Le Grand cirque des sondages par la Compagnie Annibal et ses éléphants
Avant ces deux représentations, la compagnie dirigée par Frédéric Fort avait lancé un appel pour que les spectateurs fassent bousculer avec des propositions, les lois statistiques. Nous sommes dans une cour circulaire du XIème arrondissement de Paris autour d’un dispositif imposant où les acteurs vont se percher pour diriger la foule des participants.
Les sondages sont omniprésents dans notre quotidien : famille, économie, sexualité, travail, culture, religion, drogue… Et on examine sans cesse et attentivement l’ensemble de la société. « Mais au-delà de la banalité des chiffres, il y a toute la cruauté burlesque du monde moderne qui s’exprime dans ces sondages. De la naissance à la mort, nous sommes scrutés, googelisés. Notre vie entière peut se décomposer en une suite de chiffres, de courbes et de camemberts. »
Des spect-acteurs qui ont été tirés au sort vont incarner la réalité cruelle des résultats au cours de jeux du cirque. Et puisque un pour cent de la société est aussi riche que le reste, il y aura donc : quatre-vingt gladi-acteurs face à un seul Impér-acteur assis sur un trône et qui, avec son pouce géant qu’il pourra tendre vers le ciel ou tourner vers la terre, commandera à sa guise ! Le panel du jour arrivera-t-il à triompher des lois statistiques ? Vaincre les sondages nous aidera-t-il à retrouver le sens de l’humanité ?
On nous distribue les fiches de personnages; pour ma part, je suis Elodie Marchal, moins de trente-cinq ans, chômeuse, mariée, athée, domiciliée à Annecy, hétérosexuelle, signe particulier : surdouée. Si on m’appelle, je dois rejoindre les animateurs dans l’arène pour participer au dispositif et défier les statistiques. «Panem et cireuses, ne soyez pas victime des chiffres, venez les combattre. »
Quatre personnages sont perchés sous le poteau: «Nous sommes tués par les experts (…) Seul le hasard fait-il qu’un seul puisse devenir Imperacteur? On en choisit trois: Julien Valois, Gérard Vidal, ouvrier métallurgiste, François Laborde. Il leur faut se décider entre un combat à mort ou les élections. Julien est décoré. L’Imper-acteur revêt sa toge et s’assied sur son trône. Du sang, de la sueur et des larmes, une bande de spermatozoïdes s’élance et tourne en rond, la plupart tombent par terre. Un seul en réchappe, et il y a la naissance d’une handicapée. «Dans ce pays, nous avons besoin de clandestins pour les sales boulots ! (…) Monseigneur Barbarin, lui, n’a pas su choisir entre pédagogie et pédophilie ! (…) Tous les trois jours, une femme meurt sous les coups de son mari, le marché n’a pas de règle et malheur aux vaincus !»
Une impressionnante course pleine d’humour interprétée par Peggy Dias, Frédéric Fort, Jonathan Fussi et Thierry Lorent qui a fait participer une bonne centaine de spectateurs enthousiastes.
Edith Rappoport
Spectacle vu le 15 juin à Paris XIème. Et tournée, début juillet à Vire (Calvados), dans la Manche et à La Flèche (Sarthe).
Economic strip le précédent spectacle sera joué le 23 juin à 20h 30 à Landerneau, cour de l’école Jules Ferry, et le 29 juin à 22 h à Limoges, Parvis de la cathédrale.
Le 4 août, à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
Les 8 et 9 septembre, aux Accroches-Coeur à Angers.