La Légende d’une vie de Stefan Zweig

La Légende d’une vie de Stefan Zweig, adaptation et mise en scène de Caroline Rainette

©compagnie etincelle

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L’une des rares pièces de théâtre de Stefan Sweig, jamais jouée en France. Le spectacle nommé dans la catégorie: « Meilleur Comédien dans un premier rôle » aux P’tits Molières 2017, est repris ici.

C’est l’histoire d’un fils écrasé par la mémoire d’un père vénéré de tous et d’une employée rongée par le poids des mensonges. En cette fin de journée, on est à la veille de la présentation publique de la première œuvre poétique de Friedrich, fils du célèbre écrivain Karl Amadeus Franck, véritable légende  encensée par son épouse et par sa biographe Clarissa von Wengen.

Légende d’une vie a été créée en 1919  et pour son auteur, c’est un «drame moral et contemporain  et le combat du fils contre la figure légendaire et faussée du père défunt qui l’opprime moralement et qu’il commence à aimer après avoir arraché le masque héroïque modelé par la famille et reconnu l’homme coupable et humain en lui. »
C’est un adaptation de la pièce et on ne verra ni sa veuve, l’autoritaire Léonor, gardienne auto-proclamée de l’œuvre de son époux, et son premier amour, Maria…Mais on retrouve ici les thèmes chers à Stefan Zweig:  le culte du secret dans les  familles, le difficile essai de constitution de l’identité, la vérité et le mensonge… Terrifié par le regard des bourgeois et intellectuels de la haute société, Friedrich lucide, ne supporte plus d’avoir à suivre les traces de ce père vénéré de tous, ce Karl Franck qui n’a jamais été le grand homme que le monde connaît. Il va découvrir toute une partie de sa vie… moins reluisante et fondée sur des mensonges et qui a été volontairement cachée.

Clarissa, elle, a été manipulée pour y parvenir. Au cours d’une longue conversation  avec  cette jeune femme qui prépare la publication du livre, Friedrich  voit se révéler les méfaits de son père et se livre alors à un douloureux combat intérieur pour se libérer d’une admiration illégitime. Clarissa  lui révèle aussi que sa mère a souffert de la domination de son mari. Lennie Coindeaux qui joue ce fils déchiré a une belle présence,  comme Caroline Rainette, dont le personnage  est plus ambigu.
Un spectacle tout en nuances et qui permet de découvrir une œuvre jamais jouée en France, du magnifique écrivain autrichien né en 1881 et qui s’est suicidé au Brésil en 1942.

Edith Rappoport

Théâtre du Lucernaire, 80 rue Notre-Dame des Champs, Paris VIème, jusqu’au 8 juillet. T:  01 45 44 57 34.

 

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