Médée dont on apprend les sentiments et projets intimes, Jason l’infidèle, Créuse, la jeune épouse sacrifiée  et  Créon, le père égoïste. Mais aussi, le chœur de la Cité, incarné par un objet insolite, une sorte d’éventail de papier commentant l’histoire. Petits tableaux de genre et scènes en miniature, le public est ébloui par tant d’invention, entre fête foraine et passions.

visuels-site-slideshow-paperwork-soi201804 Paperwork, conception, scénographie et interprétation mise en scène d’Anna Verduin

 Présenté dans le cadre de la saison néerlandaise en France, Paperwork invite le public à pénétrer dans un refuge de papier – où pliage et collage minutieux donnent naissance à tout un monde imaginé d’après l’œuvre et le personnage de Frantz Kafka, employé de bureau écrivant la nuit pour échapper à la réalité oppressante du jour.  La correspondance administrative de la compagnie d’assurances où il travaillait et ses manuscrits composant ici une œuvre littéraire, et la feuille de papier est reine,  comme les cartonnages en tout genre. Des  doigts osseux de papier ouvrent un tiroir et des cahiers minuscules sont offerts au regard du public arpentant l’espace au gré de sa déambulation entre les diverses maquettes.

Erin Tjin A Ton et Gosia Kaczmarek ouvrent des dossiers qui laissent surgir le moment d’une pause,  des tasses  et une petite théière et  invitent leurs personnages à un goûter mérité. L’une se réfugie dans une immense enveloppe, souhaitant passer par un cheminement postal aléatoire, avant d’atteindre une destination intime souhaitée. L’autre porte un grand mannequin de papier, figure blanche anonyme derrière laquelle elle se cache et qu’elle fait bouger devant les spectateurs intrigués. Ce beau délicat théâtre donne le jour à une bureaucratie surréaliste d’un joli gris pâle souris et les froissements des feuillesde papier font se lever ou se coucher les mondes.

 La Place de l’Etranger-e, conception et interprétation d’Eléonore Latour

 etrangers1Danse et marionnette portée, un spectacle éloquent sur la situation des migrants. Un  africain est allongé sur une  plage; on entend le bruit des vagues et le cri des mouettes. Cette  poupée grandeur humaine au visage expressif  se relève peu à peu, manipulée par la marionnettiste dont surgit la chevelure, tandis que ses bras et jambes sont glissés dans la veste et le pantalon : l’une est l’autre, et l’autre est elle. Confusion des formes et des identités qui touchent à l’universel…

Un oiseau au cri sonore magnifique de solitude fait crisser le vaste firmament, et la marionnette lève la tête avec tristesse, le  regard  tendu vers les hauteurs d’un ciel qu’on devine bleu, la bouche ouverte de bonheur. Cette quête identitaire s’inspire du Cantique des oiseaux, recueil de poèmes médiévaux de Farid Od-dîn Attâr, un poète soufi. Rêver d’être un oiseau libre est la belle métaphore d’une quête existentielle que la danse et la manipulation subtile d’Eléonore Latour magnifient en éveillant à la fois à la conscience de l’autre et à la conscience de soi.

Véronique Hotte

Scènes ouvertes à l’insolite :
Mouffetard-Théâtre des arts de la marionnette, rue Mouffetard, Paris V ème; Théâtre Paris-Villette,  Paris XIX ème et Théâtre aux Mains Nues,  43 rue du Clos, Paris XX ème du 29 mai au 3 juin. T.: 01 84 79 44 44.

 

 

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