La mise en vente des locaux du Conservatoire National?

250px-Theatre_du_Conservatoire_Paris_CNSAD La mise en vente des locaux du Conservatoire National? 

Tout se paye dans la vie!  Et ce qu’on avait récemment appris, se confirme, le Ministère de la Culture, c’est à dire l’Etat français, c’est à dire vous comme moi mais sans notre avis, veut vendre le site du Conservatoire National! Pour récupérer de l’argent afin d’en financer son déménagement  sur le site Berthier, future Cité du Théâtre… Emmanuel Macron, »président des riches », puisque décidément dans ce pays tout se décide à l’Elysée, a sûrement d’autres soucis, mais cette  affaire donne du ministère de la Culture et de l’Etat français une image lamentable de gestionnaire pur et dur. Alors que les compagnies de théâtre comme de danse ont un mal fou, faute de lieux à pouvoir répéter à Paris dans des conditions normales. (voir la lettre du collectif de compagnies à Françoise Nyssen dans Le Théâtre du Blog). A quel énarque du cabinet de la Ministre de la Culture doit-on cette brillante idée? Tant qu’à faire, l’Etat pourrait lancer un financement participatif ou une loterie! Il faut rester très vigilant : on le sait bien, les coups tordus du Ministère de la Culture sont annoncés à l’extrême fin du festival d’Avignon pour éviter toute contestation et les décisions sont prises en plein mois d’août…Sans aucun doute un hasard du calendrier! Christiane Millet, la présidente de Rue de Conservatoire, relance son appel à la résistance, auquel toute l’équipe du Théâtre du Blog s’associe. Une pétition de plus, pourquoi pas? On ne compte plus les exemples où l’Etat a dû finalement reculer devant une pétition et/ou une manifestation de rue. Alain Juppé en sait quelque chose… Madame Françoise Nyssen ferait bien de  méditer ce vers d’Iphigénie d’Euripide : « Il faut combattre la raison par la raison. »

Ph. du V.

Lettre de Christiane Millet

Chers amis,

Comme beaucoup le savent maintenant, l’Etat a décidé, en contrepartie de la création de la Cité du Théâtre, de mettre en vente les locaux actuels du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique  sauf le Théâtre qui est classé, abandonnant une fois de plus, au coeur de Paris, un élément architectural et artistique absolument unique de notre patrimoine.

Vous êtes nombreux, et non des moindres, à avoir approuvé et signé la Lettre Ouverte que Rue du Conservatoire a adressée à Madame Françoise Nyssen et que nous avons publiée sur notre site.

Je vous en remercie infiniment car nous savons, officieusement, que la spontanéité de cet élan, le poids de vos soutiens et la qualité de vos commentaires n’ont pas laissé notre gouvernance insensible. Mais nous n’avons, à ce jour, reçu aucune réponse de Madame la Ministre de la Culture.

Impuissance, indigence, fatalité…sont les seuls échos qui nous parviennent et c’est dommage, car grâce à vous, à votre engagement à nos côtés et à vos interventions à la dernière Assemblée Générale, nous avons maintenant des solutions à proposer, avec le soutien d’organismes privés s’il le faut et des projets à soumettre. Encore faut-il qu’ils soient entendus…

Notre souhait: que l’édifice soit protégé (non répertorié aux Monuments Historiques, pas même la magnifique salle Louis Jouvet) et qu’il conserve pleinement et durablement sa vocation artistique originelle. C’est une évidence. Et je considère comme notre devoir d’artistes, d’anciens élèves, de créateurs et de responsables pédagogiques de rompre le silence accablé des ministères afin de former ensemble un projet financier et culturel honorable. Je vous invite à continuer notre mouvement.

Christiane Millet, présidente de Rue du Conservatoire

http://www.rueduconservatoire.fr/article/6474/des_nouvelles_du_front/lettre_ouverte_a_madame_la_ministre_de_la_culture


Archive pour juin, 2018

Bibi l’Ecorché par la compagnie de L’Oiseau Mouche, d’après le pamphlet contre la mort de Charles Pennequin, adaptation et mise en scène de Sylvain Maurice

Bibi l’Ecorché  par la compagnie de l’Oiseau Mouche, d’après Le Pamphlet contre la mort de Charles Pennequin, mise en scène et adaptation de Sylvain Maurice

© E. CARECCHIO

© E. CARECCHIO

Basée à Roubaix dans un ancien et très vaste garage, cette compagnie dont les acteurs sont handicapés, dispose d’un plateau, de salles de répétition, locaux techniques et bureaux… Et même d’un restaurant. Créée en 1978, donc il y a quarante ans la compagnie est professionnelle depuis 1981 et compte vingt-trois acteurs qui travaillent chaque jour  dans ce lieu, en répétant ou en jouant des spectacles, (voir Le Théâtre du Blog). On avait beaucoup apprécié il y a quelques années, un remarquable Sortir du corps de Valère Novarina sous la direction de Cédric Orain.

Sylvain Maurice, directeur du Centre dramatique national de Sartrouville, a mis en scène ce texte de Charles Pennequin, (cinquante-deux ans), poète et auteur de nombreuses performances, avec les acteurs de l’Oiseau Mouche. Entouré de ses copains, Bibi fête son anniversaire et raconte sa jeunesse : la famille, l’école, les premiers amours… Mais aussi la misère de son enfance misérable, des filles et il parle de son père, à la fois  aimé et tellement haï.

Jérôme Chaudière incarne avec force Bibi, ce garçon  qui rêve de devenir chanteur de rock. Il  a composé une chanson inspirée par  Guillaume Apollinaire et est accompagné  par Dayan Korolic à la guitare. Il essaye de chanter mais à cause d’une articulation difficile, peine à se faire entendre. L’écriture du spectacle évoque la violence des souvenirs et la nostalgie d’un monde disparu.   A quatorze ans, Bibi se regarde dans la glace: «Je suis beau comme ange rebelle dit-il, et interpelle son père : Papa, pourquoi tu t’es fait rétamer par la vie?». Et le père lui répond: «Tu as bien fait de partir avant tous les autres !  Faut vivre, il faut bien, à un moment donné, s’arrêter de braire».

Malgré toute l’énergie des acteurs: Jonathan Allart, Marie Claire Alpérine, Myriam Baïche, Jérôme Chaudière, Valérie Waroquier et Dayan Korolic, nous ne sommes pas arrivé à nous laisser emporter par le rêve de ce jeune homme. L’Oiseau Mouche nous a réservé autrefois de plus belles surprises…

Edith Rappoport

Spectacle vu le 9 et joué du 6 au 9 juin à la Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris XIème.

Le Pays lointain, (un arrangement), d’après Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Christophe Rauck

 © Simon Gosselin

© Simon Gosselin

 

Le Pays lointain, (un arrangement), d’après Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Christophe Rauck

Juste un souvenir, Jean-Luc Lagarce était venu nous apporter une photo  pour un article sur La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco qu’il venait de remettre en scène. Nous le revoyons  terriblement maigre, très humble, sa photo à la main devant la porte du bureau de l’Ecole à Chaillot. Je lui proposais de boire un café mais il n’avait pas le temps et nous avons parlé un peu quand je l’ai raccompagné jusqu’à l’accueil du Théâtre. Mais grande tristesse, il mourrait du sida à trente-huit ans, juste après avoir fini d’écrire Le Pays lointain

La pièce est en fait très proche de Juste la Fin du monde (1990) qui a été plusieurs fois montée depuis la mort de Jean-Luc Lagarce et Xavier Dolan en a fait un film, il y a deux ans. Le spectacle est celui de la cinquième promotion de l’Ecole du Théâtre du Nord que dirige depuis 2014 Christophe Rauck, avec Peio Berterretche, Claire Catherine, Morgane El Ayoubi, Caroline Fouilhoux, Alexandra Gentil, Alexandre Goldinchtein, Victoire Goupil, Corentin Hot, Margot Madec, Mathilde Méry, Cyril Metzger, Adrien Rouyard, Étienne Toqué, Mathias Zakhar. Deux élèves auteurs,  Haïla Hessou et Lucas Samain, sous la direction de Christophe Pellet, ont conçu une adaptation à partir d’un très habile montage de textes de l’auteur. Vieux problème quand on veut tous les jeunes comédiens puissent avoir chacun un rôle mais ici bien traité. Ont donc été ajoutés le personnage de la sœur de J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, la diva Madame Tschissik de Nous les Héros, et Jean-Luc Lagarce disant des extraits de son Journal.

Christophe Rauck a bien réussi son coup et François Berreur, le directeur des éditions Les Solitaires Intempestifs donna son accord à la condition de compléter la pièce par des extraits de textes de l’auteur. On a donc affaire ici un sorte de récit subtilement tissé où Louis, un homme encore jeune mais qui se sait condamné à brève échéance, retourne voir sa famille pour lui annoncer qu’il va mourir, et en somme régler ses comptes une fois pour toutes, car il n’y aura jamais de second voyage. Mais il ne dira rien, et repartira… Et cette histoire familiale sur fond d’amour et de conflits dans la fratrie est pour Jean-Luc Lagarce le récit d’un échec. « La douleur, mais encore, peut-être la sérénité de l’apaisement, le regard porté sur soi-même au bout du compte »

Avec des personnages comme Louis, sa mère, sa sœur Suzanne,  son frère Antoine et sa femme Catherine mais aussi de disparus à jamais : le Père mort et l’Amant mort.  En quelque sorte, les familles, celle, disons biologique comme on dit maintenant, de l’enfant que fut Louis et où il a grandi dans sa petite ville, et celle qu’il s’est faite, adulte, au hasard de rencontres: Hélène, la maîtresse de Longue Date, et deux personnages secondaires: « Le Garçon, tous les garçons », et «Le Guerrier, tous les guerriers ». Louis le héros central du Pays lointain, désemparé mais lucide n’arrive pas à dire dans cette pièce proche de l’autobiographie qu’il va mourir: « Je ne risque rien et c’est ainsi que je me retrouverai (…) Ce que je pense, et c’est cela que je voulais dire, c’est que je devrais pousser un grand et beau cri, un long et joyeux cri qui résonnerait dans toute la vallée, que c’est ce bonheur-là que je devrais m’offrir, hurler une bonne fois, mais je ne le fais pas, je ne l’ai pas fait. »

Bref, un bilan désastreux pour ces retrouvailles, avec une communication à la limite de l’impossible entre gens qui ont été très proches mais qui n’ont plus grand chose à se dire. Les malentendus, rivalités, non-dits se succèdent; jamais vraiment exprimés par les personnages.  Même s’ils ont une certaine tendresse malgré tout, les uns envers les autres.

Un grand plateau avec- vieux procédé- de chaque côté du plateau, des rangées d’anciens sièges de théâtre ou cinéma, en bois ou tapissés de velours où s’assoient les acteurs quand ils ne jouent pas.  Une petite table avec une machine à écrire, un fauteuil et sept châssis blancs dans le fond pour dire l’espace d’une  pièce ou d’un paysage. Et où  sont projetées en vidéo des dessins  en noir et blanc réalisés par Carlos Franklin de la toute proche Ecole du Fresnoy. Et il y a une intéressante bande-son en fond sonore, avec des thèmes d’œuvres classiques et des chansons dAlain Bashung.

Ce qui frappe dans cette interprétation : une grande compréhension du texte et des intentions de Jean-Luc Lagarce. (Cela suppose donc une dramaturgie pointue). Un jeu efficace mais d’une grande humilité sans aucune criaillerie à la diction et à la gestuelle impeccables. Les enseignants de l’Ecole, cela se voit, ont fait un excellent boulot de formation et ici, pas comme dans certaines écoles supérieures que nous ne citerons pas, les élèves ne se la jouent jamais  perso et/ou avec une certaine emphase pour attirer le regard…

Il y a à Lille une grande humilité et étonnante intelligence de l’humour et de la sensibilité propres aux textes pourtant parfois difficiles de Jean-Luc Lagarce. Nous avons spécialement remarqué Etienne Toqué (Louis) et Margot Madec (Mademe Tschissik)  mais il y a une grande concentration et une unité de jeu chez tous ces jeunes comédiens… qui, visiblement, n’ont eu aucune peine à se retrouver dans les thèmes traités par Jean-Luc Lagarce qui aurait aujourd’hui soixante ans : difficultés dans les relations familiales, amour des vivants, forte connivence avec les morts, recherche d’une identité, questionnements métaphysiques…

Certains moments pourraient être un peu resserrés et mieux vaut parfois connaître le théâtre de Jean-Luc Lagarce, mais c’est un grand bonheur de voir ce travail d’élèves bien dirigés par Christophe Rauck qui a su prendre la juste dimension de ces textes. Un travail qui  devenait déjà, le soir de la première! un véritable spectacle. Exceptionnel et qui mérite d’être souligné. Et ce Pays lointain a été chaleureusement applaudi par le public lillois. Ces jeunes comédiens recevront sans aucun doute le même accueil à Avignon.

Philippe du Vignal

Le spectacle s’est joué du 19 au 23 juin au Théâtre du Nord, Grand Place, Lille.

Festival d’Avignon du 20 au 23 juillet, salle Benoît XII, rue des Lices. Durée : 3h30 (entracte compris). T. : 04 90 14 14 14.

Sélection de spectacles du in et du off aux festivals d’Avignon, Aurillac,Paris l’Eté

 

 

Sélection de spectacles du in, du off aux festivals d’Avignon, Aurillac, Paris l’Eté, etc.

Comme l’an dernier, sont programmées des centaines de spectacles à Avignon où coexistent dans le off, parfois le meilleur… et souvent le pas bon du tout. De nombreux lecteurs nous  demandent ce que l’on peut voir ! Nous avons donc, pour faciliter vos choix, établi une nouvelle fois une petite liste de spectacles qu’au moins, l’un d’entre nous au Théâtre du Blog a vus, et que nous pouvons vous recommander. Ensuite, à vous de décider…Entre théâtre classique ou contemporain, danse, cirque, etc. Nous tiendrons à jour cette liste pendant toute la durée du festival d’Avignon et au-delà. Bien entendu, toute l’équipe du Théâtre du Blog vous rendra compte aussi  quotidiennement de ce qui se passe dans le in, et dans le off qui a beaucoup évolué depuis cinq ans et qui, cette année encore, promet de belles surprises. On vous parlera aussi des spectacles de Paris-l’été et ensuite du festival d’Aurillac, mais pas seulement…

Bon été à vous…

Philippe du Vignal

Festival d’Avignon in 

 pont.jpg**** Romances inciertos: Un autre Orlando, conception de François Chaignaud et Nino Laisné, chorégraphie de François Chaignaud, direction musicale de Nino Laisné du 7 au 14 juillet, à 22 h, Cloître des Célestins, Avignon.

*** Le Pays lointain (un arrangement) d’après Jean-Luc Lagarce, mise en scène de Christophe Rauck, du 20 au 23 juillet, à 19 h, salle Benoit XII, rue des Lices, Avignon.

*** May he rise and smell the fragrance, chorégraphie d’Ali Chahrour, du 14 au 17 juillet  à 15 h, salle Benoit Xll, rue des Lices, Avignon.

Nous vous conseillons aussi : Ça va ça va le Monde programme R.F.I. : lectures de textes francophones dirigées par Armel Roussel du 14 au 19 juillet à 11 heures. Maison Jean Vilar, (entrée libre), Avignon.

Festival Villeneuve en scène, à Villeneuve-lès-Avignon (Gard), juste de l’autre côté du pont:

 *** La Nuit unique par le Théâtre de l’Unité, Plaine de l’abbaye, les 10 et 11, les 13 et 14, 17 et 18, les 20 et 21 juillet de 23 h à 6 h du matin + une heure de petit déjeuner. T : 04 32 75 15 95.

*** L’Absolu de Boris Gibé, texte de Julien Gaillard, du 10 au 22 juillet à 22h, Clos de l’abbaye.

Festival d’Avignon Off :

*** Bizarres de Natasza Soltanowicz Campus international, 74 rue Louis Pasteur, jusqu’au 20 juillet à 14h. T. : 06 24 21 74 49.

****Plus grand que moi, texte et mise en scène de Nathalie Fillion, Théâtre des Halles rue du Roi René. jusqu’au 29 juillet. T.: 04 32 7624 51.

*** Cent Mètres Papillon de Maxime Taffanel, mise en scène de Nelly Pulicani, La Manufacture, 2 rue des Ecoles, Avignon, jusqu’au 26 juillet à 16h 25.T. : 04 90 85 12 71

**** Bienvenue en Corée du Nord, création collective, mise en scène d’Olivier Lopez du 6 au 29 juillet à 14h, Théâtre des Halles, rue du Roi René, Avignon. T. : 04 90 85 52 57.

****Kyz-Zhibek, comédie musicale de Gabit Mousrepov, du Théâtre du Music-hall d’Astana, Kazaksthan, musique d’Evgeni Broussilovski, et mise en scène d’Askat Maemirov, collège de la Salle, du 19 au 25 juillet, à 21 h 45 (surtitré en français).

****Korkut, d’Iran-Gaiup, mise en scène d’Ionas VaÏtkut, Théâtre du drame M. Auezov d’Almaty, Kazaksthan, collège de la Salle, du 13 au 17 juillet, à 21 h 45.  (surtitré en français).

 *** L’Établi d’après Robert Linhart, mise en scène d’Olivier Mellor, du 6 au 28 juillet à 20 h, Présence Pasteur, 13 rue Pont Trouca, Avignon. T. : 04 32 74 18 54.

** Monsieur, d’après la véritable vie de Marcel Creton, écriture scénique et mise en scène de Claire Vienne, du 6 au 29 juillet à 13 h 10, La Factory, 4 rue Bertrand, Avignon. T. 02 43 36 23 32.

*** Le Jeu de l’amour et du hasard, de Marivaux, mise en scène de Salomé Villiers, du 6 au 29 juillet  à 19 h 05, Théâtre du Roi René, 4 bis rue Grivolas, Avignon. T. : 04 90 82 24 35.

 *** Le Maître et Marguerite, d’après le roman de Mikhaïl Boulgakov, adaptation et mise en scène d’Igor Mendjisky, du 6 au 27 juillet à 19 h 40, au 11-Gilgamesh Belleville, 11 boulevard Raspail, Avignon. T. 04 90 89 82 63.

 *** Une Saison en enfer d’Arthur Rimbaud, mise en scène d’Ulysse di Gregorio, du 6 au 26 juillet à 11 h, Théâtre des Halles, rue du Roi René, Avignon. T. : 04 90 85 52 57.

 ** Respire, Picardie Forever mise en scène de Clément Montagnier (à partir de huit ans), du 10 au 27 juillet à 15 h 20, festival Théâtr’Enfants, 20 avenue Monclar, Avignon. T. : 04 90 85 59 55.

**** Le Voyage de D. Cholb, Penser contre soi-même, du 6 au 25 juillet à 18 h 30,théâtre Le Grand Pavois, 13 rue Bouquerie, Avignon. T. : 06 62 08 61 25.

**** On aura pas le temps de tout dire, portrait d’acteur#1, conception/adaptation d’Eva Vallejo/Bruno Soulier, acteur/textes de Gilles Defacques, du 6 au 26 juillet à 14 h 30,  Manufacture (patinoire) à Avignon, .T. : 04 90 85 12 71

*** Les Monstrueuses de Leïla Amis, mise en scène de Karim Hammiche, du 6 au 26 juillet, 11-Gilgamesh Belleville, 11 boulevard Raspail, Avignon. T. : 04 90 89 82 63.

 *** Stand Up, rester debout et parler de Florence Pazzottu, conception et mise en scène de Rachel Dufour, du 6 au 27 juillet à 20 h 20, au 11-Gilgamesh-Belleville, 11 boulevard Raspail. T. : 04 90 89 82 63.

*** Les Années d’Annie Ernaux, adaptation et mise en scène de Jeanne Champagne, du 6 au 29 juillet, à 10 h 50.  Théâtre du Petit Louvre, 23 rue Saint-Agricol, Avignon. T. : 04 32 76 02 70.

*** Gros Câlin de Romain Gary (Emile Ajar), mise en scène d’Hélène Mathon, du 06 au 29 juillet à 15 h 50, Présence Pasteur, 13 rue Pont Trouca, Avignon. T. : 06 33 52 65 69.

*** La Magie lente de Denis Lachaud, mise en scène de Pierre Notte, du 6 au 27 juillet à 19 h 10, Arthéphile, 7 rue du Bourg-Neuf, Avignon. T. : 04 90 03 01 90.

** Pulvérisés d’Alexandra Badéa, mise en scène de Vincent Dussart, du 6 au 29 juillet à 16 h 40, Présence Pasteur, 16 rue du Pont Trouca, Avignon. T. : 04 32 74 18 54.

*** Penser qu’on ne pense à rien, c’est déjà penser quelque chose » écrit et mis en scène par Pierre Bénézit, du 6 au 29 juillet à 12 h 45 (17 h 35, les 11, 18 et 25 juillet), Théâtre des Béliers, 53 rue du Portail Magnanen, Avignon. T. 04 90 82 21 07.

**** Dévaste-moi spectacle musical, mise en scène de Johanny Bert, le 17 juillet, festival Contre-Courant, complexe du Rond-Point, 2201 route de l’Islon,  Avignon. T. : à partir du 11 juillet.

 

 Festival Paris-L’Eté

**** Italienne, scène et orchestre, conception et mise en scène de Jean-François Sivadier, à la MC 93, 9 Boulevard Lénine, Bobigny (Seine-Saint-Denis). T. : 01 41 60 72 60

*** Iliade d’après Homère, mise en scène de Luca Giacomoni, du 3 août au 3 août à 14h au Monfort, Paris XV ème. (Dix heures avec quatre pauses de vingt minutes et une heure d’entracte. Ou séries d’une heure quarante chacune, à : 14 h, 16 h, 18 h, 20 h 45 et 22 h 45). T. : 01 44 94 98 00.
**** Ça ira (1) Fin de Louis, texte et mise en scène de Joël Pommerat,  du 16 au  20 juillet, à 19 h 30, au Cent-Quatre, 5 rue Curial, Paris XIXème.
A Paris
*** Iliade, d’Homère, traduction de Jean-Louis Backèsmise en scène de Damien Roussineau et Alexis Perret, jusqu’au 27 août à 19 h, Théâtre du Lucernaire, 63 rue Notre-Dame des Champs, Paris VI ème. T. : 01 45 44 57 34.
**** Dévaste-moi du 3 au 8 juillet, spectacle musical d’Emmanuelle Laborit, mise en scène de Johanny Bert, arrangements et compositions d’Alexandre Rochon . Maison des Métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, Paris XI ème. T. : 01 47 00 25 20.
Et le 24 juillet, au festival Mimos, Périgueux.*** Le grand Cirque des sondages par la compagnie Annibal et ses éléphants, mis en scène de Frédéric Fort, le 2 juillet aux Virevoltes à Vire (Calvados), le 3 juillet aux Sorties de bain, à Saint-Pair-sur-mer, et les 5 et 6 juillet à Granville (Manche). Et les 7 et 8 juillet, aux Affranchis, La Flèche (Sarthe).
 

FC2DCC63-972C-4D17-8423-0DC3DE9BFFF2Festival international de théâtre de rue d’Aurillac

*** La Nuit unique par le Théâtre de l’Unité, mise en scène d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine, les 21, 22 et 23 août, de 23 h à 6 h du matin + une heure de petit déjeuner. T : 04  71 43 43 70. 

Déjà la nuit tombait, conception et mise en scène de Daniel Jeanneteau

 

Déjà la nuit tombait, d’après la traduction d’Homère de Frédéric Mugler, conception et mise en scène de Daniel Jeanneteau

Crédit photo : Mammar Benranofu

Crédit photo : Mammar Benranofu

 Dans L’Iliade, Homère raconte la mise à sac du camp grec par les Troyens, avant que ceux-ci ne soient repoussés. Achille refuse de combattre tant qu’Agamemnon ne lui aura pas rendu une captive. Il prête ainsi ses armes à son ami Patrocle qui sera tué par Hector, chef de l’armée troyenne. La captive rendue, le Grec tuera le Troyen avant de traîner son corps autour de la cité assiégée. Daniel Jeanneteau a imaginé un espace immense, grisâtre : la cage du théâtre mise à nu. Soit un paysage dévasté avec gravats et fumées : la conséquence des guerres. Salle et plateau non séparés et aucun gradin ; quelques cubes  pour s’asseoir ou sinon prière de se mettre sur le sol pour voir cette performance singulière. La perception du public est diffractée, à la fois visuelle et sonore. Avec, en avant, la voix enregistrée et claire de Laurent Poitrenaux qui débite des vers d’Homère  et on ne perçoit une silhouette effondrée au lointain, le danseur Thibault Lac qui, peu à peu, approche, en short et t-shirt, comme assommé.

« (il) s’approcha de lui Et lui planta son javelot dans le bas de la nuque. Le bronze sortit de ses dents en lui tranchant la langue, Et l’homme chut, serrant le bronze froid entre ses dents. » Corps qui tombent lourdement, sous les coups de lance qui pénètrent les bas-ventres, les blessures données, les glaives qui tranchent… Cruauté des conflits, violence des corps-à-corps.Le souvenir des jeux antiques et des compétitions sportives se ravive à travers cette performance chorégraphiée dans un vaste espace.

Thibault Lac qui reprend  la posture du Discobole de Myron (V ème siècle avant J.C. Belle présence de Thomas Cabel qui incarne Hector, bientôt dévêtu, et comme son adversaire -, Achille joue le rude combat. Des rappels lointains et énigmatiques aux nus de Francis Bacon avec  déplacements de ces corps silencieux, dans l’espace sonore et la temporalité du discours.

 Axel Bogousslavsky interprète lui le silencieux Priam qui a quitté son palais, seul. Il a jeûné depuis la mort de son fils Hector, et a traversé avec un âne l’espace entre les remparts de Troie, et le camp grec. Il attache son âne et s’introduit avec une curieuse facilité au cœur de l’ennemi, c’est à dire  dans le public où dort Achille.Il vient chercher le corps de son fils. Mais avant, il aura lavé Achille le vainqueur qui consentira à rendre ce corps à Priam. Musique électro-acoustique de Chia Hui Chen et Stanislas Makovsky : le public assiste à une mêlée acharnée, comme l’expression d’une tension éternelle entre vie et mort…

 Véronique Hotte

 Nous n’avons sans doute pas vu tout à fait le même spectacle que Véronique Hotte…. Sans doute retrouve-t-on ici les qualités de scénographe de Daniel Jeanneteau qui a imaginé cet espace nu juste couvert de gravier et de sable en réunissant les deux plateaux.  Et c’est effectivement très beau.  On entend bien le texte ciselé, dit par Laurent Poitrenaux des luttes à mort: le poignard ou la lance s’enfonce dans le corps de l’adversaire, le sang gicle, les os craquent, les têtes des soldats ennemis vont tomber dans la poussière. Et Homère ne nous fait grâce d’aucun moment de cette boucherie si lointaine et si proche à la fois, en particulier en Afrique ou au Moyen-Orient… Daniel Jeanneteau n’a gardé du texte d’Homère que la description anatomique de ces combats d’homme à homme. Mais comme cela se répète des dizaines de fois, la lassitude s’installe, d’autant que le public est prié de s’asseoir par terre ou de rester debout pendant plus d’une heure et les robes de mes voisines étaient couvertes de poussière de sable… Tout cela dans un formalisme et une sécheresse absolue, très démonstrative, et tant pis pour ceux qui n’auront pas lu le mode d’emploi ou connaissent assez mal L’Iliade.

On n’échappe pas à la boîte à fumée bien en vue comme pour dire qu’on est quand même au théâtre! Il y a un petit moment où il se passe quelque chose: quand Axel Bogousslavsky, le merveilleux acteur de Claude Régy, arrive dans un silence absolu avec son âne, muni d’une lampe à gaz qui diffuse une lumière atrocement blanche dans cette pénombre permanente... Mais bon, Daniel Jeanneteau aura réussi le pari de rendre ennuyeuse de cette sorte d’installation-performance après une dizaine de minutes… Quelques spectateurs ont préféré s’enfuir mais comment partir sans déranger, quand le public est assis par terre… En fait, cela aurait pu faire l’objet d’une installation dans un musée d’art contemporain où justement le public peut venir voir mais aussi partir quand il veut. Mais dans un théâtre, c’est beaucoup moins convaincant, malgré quelques  belles images, assez faciles, grâce à des vieux trucs comme les fumigènes, les lumières latérales, le tout accompagné de ronflements de basse qui ont prospéré ces derniers temps merci Vincent Macaigne où cela tourne au procédé!!!- sur les plateaux de l’hexagone! Daniel Jeanneteau semble s’être livré ici à une recherche, ce qui est parfaitement son droit. Mais qui aurait eu davantage sa place au Studio de Vitry dont il était le directeur. Cette recherche a-t-elle bien sa place dans un théâtre comme celui de Gennevilliers ? On peut se poser la question. Le public- en majorité parisien ! – a applaudi mollement, et on le comprend. Et Daniel Jeanneteau semble ici s’être surtout fait plaisir… Pourquoi ne monte-t-il pas une Iliade plus accessible à un large public, et plus proche du texte? Les remarquables mises en scène de Pauline Bayle comme de Luca Giacomoni (voir Le Théâtre du Blog) pourraient lui donner des idées…

Philippe du Vignal

 T2G- Théâtre de Gennevilliers, 41 avenue des Grésillons 92230 Gennevilliers, jusqu’au 23 juin. T. : 01 41 32 26 26

Le texte est publié aux éditions Babel-Actes Sud.

 

 

 

 

La Condition collective, chorégraphie et mis en scène d’Elsa Guérin

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La Condition collective, chorégraphie et mis en scène d’Elsa Guérin

Deuxième édition de ce festival piloté par Jean Lambert-wild, directeur du Théâtre de l’Union, Centre Dramatique National de Limoges et de l’Académie qui fête ses vingt ans. Cette année, il s’est ouvert  à une nouvelle discipline : le cirque. Huit spectacles gratuits dont La Condition collective pour ce festival de l’Union des écoles avec notamment, Le Cercueil est trop grand pour la fosse, venu de Singapour et Le Roi Lear, de l’Académie centrale de Pékin, Zone franche de Conakry (Guinée),  quatre « masterclass », un stage de théâtre et deux stages de critique professionnelle. «Ce festival international, dit Jean Lambert-wild, est aussi l’occasion d’affirmer que la Nouvelle-Aquitaine, la ville de Limoges et la Haute-Vienne  sont des terres d’accueil, d’échange qui ne ratent jamais l’opportunité de célébrer le talent de cette jeunesse et de s’ouvrir à l’ailleurs. »

L’Académie est, elle, située au château du Mazeau à Saint-Priest-Taurion à douze kilomètres de Limoges. Sur 1.200 m2, avec plateau, salles de répétition et de cours, loges, locaux vidéo, centre de documentation, atelier de construction, et  espace de vie. L’Académie,  ouvrira aussi ses portes à la prochaine rentrée une classe préparatoire destinée à des élèves venus d’Outre-Mer, une grande première en France: on vous reparlera de cette expérience inédite…

La Condition collective est le résultat d’un atelier de travail d’environ deux mois avec les élèves de troisième année de la Séquence 9 de l’Académie de l’Union à Limoges : Gabriel Allée, Claire Angenot, Quentin Ballif, Matthias Beaudoin, Romain Bertrand, Hélène Cerles, Ashille Constantin, Yannick Cotten, Estelle Delville, Laure Descamps, Antonin Dufeutrelle, Nina Fabiani, Marine Godon, Isabella Olechowski, Sherley Paredes, Nicolas Verdier. Cela se passait ce soir-là sous le grand chapiteau du Sirque, Pôle National des Arts du Cirque/Nouvelle Aquitaine, à Nexon (Haute-Vienne). Avec une scénographie frontale:  juste un rideau de fond et un tapis de danse, pour une centaine de spectateurs.  

«Imaginée et mise en scène, dit Elsa Guérin,  pour les seize jeunes élèves-comédiens de L’Académie de l’Union, La Condition collective, une pièce où jonglage et mouvement sont au cœur de l’écriture avec une succession de transformations, un fondu enchaîné d’états, les corps des acteurs et les objets s’agencent, entrent en contact pour former un groupe, gomment les frontières pour créer une entité, qui s’agrège et se désagrège, se déploie, se répand, se rétracte, avance.» Cela commence par une intervention de Jean-Luc Godard en voix off: pas très claire… Puis se succèdent quelques tableaux où les jeunes comédiens prennent des poses en groupe comme autrefois les acteurs du Living Theatre, puis le travail de jonglage en groupe débute avec une transformation permanente du groupe qui s’apparente souvent à de la danse contemporaine et visiblement inspiré de Merce Cunningham. Le jonglage s’effectue avec un maximum de trois boules souples, ce qui n’est déjà pas si mal pour des comédiens après un travail de courte durée…

La relation entre le travail au quotidien d’un jeune acteur en formation et une discipline comme le jonglage? Pas évident mais pourtant solide: exigence d’une concentration maximum donc équilibre entre le corps et l’esprit, manipulation d’un objet dans l’espace,  jeu individuel mais aussi collectif, indispensable solidarité dans le groupe… Tout cela bien utile dans la formation d’un jeune comédien et Paul Golub, le responsable pédagogique de l’Académie, a eu raison d’introduire ce temps d’apprentissage d’une discipline circassienne dans le cursus. Et il y a une belle séquence où une bataille a lieu entre garçon/ garçon, fille/fille ou encore garçon/fille chacun avec une boule sur la tête. Il s’agit bien entendu de faire tomber cette foutue boule de la tête de l’adversaire jusqu’à extinction. Un (e)seul(e) restant en piste à la fin.

Mais tout n’est pas de cette veine !  Et on a plus affaire ici à une démonstration en quarante-cinq minutes qu’à un véritable spectacle, même si les jeunes comédiens sont très engagés et si cela se passe dans d’excellentes conditions techniques. On oubliera vite la «chorégraphie» comme la «mise en scène», assez prétentieuses d’Elsa Guérin. Mais qu’importe, ces seize jeunes comédiens auront sans doute beaucoup appris dans cette pratique du jonglage, à la fois sur la conscience de leur propre corps et ses limites, et sur les mouvements d’ensemble. «Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l’esprit, disait déjà Vauvenargues en 1746».

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 15 juin, au Sirque, Pôle National des Arts du Cirque/ Nouvelle Aquitaine Nexon (Haute-Vienne).

L’Académie de l’Union, Ecole Supérieure professionnelle de Théâtre du Limousin, Le Mazeau, 87480 Saint-Priest-Taurion.T. : 05 55 37 93 93/06 45 38 13 48. adm@academietheatrelimoges.com

 

 

Europa (Esperanza), texte d’Aziz Chouaki, mise en scène d’Hovnatan Avédikian

 

Europa (Esperanza) d’Aziz Chouaki, mise en scène d’Hovnatan Avédikian

98A7BEE4-1430-4800-877E-AFA6C1676F72 Pour le metteur en scène, cette œuvre révèle une écriture à la dramaturgie poétique et sauvage. Un rappeur, à l’image des personnages dessinés et du musicien de jazz qu’il est aussi. Et qui sait écouter les mots, en laissant libre cours aux harmonies et aux rythmes : « Eh ben, pour moi, l’Europe, c’est d’abord, tu es propre, poli, civilisé, ça veut dire pas de déconnement dans le boulot. Nickel balaise, il faut le système, tout il marche bien huilé quoi, le téléphone, les horaires, la liberté… »

La genèse d’Europa: Esperanza, le spectacle précédent d’Aziz Chouaki, au titre éponyme de l’embarcation de fortune avec un passeur et des clandestins : un handicapé, un ingénieur, une artiste-peintre, un ancien flic et un poète aveugle. Entre tragique et burlesque… Europa s’inspire aussi d’une nouvelle Allo, d’un poème Dieu et de la première page d’Aigle, un roman d’Aziz Chouaki. On retrouve ici la même situation : celle d’hommes entassés dans une embarcation précaire.

Hovnatan Avédikian interprète seul tous les rôles, porteur de paroles incantatoires et expressives de tous  ces jeunes hommes d’Algérie et d’ailleurs. Nadir et Jamel, garçons de quatorze et douze ans, regardent les bateaux quitter le port d’Alger, et rêvent d’Occident, au Nord, là où le monde est meilleur pour les jeunes du Sud qui, dans les années 90,  ont fui la guerre civile et ses centaines de milliers de victimes. Aujourd’hui, ils n’ont ni possibilité d’emploi ni avenir, et peuvent juste subsister chichement, grâce à la manne gazière de leur pays. Et en se tournant du côté de la mosquée, ou des dealers et de la drogue.  

Les deux amis, l’un plutôt mince et l’autre plutôt rond, finissent par embarquer au péril de leur vie, avec un ingénieur et tant d’autres « harraga» sur l’Esperanza, véritable radeau de la Méduse qui doit les mener à Lampedusa. Les harraga : des migrants clandestins qui ont pris la mer depuis l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Lybie, à bord de petits bateaux de pêche ou clandestinement, dans des cargos. Tous veulent rejoindre la Sardaigne, les côtes andalouses, Gibraltar, la Sicile, Malte, les Canaries ou jusqu’à une date récente, Lampedusa en Italie…

Harraga, en arabe algérien : «ceux qui brûlent », ceux qui séjournent au-delà des délais autorisés, mais surtout ceux qui passent sans papiers, après avoir essuyé de nombreux refus à leurs demandes de visa, et rejoignent en dernière extrémité l’Europe, sans documents, en contournant les contrôles frontaliers. S’ils ne  meurent pas en mer, ces clandestins, appréhendés par les garde-côtes, sont ensuite placés dans des centres d’identification et d’expulsion. Et ils se brûlent effectivement les doigts pour éviter d’être identifiés par la police.

Le verbe d’Aziz Chouaki illumine son interprète  ave jeux de mots et de sonorités, emportements d’une parole ludique et fuyante, ruptures de rythme et chocs déclamatoires. Avec une violence à la fois sourde et tonitruante, humble et ostentatoire, à la façon provocatrice, bien célinienne, de narrer l’état du monde. Entre humour, moquerie et cynisme. Aux côtés  de Vasken Solakian qui joue du saz, le comédien se fait danseur, équilibriste et devient une sculpture vivante, esquissant pirouettes et demi-tours. «Lampedusa, d’Aladin, le fringant et frugal bien frusqué, la lampe et hop, le vieux port, Lampedusa, les mouettes bikini, les voiliers Gin tonic, terrasses de café gentilles, cuisses luisantes, come on come on, touristes Mastercard, rien que du blond tranquille, mon frère, rien que du simple, rien que du tranquillement simple blond. »

Harga désigne «les barques de la mort», celles  de l’immigration clandestine. Mais aussi et à la fois, une sorte de suicide collectif, une résistance à l’autorité, une action protestataire et une affirmation existentielle désespérée. Le comédien joue des reprises et répétitions du symbole  et ses personnages rieurs s’en amusent, tout en révélant leur propre envoûtement. La harga des jeunes est une aventure et le harrag, un héros mythique: celui qui a réussi le voyage d’une rive à l’autre de la Méditerranée, sans  papiers, sur un rafiot. «Gamberger, c’est ça qu’il faut. Gamberger sa petite tête pour trouver l’astuce, se glisser et se retrouver, salut madame l’Europe, je m’excuse de vous déranger, mais non, pas du tout… »

Le public rit de bon cœur, entre crudité des propos et finesse de l’analyse. Une performance d’acteur lumineuse, à la hauteur des enjeux humanistes.

Véronique Hotte

Manufacture des Abbesses, 7 rue Véron,  Paris XVIII ème, du 4 au 29 juillet. T. : 01 42 33 42 03. Lavoir Moderne Parisien, 35 rue Léon, Paris XVIII ème, du 12 septembre au 1er octobre. T. : 01 46 06 08 05.

 

 

Prix de la critique : Palmarès pour la saison 2017/2018

©Jean Couturier

©Jean Couturier


Prix de la critique : Palmarès  pour la saison 2017/2018

L’Association professionnelle de la Critique de Théâtre, de la musique et de la danse a remis ses prix annuels au Théâtre Paris-Villette. Des collèges distincts votent dans chacune des disciplines et le palmarès exhaustif est publié sur le site de l’Association.

Les récompenses attribuées témoignent de la diversité des productions et du croisement des genres. Côté musique, on penche plutôt vers le classique à l’exception de Pinocchio, opéra de Philippe Boesmans, livret de Joël Pommerat, d’après Carlo Collodi: Prix de la meilleure création musicale. Mais en danse, le  classique et le contemporain font bon ménage…
Au théâtre, la plupart des spectacles primés sont des œuvres originales d’auteurs vivants avec un nombre croissant de jeunes femmes, à la fois autrices et metteuses en scène. Et, à la réception de leur prix, une page conçue pour l’occasion par Christian Lacroix, elles ont rompu avec la monotonie des remerciements de circonstance, par des interventions lucides et sensibles. 

 Côté Théâtre

 Pour David Lescot, qui reçoit le Prix de la meilleure création d’une pièce en langue française, pour Ondes Magnétiques (voir Le Théâtre du Blog) : «Le texte original, c’est une belle aventure de théâtre. On ne peut pas continuer sans les auteurs et en débitant des scènes à partir de romans». Et les votes sont allés dans ce sens. Ainsi, le Grand Prix  est allé à Wajdi Mouawad, avec Tous les oiseaux. Le directeur du Théâtre de la Colline renoue avec ses grandes sagas théâtrales plébiscitées par la critique et le public (voir Le Théâtre du Blog). Son dernier spectacle a fait l’unanimité, et a aussi valu à  son scénographe Emmanuel Clolus d’avoir le prix de la meilleure création d’éléments scéniques… On pourra revoir ce beau spectacle à la rentrée prochaine en province  et en décembre, au Théâtre de la Colline où il a été créé.

Saïgon qui a reçu le prix Georges Lerminier/meilleur Spectacle théâtral créé en province, est aussi une œuvre originale, écrite et mise en scène par Caroline Guiela Nguyen à la Comédie de Valence. Et bâtie à partir des témoignages et récits d’exilés vietnamiens. Deux des comédiens, un couple résidant en France  ont reçu le prix à ses côtés et s’adressent à l’auditoire dans leur langue natale: «Heureux de pouvoir dire aux Français et à nos compatriotes la vie que nous avons vécue ici pendant cinquante ans».

 La metteuse en scène belge Anne-Cécile Vandelem signe Tristesses, prix du meilleur spectacle étranger. (voir Le Théâtre du Blog). Une pièce politique et poétique dont l’intensité tient à un dialogue abouti entre théâtre et cinéma: une pratique assez fréquente dans les mises en scène actuelles. Oser s’en prendre à la tristesse, instrument du pouvoir: un angle d’attaque original et pertinent: «Il faut en découdre avec ce qui nous désespère quotidiennement. (…) Je veux parler de la tristesse. De la diminution de puissance.»,  dit la metteuse en scène, et cite aussi Gilles Deleuze : «L’humanité meurt de ce qu’à partir des tristesses inévitables, elle s’en rajoute. C’est une espèce de fabrication de tristesse, d’usine à tristesse, quoi. (…) Et chaque fois que je verrai quelqu’un qui essaie de me persuader que, dans la tristesse, il y a quelque chose de bon, d’utile ou de fécond,(…) je flairerai en lui un tyran, ou l’allié du tyran, car seul le tyran a besoin de la tristesse pour asseoir son pouvoir.»

 Le prix Laurent Terzieff (Meilleur spectacle présenté  dans un théâtre privé) a de quoi surprendre : il est remporté par Seasonal Afffective Disorder de Lola Molina, mise en scène de Lélio Plotton,  au Théâtre du Lucernaire… Mais le Prix Jean-Jacques Lerrant (Révélation théâtrale de l’année) attribué à Pauline Bayle, pour son Iliade et son Odyssée d’après Homère, est, lui, tout à fait mérité (voir Le Théâtre du Blog). «Il faut seulement « être convaincu de l’absolu nécessité de ce qu’on fait et pourquoi on le fait  et l’équipe est la chair du théâtre», a dit la jeune  metteuse en scène qui dirige le collectif A tire d’ailes.

 Sans surprise, Benjamin Lavernhe a été  désigné Meilleur Comédien pour le rôel de Scapin dans Les Fourberies de Scapin de Molière, mise en scène de Denis Podalydès  à la Comédie-Française. «J’ai eu la chance, dit-il, d’avoir un rôle unique. Un rôle qui parle de notre métier et d’un type passionné, comme nous autres, comédiens.» Anouk Grinberg, elle, a dédié son prix de la Meilleure Comédienne, obtenu  pour son interprétation dans Un mois à la campagne d’Ivan Tourgueniev, mise en scène d’Alain Françon, à tous ses coéquipiers mais aussi à son père, Michel Vinaver présent dans la salle, dont la traduction «a fait renaître Tourgueniev». Emue, elle avait préparé un texte où elle parle de son travail: «Voler au-dessus de soi n’est jamais gagné, l’imposture vous guette. (…) Je ne veux pas être une montreuse. (…) La gentillesse entre nous a permis de tout jouer sans bavure…Alain Françon dit que le héros, c’est le texte…  et pour nous, comédiens, il faut être vivant devant les vivants».

 Enfin, salué chaleureusement par toute l’assemblée, Jean-Pierre Léonardini a reçu le Prix du meilleur livre sur le théâtre pour Qu’ils crèvent les critiques! publié aux Solitaires intempestifs. Il a eu un mot d’une bel humour: «C’est la première fois de ma vie que j’ai un prix. Je n’ai jamais gagné au grattage ou à la loterie». On reconnaît bien là l’homme généreux qui rend «hommage aux comédiens et à tous les artistes de la scène qui m’ont permis de vivre avec une véritable visée intellectuelle. Ce qui est important dans la critique, au jour le jour, c’est l’esprit. » Il cite, pour l’exemple, une critique du XIX ème siècle, Delphine de Girardin qui, déguisée sous le nom de Vicomte de Launay, publiait dans La Presse, le journal de son mari, des chroniques spirituelles : «Il faut être léger quand on veut être emporté tous les soirs». Ces mots vont si bien à notre confère qui parle avec précision de ce métier de critique mais toujours avec un brin de fantaisie, malgré le besoin chez lui d’avoir «une discipline de fer, si l’on se soucie de bannir les clichés et de tacler le lexique jusqu’à l’os. » 

Côté danse

Le palmarès est moins féminin, et assez contrasté. Le Grand Prix revient ex-æquo à Crowd, chorégraphie de Gisèle Vienne et à Finding Now, chorégraphie d’Andrew Skeels. Olivier Meyer, directeur du Théâtre Jean Vilar de Suresnes, venu recevoir ce prix en l’absence du lauréat,  dirige depuis des années le festival Suresnes Cités-Danse et voit son pari récompensé d’avoir suscité cette création qui marie hip-hop et danse contemporaine. Un mélange de styles de plus en plus fréquent et qui donne «droit de cité à de nouvelles formes». Dans Finding now, la danse contemporaine naît en effet d’un métissage réussi.

 Les huit danseurs du groupe Shechter II, âgés de vingt-et-un à vingt-cinq ans, reçoivent collectivement le Prix du meilleur interprète. Ils nous ont fait partager avec Show, chorégraphié par Hofesh Shechter, une danse ludique qui, peu à peu, bascule dans une farce sombre et violente.

 Bruno Bouché, directeur du Centre Chorégraphique National/Ballet de l’Opéra national du Rhin, a été nommé: Personnalité chorégraphique de l’année. Venu du corps de Ballet de l’Opéra de Paris et nourri de sa rencontre avec des chorégraphes emblématiques comme Pina Bausch, il répond à la question : que faire d’un ballet aujourd’hui, en allant vers «les artistes indépendants de la scène contemporaine». A la tête de trente-deux danseurs permanents «dont les postes, dit-il, sont à défendre en permanence», il privilégie le travail sur le terrain, et s’adresse aussi au jeune public en rayonnant entre Mulhouse, Colmar et Strasbourg…
Désigné comme la Meilleure Compagnie de danse pour Nijinski de John Neumeier (Transcendanses 2017-18), le Ballet national du Canada dirigé par Karen Kain, a su trouver sa place et son public au théâtre des Champs-Élysées.

 Les Meilleurs Livres sur la danse sont ex-aequo:  Danser avec l’invisible d’Akaji Maro, présentation et entretiens d’Aya Soiejima, un livre  publié chez Riveneuve éditions.  Elle a suivi pendant dix ans Akaji Maro et a eu de nombreux entretiens avec lui. Le chorégraphe japonais, disciple de Tatsumi Hijikata, créateur de la danse butô, a su marier plusieurs techniques à la recherche de l’humain  et révèle ici  sa philosophie au quotidien: «J’ai changé de manières de m’exprimer, en passant du théâtre à la danse, mais je me dis que la danse représente aussi la vie de chacun. Le théâtre, pour moi, est un art raffiné. Ma danse, elle, relève plus du rituel. C’est plus primitif.».

L’autre livre récompensé est Poétiques et politiques des répertoires. Les danses d’après, tome 1 d’Isabelle Launay, publié aux éditions du Centre National de la danse. Cette chercheuse à l’Université Paris VIII met en avant le travail des danseurs et leurs débats : «La pertinence se trouvent aussi dans leurs dissensions». Dans un premier tome fondé sur l’étude de trois milieux: l’Opéra national de Paris, la compagnie Merce Cunningham et le collectif Dominique Bagouet, elle analyse, au-delà de l’acte éphémère de danser, les mécanismes de transmission grâce auxquels «longue peut être la vie d’un geste dansé.»

Mireille Davidovici

Cette remise des prix a eu lieu le 18 juin, au Théâtre Paris-Villette, Paris XIXème.

APCTMD (Association professionnelle de la critique de théâtre, de musique et de danse), Hôtel de Massa, 38 rue du Faubourg Saint-Jacques, Paris XIVème.

 

La Légende d’une vie de Stefan Zweig

La Légende d’une vie de Stefan Zweig, adaptation et mise en scène de Caroline Rainette

©compagnie etincelle

©compagnie etincelle

L’une des rares pièces de théâtre de Stefan Sweig, jamais jouée en France. Le spectacle nommé dans la catégorie: « Meilleur Comédien dans un premier rôle » aux P’tits Molières 2017, est repris ici.

C’est l’histoire d’un fils écrasé par la mémoire d’un père vénéré de tous et d’une employée rongée par le poids des mensonges. En cette fin de journée, on est à la veille de la présentation publique de la première œuvre poétique de Friedrich, fils du célèbre écrivain Karl Amadeus Franck, véritable légende  encensée par son épouse et par sa biographe Clarissa von Wengen.

Légende d’une vie a été créée en 1919  et pour son auteur, c’est un «drame moral et contemporain  et le combat du fils contre la figure légendaire et faussée du père défunt qui l’opprime moralement et qu’il commence à aimer après avoir arraché le masque héroïque modelé par la famille et reconnu l’homme coupable et humain en lui. »
C’est un adaptation de la pièce et on ne verra ni sa veuve, l’autoritaire Léonor, gardienne auto-proclamée de l’œuvre de son époux, et son premier amour, Maria…Mais on retrouve ici les thèmes chers à Stefan Zweig:  le culte du secret dans les  familles, le difficile essai de constitution de l’identité, la vérité et le mensonge… Terrifié par le regard des bourgeois et intellectuels de la haute société, Friedrich lucide, ne supporte plus d’avoir à suivre les traces de ce père vénéré de tous, ce Karl Franck qui n’a jamais été le grand homme que le monde connaît. Il va découvrir toute une partie de sa vie… moins reluisante et fondée sur des mensonges et qui a été volontairement cachée.

Clarissa, elle, a été manipulée pour y parvenir. Au cours d’une longue conversation  avec  cette jeune femme qui prépare la publication du livre, Friedrich  voit se révéler les méfaits de son père et se livre alors à un douloureux combat intérieur pour se libérer d’une admiration illégitime. Clarissa  lui révèle aussi que sa mère a souffert de la domination de son mari. Lennie Coindeaux qui joue ce fils déchiré a une belle présence,  comme Caroline Rainette, dont le personnage  est plus ambigu.
Un spectacle tout en nuances et qui permet de découvrir une œuvre jamais jouée en France, du magnifique écrivain autrichien né en 1881 et qui s’est suicidé au Brésil en 1942.

Edith Rappoport

Théâtre du Lucernaire, 80 rue Notre-Dame des Champs, Paris VIème, jusqu’au 8 juillet. T:  01 45 44 57 34.

Théâtre Antoine, saison 2018-2019

Théâtre Antoine, saison 2018-2019

 theatreAntoineParler du théâtre Antoine, c’est comme parler des trains qui arrivent à l’heure : tout va bien. Beau théâtre inauguré en 1866 et qui fut ensuite celui d’André Antoine  où il  fit scandale avec Les Bouchers (1888) en mettant de la vraie viande sur scène. Il utilisa le nouvel éclairage à l’électricité, et fit le noir dans la salle. Bref, il inventa avec Firmin Gémier le statut de metteur en scène moderne. C’est là aussi, entre autres, que furent créées, avec un grand succès public,  nombre de pièces de Jean-Paul Sartre.

indexFrancis Huster, Yasmina Reza et quelques autres : le théâtre Antoine a ses pensionnaires intermittents. De l’écrivaine, sera repris l’inusable Art, à la fin de la saison et l’acteur fera l’ouverture à l’automne 2018 avec Pourvu qu’il soit heureux, une pièce de Laurent Ruquier, le gérant avec Jean-Marc Dumontet de la société d’exploitation du  théâtre. Le thème de cette pièce?  Le « coming out” d’un jeune homme (Louis Le Barazer, future star?). Ses  bons bourgeois de parents (Francis Huster et Fanny Cottençon)  en sont tout déboussolés mais s’en remettront.
 Il y a aura aussi Plaidoiries, mise en scène d’Eric Théobald: Richard Berry refera les plaidoiries les plus fortes liées aux affaires criminelles qui ont remué l’opinion, donnant, par le prisme de la justice, un portrait de l’époque et de la société française.

  f7a055a73e0508583f7e53dcdb18f8fdAutre fait de société, les Lettres à Nour de Rachid Benzine ou le dialogue perdu  d’un homme qui tente de se trouver, entre un père philosophe rationaliste et sa fille  qui est allée combattre en Irak. L’auteur a déjà présenté la pièce dans des prisons,  lors de programmes de « déradicalisation ». Avec ici Eric Cantona; ceux qui ont aimé Looking for Eric de Ken Loach, retrouveront la tendresse bourrue et généreuse de cet acteur, ancien footballeur.

Même la fantaisie ambigüe et satirique de Huit Euros de l’heure de Sébastien Thiéry (est-il au courant du tarif horaire actuel d’une femme de ménage?) avec Dany Boon (mûri et sans oreilles rouges) et Valérie Bonneton, reste « politiquement correcte“: tous les malheurs- petits et grands- de leur femme de ménage se répercutent sur les patrons, obligés, du coup, à prendre soin d’elle…

Humanisme,  le mot sur lequel Jean-Marc Dumontet a souvent insisté, pour cette saison : tolérance, dialogue, ouverture à l’autre… Ce théâtre rend peu de risques, formels ou idéologiques, encore que… Cela commence à être en effet risqué de se proclamer humaniste, en ces temps de cynisme politique. Cette saison au Théâtre Antoine serait presque  un manifeste de la qualité française, à l’image de ces vedettes modestes (oui, oui !), optimistes (oui, disent-ils, le théâtre peut faire bouger les choses!) et de ce public bienveillant, plutôt grisonnant mais comme partout dans les théâtres. Maison de confiance ajustée à l’époque avec sérieux et sincérité, le théâtre Antoine a toutes les qualités nécessaires pour durer…

Christine Friedel

Théâtre Antoine, 14 boulevard de Strasbourg, 75010, Paris Xème.

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